La famille ne comprend pas les retards dans l’enquête

Ça sent l’impunité. Professeur en psychopédagogie à la retraite, Samba Diole a été agressé à mort au Sénégal. Le drame s’est déroulé il y a un an, à Ouest-Foire. Jusque-là, l’affaire n’est pas élucidée, malgré les investigations. La famille de la victime, qui dénonce un retard de l’enquête, demande aux autorités de veiller à ce que justice soit rendue.
Voilà maintenant presque un an que Samba Diole, ancien Professeur en psychopédagogie en France, a été tué à Ouest-Foire. Alors que des informations de taille sont à la disposition des enquêteurs, depuis les premiers jours de ce meurtre, l’enquête semble au point mort. La famille du défunt, qui peine toujours à faire normalement son deuil, dénonce cette lenteur.
Fille du défunt, Yaye Diole, qui compte sur les autorités sénégalaises pour que l’affaire soit enfin élucidée, explique à ‘’EnQuête’’, avec désolation : ‘’Mon père était venu en vacances au Sénégal, pour superviser les travaux de sa maison. Mais il a été mortellement agressé. Les faits se sont déroulés l’année dernière, en fin novembre, à Ouest-Foire. Aujourd’hui, on a l’impression que l’enquête n’avance pas. Pourtant, le téléphone portable de la victime a été trouvé par-devers une personne, décembre dernier. Elle a dit, lors de son interpellation, avoir acheté le téléphone à une autre personne. Cette dernière circule entre Pikine et Touba.’’
En effet, à la suite d’un stratagème mis en place, les gendarmes ont réussi à obtenir l’identité et les coordonnées de celui qui a vendu le téléphone portable de Samba Diole. Néanmoins, il n’a pas été interpellé. Il est libre comme l’air. D’ailleurs, selon nos informations, un jour, ce suspect a été aperçu lors des funérailles d’un de ses proches, à Touba. Mais lorsque les limiers sont partis le cueillir, ils n’ont pas pu le trouver.
‘’A un moment, la famille a pensé saisir le consulat de France, mais…’’
‘’Pour la famille, le fait de constater que les personnes qui sont à l’origine de ce meurtre se déplacent en toute liberté, c’est frustrant. Surtout que, malgré tout ce que l’on en sait, personne n’a été auditionné. A un moment, la famille a pensé saisir le consulat de France, mais on ne voulait pas internationaliser l’affaire. Parce qu’on s’est dit que c’est un citoyen sénégalais qui a été assassiné par des agresseurs résidant au Sénégal. Donc, nos autorités doivent pouvoir faire quelque chose’’, confie Yaye Diole dépitée et lasse d’attendre.
Actuellement, selon notre interlocutrice, de nouveaux contacts ont été établis avec la gendarmerie qui aurait intensifié les recherches. ’’Nous espérons donc que la dynamique sera maintenue et que cela aboutira à l’arrestation des meurtriers de notre père. Nous pourrons ainsi entamer notre deuil’’, dit-elle. ‘’Notre père était un homme gentil, affectueux et il était un pilier pour sa femme, ses enfants et ses petits-enfants. Il nous laisse un grand vide et nous manque terriblement’’, ajoute-t-elle, soulignant que la famille Diole est très active afin que l’affaire soit résolue au plus vite.
Le défunt était proche de Baaba Maal et de Thierno Mountaga Tall
La victime était âgée de 72 ans. Neuf ans plus tôt, Samba Diole avait survécu à une maladie. Il était un homme fort, dynamique. ‘’Il avait survécu à un AVC et faisait tout pour conserver une bonne santé : il faisait du sport et s’intéressait à la vie culturelle et politique. Il a toujours été un homme très actif’’, relate sa fille. Elle poursuit en indiquant que, malheureusement, ‘’ces meurtriers ont décidé de le faucher, alors qu’il ne demandait qu’à vivre et à profiter de ses proches’’.
Ayant longtemps vécu dans ce pays avant d’aller en France où il enseignait la psychopédagogie, Samba Diole possédait la double nationalité franco-sénégalaise. Résidant aux Ulis (France), il a été à l’initiative du jumelage entre cette ville et celle de Sédhiou. Il avait mis sur pied l’Association africaine des Ulis dont il fut président. Il était un homme respecté qui, à travers cette association créée en France, aidait généreusement les Africains. On loue son esprit d’entraide et de solidarité, et on lui reconnaît sa propension à défendre les intérêts matériels et culturels de la communauté africaine.
‘’Mon père connaissait Baaba Maal qui était même passé le voir à la maison, en France, il y a quelques années’’, témoigne Yaye Diole. Elle renseigne que son défunt père ‘’était aussi proche de Thierno Mountaga Tall, le grand Chérif. Celui-ci était aussi déjà venu à la maison’’, se rappelle-t-elle. Monsieur Diole fut une personne distinguée. Il avait été fait chevalier de l’ordre national du Lion par le président Abdou Diouf, en 1991.
BABAR SY SEYE