L’animateur à la 2Stv, Mamadou Sy Tounkara, a été attrait, hier, à la barre du tribunal correctionnel de Dakar, pour abus de confiance. Il est trainé en justice par son ami d’enfance qui lui réclame des ouvrages d’une valeur de 200 000 F Cfa en sus de 300 000 F Cfa en guise de préjudice. L’affaire est mise en délibéré au 9 janvier prochain.

‘‘Il vaut mieux donner à son ennemi que d'emprunter à son ami’’. Si l’animateur de la chaine de télé privée 2Stv, Mamadou Sy Tounkara, avait fait sien ce proverbe français, il ne se serait certainement pas retrouvé, hier, à la barre du tribunal correctionnel de Dakar, pour abus de confiance. Puisqu’un de ses amis du nom de Cheikh Dieng l’a trainé en justice pour des livres qu’il lui avait prêtés. Dans cette affaire, 21 ouvrages en sociologie d’une valeur de 200 000 F Cfa ont eu raison de leur amitié vieille de 30 ans.

Selon le sieur Dieng, Tounkara refuse de lui rembourser lesdits ouvrages qu’il lui avait prêtés en 2005 pour le compte de son établissement. Celui-ci était géré par Mamadou Sy Tounkara qui avait embauché M. Dieng comme professeur. Après avoir quitté, le prêteur a réclamé ses biens sans succès. ‘‘Il m’a dit que les ouvrages s'étaient détériorés, car le gardien avait oublié de refermer le robinet et l’eau a touché la caisse où ils étaient gardés’’, a raconté la partie civile.

Non convaincue par cette réponse, elle était revenue à la charge en 2012 et Tounkara lui avait donné rendez-vous à son domicile. ‘’A mon arrivée, il n’y était même pas. Il m’a fait remettre une caisse contenant un lot de livres. Je n’ai retrouvé que 10 de mes bouquins. Lorsque je lui ai réclamé le reste, il m’a dit qu’il ne les avait plus’’, a ajouté M. Dieng. Par la suite, le plaignant avait proposé un remboursement en numéraires, à raison de 15 euros par livre, soit un montant global de 200 000 F Cfa. Malheureusement, l’arrangement n’a pas abouti et M. Dieng a finalement porté plainte à la police de Dieuppeul.

A l’en croire, c’est à la troisième convocation que le candidat malheureux aux dernières législatives du 30 juillet 2017 s’est présenté à la police, en lui proposant un moratoire de 20 000 F Cfa mensuel. ‘’Je n’ai pas accepté et je lui ai demandé de me verser 50 000 F Cfa, chaque mois. Mais il a rejeté mon offre. Comme je m’y attendais, c’est après réception de l'assignation à comparaître qu’il m’a appelé en me proposant de me payer’’, a conclu le plaignant qui s’était désisté avant de faire volte-face, puisqu’il a réclamé des dommages et intérêts d’un montant de 500 000 F Cfa. ‘’Il m'a dit qu'il ne voulait pas comparaître. C’est son manque de respect, son effronterie, son comportement qui l'ont mené ici’’, a fulminé la partie civile.

‘’Je n’ai jamais eu une intention malveillante’’

En livrant sa part de vérité, Mamadou Sy Tounkara a clamé son innocence. Il a expliqué que c’est son ami qui avait pris l'initiative de mettre les livres à la disposition de l’école. Selon ses explications, M. Dieng n’a fait part des manquants que quelques années plus tard, précisément en août dernier. ‘’Lorsque je lui ai demandé les titres des ouvrages, il m’a dit qu’il les avait oubliés. Par la suite, il m’a envoyé des messages en me disant : ‘’Tu veux du buzz. Je vais t'en donner. Je vais dire à tout le monde qui tu es. Tu fais la morale, mais tu n’es rien.’’ En somme, l’animateur de l’émission ‘‘Tout est là’’ considère que son ami voulait le nuire, mais il n’a jamais eu d’intention malveillante. Il a indiqué avoir rejeté le moratoire de 50 000 F Cfa pour ne pas prendre des engagements qu’il ne saurait respecter. Aussi, s’est-il dit surpris d’avoir été convoqué à la barre, alors que ‘‘Cheikh Dieng est un ami d’enfance. On a tout fait ensemble : dormir, manger, voyager’’.

Lorsque le juge lui a demandé pourquoi a-t-il accepté de rembourser, alors qu’il n’avait rien à se reprocher, il a rétorqué avoir agi par souci de confraternité. ‘’Je l’ai fait par conciliation et confraternité, car pour moi 200 000 F ne valent pas qu'on aille à la police. Mais je vous assure qu’il y a eu une infiltration d'eau et beaucoup de livres ont été endommagés’’.

Pour le substitut Pape Ismaïla Diallo, le remboursement est un repenti qui n'impacte pas sur l'infraction. Pour la répression, il a demandé que l’animateur soit condamné à payer une amende ferme de  50 000 F. Assurant seul sa défense, Mamadou Sy Tounkara s’est attaqué au réquisitoire du parquet. ‘‘Je considère que c'est une affaire malheureuse, mais le procureur s’est enflammé et a mis de l'huile sur le feu. C'est une affaire qui date de 11 ans que j'avais même oubliée. S'il m'avait dit que le dossier serait transmis au tribunal, je l’aurais payé’’, s’est-il défendu. A son avis, parler d'abus de confiance dans cette affaire est exagéré. ‘’Cheikh reste un ami, même s'il me considère comme un ennemi, car ce qui nous lie est beaucoup plus important que des ouvrages’’, a conclu le prévenu avant de solliciter sa relaxe pure et simple.

Joignant l’acte à la parole, après le renvoi du délibéré au 9 janvier 2018, Mamadou Sy Tounkara a voulu serrer la main à Cheikh Dieng qui a hésité, avant de tendre la sienne en secouant la tête, avec un petit rictus au visage.  

FATOU SY