Publié le 6 Jan 2016 - 07:24
PROFIL – ISMAÏLA TOURE

L’héritier des Touré Kunda

 

Son père est décédé trop tôt pour pouvoir l’encadrer. Mais Ismaïla avait quand même ses oncles, les membres du ‘’Touré Kunda’’, à ses côtés pour vivre de sa passion. Ainsi, il est parvenu à mettre sur le marché europèen son premier album solo.

 

Il est le seul enfant d’Amadou Touré qui fait carrière dans la chanson. Son grand frère, selon les dires, chanter mieux que lui, mais il n’a aucune envie de suivre les pas de papa. Peut-être parce que ce dernier n’est plus de ce monde pour l’encourager à faire de la musique. En effet, l’un des fondateurs du groupe ‘’Touré Kunda’’ est décédé très tôt. Il est parti en 1983, alors que le groupe signait ses premiers succès en Europe. Il a fallu attendre 1999 pour voir le fils d’Amadou remplacer son père dans le groupe qui revenait d’une tournée avec le célèbre guitariste Carlos Santana. Homonyme de son oncle Ismaïla, le jeune Touré n’a cependant pas eu les mêmes prérogatives que son pater. Il assurait les chœurs au sein du mythique groupe. 

Mais ce n’est pas là qu’a commencé sa carrière. Jeune, très jeune même, Ismaïla Touré s’est mis à chantonner. Il reprenait alors allègrement et avec brio le répertoire de ses oncles. Ensuite, il a complètement changé de registre. Le hip-hop étant en vogue à l’époque, il s’est fait rappeur sans trop se prendre au sérieux. ‘’C’était juste pour trouver ma voix’’, précise-t-il. C’est en Mauritanie, que sa carrière professionnelle a véritablement commencé. Il y a rencontré des griots comme Hamady Gawdel qui l’ont encouragé sur sa voie, alors qu’il n’avait que la vingtaine. C’est de là d’ailleurs qu’il est parti rejoindre les ‘’Touré Kunda’’ à Paris.

Et, de 1998 à 2007, il est resté le choriste attitré du groupe. Les débuts étaient difficiles, comme il le dit lui-même. ‘’Ce n’était pas facile. Je suis arrivé en plein hiver. Mais, ils m’ont aidé et épaulé’’, reconnaît-il. C’est après qu’il a décidé d’entamer une carrière solo. ‘’Quand j’ai annoncé à mes oncles ma décision, ils étaient surpris. Ils ne s’attendaient pas à cela.

Mais ils n’étaient pas contre non plus. Ils ont juste attiré mon attention sur les difficultés qui m’attendaient’’, affirme-t-il dans un entretien avec EnQuête. Et ce ne sont pas des écueils qui ont manqué, depuis lors. Même si Ismaïla est arrivé à mettre tout de même sur le marché sa première production solo, tout n’a pas été facile. C’est pour cela d’ailleurs qu’il a été obligé de s’autoproduire. ‘’Il y avait pas mal de labels intéressés par mon album. Mais les propositions n’étaient pas bonnes. Certains voulaient avoir 80% des recettes. Ce qui ne m’intéressait pas du tout’’, indique-t-il. Heureusement qu’Ismaïla n’a pas qu’appris à chanter et à composer auprès de ses oncles. Il a aussi appris à négocier des contrats et à savoir ce qu’il y a de mieux pour un artiste, quand il travaille avec un producteur privé. Ce qui lui a permis d’affiner ses armes.

Aujourd’hui, Ismaïla a réussi à s’imposer en Bretagne où il vit, grâce à ce premier album. ‘’J’ai pu faire une tournée très appréciée et j’en rends grâce à Dieu’’, dit-il. Sa musique est très différente de ce que fait la fratrie. Le neveu s’illustre en effet dans le reggae. ‘’Ce que je fais est très loin de ce que font mes oncles. Le Touré Kunda est unique. Je ne peux pas faire mieux qu’eux. Je fais du reggae et cela me réussit bien’’, avoue-t-il. Seulement, dès qu’on l’entend chanter, on sent nettement l’influence des ‘’Touré Kunda’’.

Son timbre vocal et sa manière de chanter le trahissent. Actuellement son défi est double. Il veut se faire connaître au Sénégal et monter un label de production. ‘’Je veux aider les jeunes talents, surtout ceux qui vivent dans les régions reculées comme celles du Sud du Sénégal. Ils ne sont pas assez assistés. Je trouve même qu’eux aussi doivent faire l’effort de venir vers les gens’’. Il veut aussi, d’ici juin prochain, rendre hommage au ‘’Touré Kunda’’. ‘’Je veux vraiment rendre un hommage à mes oncles qui ont beaucoup fait pour la promotion de la musique sénégalaise à l’étranger’’, fait-il savoir.  

BIGUE BOB

 

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