Publié le 16 Aug 2017 - 16:47
REJET DES RECOURS PAR LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL

Le cabinet de Khalifa peiné, mais ‘‘pas surpris’’

 

Les partis politiques savent désormais à quoi s’en tenir, avec la décision du Conseil constitutionnel qui a rejeté tous les recours. La coalition Mankoo Taxawu Senegaal, par la voie de Babacar Thioye Ba, proche collaborateur du maire de Dakar, dénonce l’option prise par les ‘’sept sages’’.

 

Les recours en annulation de vote ont tous été rejetés par le Conseil constitutionnel. Ceux de la coalition victorieuse comme ceux de l’opposition. La coalition Mankoo Taxawu Senegaal a donc perdu officiellement son bastion de Dakar dans les urnes et devant la justice. Une décision des ‘’sept sages’’ qui n’a pas eu l’heur de plaire au directeur de cabinet adjoint du maire de Dakar, Babacar Thioye Ba. ‘‘Cette décision s’inscrit dans une logique de parti pris des institutions et organes de la République qui, depuis le début du processus électoral, ont manifestement pris fait et cause pour la coalition au pouvoir. Le Conseil constitutionnel avait l’occasion de montrer que la justice électorale de notre pays était indépendante. Nous constatons, avec regret, mais sans surprise, que c’est tout à fait le contraire. Il nous a habitué depuis quelques années à des décisions non fondées en droit’’, déplore-t-il.

Contacté par téléphone hier, le collaborateur de l’édile dakarois estime que c’est un précédent qui fait du Conseil ‘’une coquille vide’’. ‘‘Cette décision ouvre la voie à une véritable dictature institutionnelle. Quand le Conseil, qui rejette la requête de M. Khalifa Sall pour l’annulation totale du scrutin, invoque l’avis qu’il avait rendu deux ou trois jours avant le scrutin, pour  dire qu’il s’impose à toutes les autorités juridictionnelles et administratives de notre pays, cela veut dire qu’il n’est plus nécessaire d’adopter ou de faire voter des lois, puisque, de toute façon, à la demande du président de la République, les sept membres du Conseil constitutionnel peuvent modifier ou changer la loi dans notre pays. C’est pourquoi je considère que c’est une décision assez grave avec des conséquences fâcheuses sur la République et ses fondements, notamment la séparation des pouvoirs’’, dénonce-t-il.

La tête de liste nationale de la coalition Mankoo Taxawu Senegaal, Khalifa Sall, a déposé, via ses conseils Mes Borso Pouye, Demba Ciré Bathily, El Mamadou Ndiaye et la Scpa Léon Patrice & Sylva,  une requête complémentaire, mercredi 9 août dernier, portant sur la contestation de la régularité des opérations électorales du 30 juillet dernier. Ceci dans des centres à Grand-Dakar, Hann Bel-Air, Patte d’Oie, Parcelles-Assainies, Plateau et Yoff. En dehors du département de Dakar, le Conseil a également décidé de déclarer irrecevable le recours de Khalifa Sall portant sur l’annulation du scrutin dans les départements de Louga, Gossas, Kaffrine... ‘‘au motif que Khalifa Sall n’était pas candidat sur la majoritaire dans ces départements’’, avance M. Ba.

Ce qu’il qualifie ‘‘d’ineptie juridique’’, avant de s’expliquer : ‘‘Si, en tant que tête de liste nationale, M. Sall n’est pas candidat dans les départements, il faudra que le Conseil nous dise où Khalifa Sall va-t-il bien pouvoir recueillir ses voix dans ces élections, puisqu’il n’y a pas deux votes, mais un seul. L’électeur, en votant dans le département de Dakar, par exemple, vote aussi bien pour la liste nationale que pour la départementale. C’est, de toute façon, une décision rendue sous la dictée du président de la République et de son régime. Je considère que s’il y a des gens ou des structures qui menacent la stabilité de notre pays, ce sont les institutions et les organes qui ont organisé, supervisé et validé les résultats de cette mascarade électorale.’’

Réplique politique

Si les récriminations ne manquent pas, la page des législatives semble déjà tournée pour la coalition Mts. Malgré cette pilule amère à avaler au plan juridique, Babacar Thioye Bâ se tourne déjà vers les échéances politiques futures. ‘‘Sur le plan du processus électoral, on est arrivé au terme avec cette décision rendue par le Conseil constitutionnel. Mais, sur le plan politique, le combat ne fait que commencer. Il est clair que nous entendons user de tous les moyens nécessaires pour mettre fin à  cette mascarade et surtout préparer, organiser et réaliser dans les mois et années à venir la prochaine alternative qui changera radicalement ce pays et lui donnera une direction rectifiée’’, conclut-il.

OUSMANE LAYE DIOP

 

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