L’audience encore renvoyée au 22 décembre
Prévue ce 1er décembre, la reprise du procès de l’ancien ministre Karim Wade et cie a été renvoyée au 22 décembre prochain.
10h au palais de Justice de Dakar. Pas l’ombre d’un policier encore moins celui d’un gendarme pour procéder à la vérification des sacs, avant de franchir le seuil du tribunal. Pourtant, c’est ce 1er décembre que devait reprendre le procès de Karim Wade et cie devant la Cour de Répression de l’Enrichissement illicite (CREI). La salle 4 où s’est tenu jusqu’ici le procès n’a pas ouvert ses portes, comme à l’accoutumée. Sur la porte, une affiche laconique annonce le renvoi du procès. «Le procès de Karim Wade et cie initialement prévu ce 1er décembre est renvoyé au 22 décembre », peut-on lire.
Avocats, militants libéraux et curieux apprennent la nouvelle en même temps. Pour quel motif ? Malheureusement, pas l’ombre d’un membre de la CREI pour y répondre. Les avocats de la partie civile présents se refusent à tout commentaire, sauf Me Aly Fall qui déclare que «le procès commence à traîner en longueur ». Ceux de la défense eux trouvent leur mot à dire. Me Ciré Clédor Ly parle d’une situation désolante. «Voilà qu’on retient des personnes présumées innocentes en détention. On refuse de les libérer. Le procès se décline, alors qu’on dit que ce n’est pas un procès exceptionnel, mais un procès de droit commun. On se retrouve à cinq mois de procès», se désole-t-il.
Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, il fustige la manière dont la nouvelle du renvoi leur est annoncée : «Maintenant, on renvoie sans aviser les avocats et on n’a même pas la courtoisie de venir le dire à l’audience. Ce sont des procédés inacceptables, et je crois que si la cour n’est pas en mesure de mener à terme ce procès, elle devrait l’arrêter ou libérer Karim Wade», fulmine la robe noire. Me Ly de parler d’un procédé inquiétant.
«Nous avons été très choqués et très surpris par le procédé, parce que l’élégance aurait au moins voulu qu’ils viennent à la salle d’audience pour nous informer et non aviser les avocats et les parties par une affiche. Cela prouve que notre système judiciaire a des défauts inacceptables», ajoute l’avocat qui est d’avis qu’il y a un parfait déséquilibre.
Les militants libéraux sont rentrés comme ils sont venus, déçus de ne pas avoir vu leur «Président» Karim Wade. La même déception pouvait se lire sur le visage de l’ancienne première dame Viviane Wade qui a refusé de quitter le tribunal, après avoir lu l’affiche, avant de changer d’avis. Elle va devoir prendre son mal en patience, jusqu’au 22 décembre, date de reprise du procès.
Plus tard dans la soirée, le collectif des avocats de Karim a envoyé un communiqué dans lequel, les avocats dénoncent ‘’une tentative de faire un procès à huis clos, loin des regards de tous ceux qui sont présents au Sénégal à l’occasion du sommet de la francophonie et de son forum économique’’. ‘’Ces faits, ont-ils écrit, confirment de manière éclatante que Karim WADE subit les rigueurs et abus d’un procès politique dont les organisateurs ne se gênent pas pour violer ses droits’’.
Une demande de LP déposée depuis vendredi Les avocats de Karim Wade n’en peuvent plus de voir leur client croupir en prison alors que le procès semble avancer à pas de caméléon. Ainsi face aux multiples suspensions d’audience, ils ont déposé une demande de liberté provisoire. La requête a été introduite auprès de la Cour de l’enrichissement illicite (CREI), depuis vendredi dernier. D’ailleurs, la défense de Karim Wade n’est pas la seule à solliciter une liberté provisoire. Car, les conseils de Pape Mamadou Pouye, co-prévenu du fils de l’ex-président Wade, ont aussi formulé une demande, il y a trois semaines. A en croire nos sources, les robes noires espéraient que le président Henry Grégoire Diop et ses assesseurs se prononcent hier, sur leurs requêtes. Cela n’a pas été le cas. Toujours est-il que nos sources renseignent que la Cour peut se prononcer sur les demandes de liberté provisoire avant la reprise du procès prévue le 22 décembre prochain. Elle pourrait aussi le faire le jour-même. Quoi qu’il en soit, la défense ne décolère pas face à la lenteur du procès. Car, ouvert depuis le 31 juillet dernier, celui-ci est marqué par des suspensions d’audience dont certaines ont duré deux semaines. Alors que sur la centaine de témoins, huit seulement ont été jusque-là entendus. FATOU SY |
NDEYE AWA BEYE