PROFIL DE L'ACCUSE (1)
Tamboura, la victime idéale
L’accusé comparaissant dans le cadre de la 16e affaire inscrite au rôle de cette 1ère session des Assises de Dakar de l’année est un personnage dont l’histoire et le comportement laissent quelque part un peu pantois. De son vrai nom Ibrahima Tamboura, il est en effet un jeune chauffeur de 34 ans basé à Diamniadio dont on ne sait vraiment pas s’il est coupable ou innocent…
En effet, rien dans le faciès stoïque, la longiligne silhouette de l’homme ou son langage corporel ne laisse dénoter le moindre indice de comportement douteux. C’est quand même un comble pour quelqu’un qui se retrouve aux Assises (présomption d’innocence ou pas)! Et pourtant, de la personne de Tamboura, pas une once d’aura de malfaiteur ne se dégage. Il a tout d’une victime. C’en est à se demander ce qui a bien pu lui arriver…
On ne peut, en effet, s’empêcher d’avoir pitié de cette grande perche quand, les yeux écarquillés, il explique au Juge n’avoir jamais su que son client était un voleur de mouton et non un boucher, comme il le lui avait dit. Après une longue période de vache maigre, lorsqu'un collègue lui a proposé de convoyer un client pour la somme de 8 000 F Cfa, il s'est cru enfin béni.
'’Mon ami m’a dit qu’il me cédait son client, parce que son véhicule était en panne… Même si la course a eu lieu à 3h du matin, étant donné que je suis chauffeur de nuit, je n’ai pas pensé qu’il y avait quelque chose de louche’’, a-t-il expliqué. C'est ainsi qu'il embarqua le faux boucher qui, une fois les gendarmes rameutés, l'a menacé avec une arme avant de s’enfuir, le laissant avec le butin… et avec les conséquences !
Profil des accusés (2)
Deux pervers devenus meurtriers
Ousmane Diagne, alias ‘’Pékin’’, et Carol Ferdinand Mancabou, les deux accusés présentés hier aux juges, dans le cadre de la 2e affaire d’Assises du jour, ont dès les premières minutes de leur interrogatoire fait une très mauvaise impression à l’ensemble de la salle.
Le plus étonnant est que c’est celui qui a été présenté comme le complice du présumé violeur puis meurtrier de la jeune Khady Sow, avait l’air le plus dangereux. Carol Ferdinand Mancabou, dit ‘’Diola’’, donnait l’impression d’être le cerveau de la bande, alors qu’Ousmane ‘’Pékin’’ Diagne, s’il n’est certes pas une lumière, ne donnait pas moins l’impression d’être un fou furieux.
‘’Diola’’, le premier appréhendé, a au cours de l’enquête avoué les faits, désignant ‘’Pékin’’ comme le chef de l’opération, avant de se rétracter et de changer du tout au tout sa version, niant même connaître la victime. Et pourtant, cet homme trapu, au menton plein de poils et au regard torve, a un sérieux passé (et même casier) de violence…
D’enfant délinquant (il fut chassé du foyer de jeunes délinquants à l’âge de 16 ans parce qu’il détournait l’argent de sa bourse d’études pour se saouler), il est passé à voleur, avec 3 condamnations avérées dont une causée par une plainte déposée par son propre grand-père !
Colérique, instable et incohérent dans ses propos (voire carrément insolent), ce fumeur de chanvre et alcoolique s’est, de plus, lui-même décrit comme un homme rancunier, irresponsable et asocial : ‘’Quand je sors boire, je n’accepte pas que tout le monde s’assoit à ma table… Le jour où j’ai rencontré Khady Sow, je l’ai bousculée par erreur, alors que le videur d’un bar me fichait dehors.
Elle m’a mal parlé et j’ai voulu la frapper, mais elle s’est enfuie chez elle, où je l’ai suivie. Mais quand ses parents ont voulu me lyncher, me prenant pour un agresseur, je les ai menacés de leur fendre le crâne avec une grosse pierre’’, a-t-il ricané à la barre… Eh bien !
Par contre, ‘’Pékin’’ s’est présenté comme étant un charretier de profession, âgé de 27 ans. Il a contesté avoir été le petit ami de la victime, Khady Sow. S’il est décrit, dans le P.V. d’enquête, comme un homme qui semait la terreur dans le quartier, cet ex-détenu (il a fait 3 mois pour vol de ferraille) a néanmoins l’air sain d’esprit et dit même s’être assagi avec l’âge.
‘’J’étais de nature belliqueuse quand j’étais beaucoup plus jeune’’, a-t-il dit pour justifier les nombreuses cicatrices sur son visage. ‘’Je n’ai jamais croisé Mancabou dans un bar, car je consomme chez moi’’, a ajouté l’accusé qui a été arrêté quelque 17 mois après les faits.
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