Passe d’armes entre Sidiki Kaba et Aïssata Tall Sall
Le vote de la loi organique relative au Conseil constitutionnel a été le théâtre hier d’un vif échange entre le ministre de la justice, Garde des Sceaux, Sidiki Kaba et la députée Me Aïssata Tall Sall. Cette dernière, dans sa prise de parole, s’est dit effrayée par des propos qu’aurait tenus le ministre de la justice concernant l’élargissement de prison de 7193 détenus. ‘’Je suis très effrayée par vos chiffres de grâce. On ne désengorge pas les prisons, en libérant les gens. Ça, si vous le dites, vous faussez le débat. On ne gracie pas des détenus, parce qu’on n’a pas où les mettre. La grâce est règlementée. C’est un pouvoir discrétionnaire du président de la République, mais ça ne doit pas être un pouvoir arbitraire’’, a reproché l’avocate au Garde des Sceaux.
Mais cette remarque a fait sortir Me Sidiki Kaba de ses gonds. ‘’N’installez pas à l’Assemblée nationale un débat stérile. Il n’a jamais été dit par le Garde des Sceaux qu’on gracie pour désengorger les prisons. C’est rigoureusement inexact. C’est moi qui suis effrayé, en entendant cela. Car, on a dit que c’est moi qui l’ai dit. Je ne l’ai jamais dit. C’est faux. Il faut me faire dire ce que j’ai dit’’, a pesté le ministre de la justice. ‘’Il est de notre droit de poser des questions et il en est de même pour le gouvernement de répondre. Vous pouvez répondre sans vous énerver. Je ne dis pas des choses pour vous énerver. Qualifiez ce débat de stérile, vous en garderez la responsabilité’’, a rétorqué Aïssata Tall Sall.
Qui a été appuyée par certains de ses camarades de l’opposition parlementaire. ‘’La façon dont vous avez répondu, pour moi, ce n’est pas digne d’un ministre de la justice. Ce n’est pas faire de la politique que de demander ce que le Qatar vient faire dans l’affaire Karim Wade. M. le ministre, je vous demande de bien respecter les députés que nous sommes’’, a déclaré le député de Tekki, Mamadou Lamine Diallo. ‘’M. le ministre, je vous connais, vous avez toujours été quelqu’un envers qui j’ai beaucoup de respect. Mais votre réaction m’a beaucoup surpris aujourd’hui’’, a renchéri Hélène Tine.
Mais pour le vice-président de l’Assemblée nationale, Abdou Mbow, certes le député a le droit de poser des questions, mais il doit éviter de faire dans la provocation ou d’aller jusqu’à manquer de respect aux gens. ‘’Ce n’est pas parce qu’on est député qu’on a le droit de dire tout ce qu’on veut’’, a-t-il fulminé. S’adressant à Sidiki Kaba, il dira : ‘’M. le ministre, vous avez très bien fait. C’est parce que votre voix porte, qu’on a pensé que vous vous êtes énervé. Mais vous ne l’êtes pas.’’