Publié le 11 Feb 2014 - 18:38
PORTRAIT – MUSIQUE

Tafsir Diallo, handicapé visuel,  ‘’À 47 ans, j’espère toujours produire mon 1er album.’’

 

Né en 1966 à Kolda, Tafsir Diallo embrasse le métier de la musique à l’âge de 11 ans. Après maintes pérégrinations dont un bref passage en politique, en 2009, il s’est aujourd’hui reconverti en laveur de voitures mais rêve toujours de sortir des ténèbres...

 

Tafsir Diallo est  un musicien koldois né en 1966, dans le quartier Doumassou. A l’âge de 11 ans, bien qu’handicapé visuel de naissance, il se lance dans la musique. Sa carrière débute lorsque les portes du groupe Aynabé de Kounkané et de l’amicale Jazz de Tambacounda s’ouvrent à lui. Au bout de deux ans, il migre vers l’orchestre Tessito de Kolda.

Quand il s’exile plus tard à Dakar, Tafsir va cheminer avec Ibra Kassé et Youssou Ndour. Une collaboration qui, malheureusement, ne durera pas : l’artiste se cantonnera à ne faire que le tour de quelques localités, à l’exemple de la Gambie.

Polyglotte, Tafsir Diallo alias ‘’Mono’’ (un nom qui lui colle depuis son single du même nom, soit ‘’bouille du mil’’ en Mandingue) et ses amis du groupe Jant-Bi sillonneront ainsi la Gambie et ses localités frontalières. Le voyage s’arrête néanmoins deux ans plus tard, quand ‘’Mono’’ contracte une maladie ‘’mystérieuse’’ qui le cloue au lit pour quatre ans fermes.

Rétabli, Tafsir Diallo se dirige vers Cap-Skring où il joue avec ses amis dans des hôtels. Sa voix chaude, le corps frêle, il attend encore de produire son premier album malgré un répertoire pourtant grouillant de belles sonorités.

En désespoir de cause, il va se reconvertir en laveur de voitures… Malgré la  non concrétisation de son rêve, l’initiative n’est pas sans fruits puisqu’il participe quand même à lutter contre le chômage dans la région de Kolda : ‘’J’ai très tôt compris que pour sauver sa vie, l’homme doit être polyvalent’’, raconte-t-il.

Un album, pour Tafsir Diallo, n’est donc pas à n’importe quel prix, surtout si c'est au détriment de ses concitoyens et frères de Kolda. Altruiste, il explique qu’en 2004, alors qu’il travaillait à la Galette, l’Ong World Vision lui avait proposé de l’aider à sortir un album mais qu’il avait préféré décliner : ‘’Je leur ai dit qu’avant de me sortir un album, je préfère être appuyé dans le métier que j’exerce présentement afin que je puisse recruter mes frères et sœurs chômeurs du Fouladou. Je n’ai pas cessé de chanter pour autant. J’ai 12 singles inscrits au niveau du BSDA.’’, précise-t-il.

Malgré l’absence d’un album proprement dit, le signature musicale unique de ‘’Mono’’ lui a à deux reprises déjà ouvert le plateau d’émissions télévisuelles comme ‘’Grand-place’’ et ‘’Télé-variétés’’.

Aujourd’hui, ce monogame et père de six enfants garde toujours espoir car il rêve de sortir un jour des ténèbres pour produire son premier album.

Emmanuel Bouba Yanga (Stagiaire)

 

 

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