L’opposition dénonce l’absence d’audit préalable
Les membres de l’opposition ont, dans une déclaration publiée hier, fustigé ‘’l’entêtement du gouvernement’’ du Sénégal à vouloir radier ‘’automatiquement’’ tous ceux qui figurent dans le fichier et qui n’auront pas confirmé leur volonté d’y demeurer.
L’opposition ne badine pas avec la refonte du fichier électoral. Hier, au siège du Parti démocratique sénégalais (Pds), le Front pour la défense du Sénégal (Mankoo Wàttu Senegaal) a étalé ses doléances dans une déclaration intitulée ‘’Processus électoral’’. Par le biais de ce chapelet de préoccupations, présenté par Oumar Sarr du Pds, ces opposants ont déploré ‘’l’entêtement du gouvernement, soutenu par sa majorité au Parlement, à vouloir radier automatiquement tous ceux qui figurent dans le fichier et qui n'auront pas confirmé leur volonté d'y demeurer’’. Pour eux, cette situation fait peser un ‘’lourd soupçon’’ sur la volonté des gouvernants de procéder à une radiation de grande ampleur d'électeurs dans les zones réputées favorables à l'opposition et à des incorporations massives d'électeurs au grand bonheur de la majorité.
Dépité par la décision du régime en place incarné par le Président Macky Sall, le camarade d’Abdoulaye Wade motive sa colère en ces termes : ‘’Le vote n’étant pas obligatoire, le citoyen qui s’inscrit sur les listes électorales dans le cadre de l’exercice des libertés publiques ne peut en être radié aux termes de l’article L42 sans une décision motivée et dûment justifiée. C’est ce verrou que le gouvernement vient de faire sauter en modifiant unilatéralement la loi pour permettre ainsi la radiation d’office des électeurs de l’opposition.’’
‘’Faiblesses’’ du fichier
De l’avis de ces opposants, le gouvernement a saisi comme prétexte l'avènement de la carte d'identité biométrique CEDEAO pour décider d’une refonte du fichier électoral destinée, selon lui, à en éliminer ‘’le soi-disant stock mort’’. M. Sarr de poursuivre : ‘’Le gouvernement a fait voter, par sa majorité à l’Assemblée nationale, une nouvelle loi, celle de 2016-27 du 19 août 2016, qui dispose que tout électeur déjà inscrit sur la liste électorale mais n’ayant pas confirmé, auprès des commissions habilitées, sa volonté d’y demeurer, sera automatiquement radié de ces listes.’’ Une démarche que l’opposition a catégoriquement rejetée pour plusieurs raisons.
Il s’agit de ‘’l'absence d’audit préalable du fichier électoral’’ pour en maîtriser les forces et faiblesses, du ‘’refus de rechercher le consensus’’ avec l’opposition caractérisé par la précipitation avec laquelle le projet de loi a été voté, de ‘’l’expérience des fraudes’’ de l'année dernière sur l’établissement des cartes d’identité, etc. ‘’De telles manipulations d’envergure altéreraient substantiellement la fiabilité du fichier électoral et porteraient gravement atteinte à la sincérité des scrutins à venir. En plus, l’Etat veut créer et multiplier les commissions partout dans le pays, sans la prise en charge des représentants de l’opposition…’’, soupçonnent les membres du Front pour la défense du Sénégal.
PAPE NOUHA SOUANE