Publié le 2 May 2013 - 22:05
REMISE DES CAHIERS DE DOLÉANCES AU CHEF DE L'ÉTAT

Tirs nourris des syndicalistes sur Mansour Sy

Lui reprochant une attitude ''belliqueuse'' préjudiciable au dialogue social, les syndicalistes ont fait passer un sale quart d’heure au ministre en charge du Travail, Mansour Sy, hier. Et sous les yeux du chef de l’État, Macky Sall.

 

 

Ce 1er mai, il ne l’oubliera pas de sitôt. Le ministre de la Fonction publique, du Travail et des Relations avec les Institutions, Mansour Sy, a vu les leaders syndicalistes se succéder pour se défouler sur lui sans qu’il ne puisse piper mot. Comble de malchance, Mansour Sy a subi cette avalanche de critiques devant le président Macky Sall et son Premier ministre Abdoul Mbaye, hier au Palais à l'occasion de la cérémonie de remise des doléances au chef de l'État.

 

Le secrétaire général de l’UNSAS, Mademba Sock, a carrément demandé au chef de l’État de ''gifler'' son ministre : ou Mansour Sy se ''ressaisit ou vous le ressaisissez''. Avant lui, c’est Cheikh Diop, patron de la CNTS/FC, qui a ouvert le feu. ''Le dialogue social est aujourd’hui réduit au dialogue de sourds'', a-t-il déclaré, avant de demander que l’on replace le dialogue dans son rôle de stabilisateur et non de source de tensions. Quant au secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes (CSA), Mamadou Diouf, il a vivement souligné que le dialogue social est à améliorer. Il a fustigé ensuite l’attitude du ministre de tutelle accusé de vouloir installer une vision unilatérale.

 

S’il a salué le début de transparence du gouvernement avec l’allocation de 50 millions aux centrales syndicales, M. Diouf n’en demeure pas moins très critique sur la base de la répartition de cette somme, estimant qu'elle a fait fi du consensus basé sur la représentativité des centrales. Mamadou Diouf d’informer que sa centrale a demandé le blocage de la subvention qui lui a été allouée, estimée à 4 millions de francs Cfa. Une somme jugée trop petite par sa centrale qui fait partie des 5 grosses pointures syndicales du Sénégal. Dès lors, il s’est retourné du côté du gouvernement pour lui demander de ''trancher cette question en fixant un seuil minimum de représentativité''. Et 5% lui semblent logiques.

 

Dans la même veine, Modou Guiro, secrétaire général de la CNTS, a dénoncé le ministre Mansour Sy, avançant que celui-ci veut créer une pléthore de centrales syndicales pour ''retarder le dialogue social''. M. Guiro de lui rappeler que des élections de représentativité syndicale ont été organisées à l’issue desquelles la carte syndicale du Sénégal a été clairement établie. ''Nous ne voulons pas d’individus qui s’adonnent à la polémique et que le rôle du ministre doit être celui de quelqu’un qui veut mettre fin à cette polémique et non le contraire'', a martelé M. Guiro. Qui finit par dire au ministre les yeux dans les yeux : ''Ça ne passera pas''. En tout, les syndicalistes ont demandé un dialogue constructif en lieu et place de l’approche jugée ''belliqueuse'' du ministre du Travail.

 

Prenant la parole, le président Macky Sall a semblé donner raison aux syndicalistes tout en se gardant de vexer son ministre déjà éprouvé par une fusillade collective. ''C’est vrai que la question de la représentativité syndicale ne saurait être un obstacle au dialogue social'', a déclaré le chef de l’État, rappelant que des élections de représentativité syndicale ont déjà été faite et qu’il s’en félicitait. Le président a réaffirmé la volonté du gouvernement d’avoir en face de lui des organisations fortes. Il a demandé au Premier ministre de se réunir avec le ministre du Travail et les centrales syndicales pour trouver une issue heureuse qui relancerait le dialogue social.

 

Amadou NDIAYE

 

 

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