Un fléau à 118,44 milliards F Cfa
L’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud), a présenté hier les résultats d’une étude sur la perception et le coût de la corruption au Sénégal.
118,44 milliards de francs Cfa. C’est le coût estimatif de la corruption au Sénégal. Une pratique que 93 % des Sénégalais disent connaitre. D’après l’ancien ministre Amadou Niang, qui présentait une synthèse hier, le rapport de cette étude de perception établit que le secteur public, à 93 %, est perçu comme celui où les cas de corruption sont les plus nombreux. Pris par sous-secteur, la sécurité publique (police et gendarmerie) affiche un taux peu enviable (95,9 %) devant la santé (29,2) et l’éducation (26,1). Un classement qui n’a pas fait que des heureux dans la salle. Un intervenant s’est offusqué que beaucoup de corps de métier aient été zappés de cette étude et que cette perception faite sur la corruption est subjective. ‘‘Mais c’est une simple estimation’’, s’est empressée de rappeler la présidente de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) Seynabou Ndiaye Diakhaté.
Pour le rapporteur, qui a également prévenu des limites objectives de l’enquête, ‘‘l’important est qu’on ne peut pas remettre en cause ce que disent et pensent les 2 336 Sénégalais qui ont répondu aux questionnaires de cette étude’’. Il a pris exemple sur la douane pour démontrer que les progrès sont possibles. La perception de la corruption laisse entrevoir aussi chez les interviewés que les ‘‘riches’’ ou les ‘‘nantis’’, les fonctionnaires et les acteurs politiques figurent en haut du classement de ceux qui initient la corruption. Pour le grand public, les fonctionnaires, 61,5 %, sont plus prompts à céder à ce méfait. ‘‘Depuis que l’Ofnac existe, nous menons des activités de sensibilisation et tous ces secteurs sont nos partenaires, en ce qui concerne la lutte et la prévention contre la corruption. Il n’y a pas de raison qu’on arrête cette collaboration’’, a relativisé Seynabou Ndiaye Diakhaté.
Si les individus sondés estiment que le manque d’éthique, la pauvreté, la faiblesse des salaires et l’ignorance sont, dans l’ordre, les causes qui expliquent la corruption, la lutte contre ce fléau n’est pas perçue comme urgence prioritaire face à des questions comme la santé, l’éducation, la pauvreté et le chômage.
Pour Seynabou Ndiaye Diakhaté, la lutte contre la corruption est en elle-même une dimension éthique de la vision politique censée apporter le développement. ''Nous sommes tous embarqués dans la barque vers l’émergence et l’Ofnac joue un rôle de vigie qui éclaire et guide la barque. Nous savons tous à quel point la transparence est importante dans la stratégie de développement’’, a-t-elle déclaré.
Dans la même veine, le directeur-pays du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) est d’avis que ‘‘la prise en compte de la corruption permet de réduire les inégalités et reste incontournable pour les nations qui souhaitent édifier des sociétés pacifiques, justes et inclusives’’, a déclaré pour sa part Mathieu Ciowela.
Stratégies
Cette étude a été réalisée sur un échantillon de 2 236 individus répartis dans 7 catégories de cibles sur l’ensemble du territoire national que sont le grand public, le secteur privé, la justice, l’Assemblée nationale, les médias, la société civile, et les partenaires techniques et financiers du 25 mai au 20 juillet. ‘‘L’objectif était d’avoir une base de données sur les informations concernant la corruption, pour savoir quelle compréhension les Sénégalais ont de la corruption et des pratiques corruptrices en général. On a tout exposé et cela va aider l’Ofnac à élaborer ses stratégies d’intervention dans ses activités de prévention et de lutte contre la corruption’’, a précisé le successeur de Nafi Ngom Keïta à l'office.
OUSMANE LAYE DIOP