La loi passe comme lettre à la poste
Les élus locaux ont trois mois supplémentaires pour terminer leur mandat. Le projet de loi n° 19/2013 prorogeant les mandats des conseillers régionaux, des conseillers municipaux et des conseillers ruraux a été adopté hier par les députés à la majorité absolue. Initialement prévues le 23 mars 2014, les élections locales se tiendront donc le 29 juin prochain.
Si l’ambiance a été dans l’ensemble sereine, les débats ont été par moments houleux entre l’opposition et la majorité. Le député de Rewmi, Thierno Bocoum, va ouvrir les hostilités en qualifiant le report des élections locales de ‘’forcing’’. ‘’Comment on veut nous faire voter un projet de loi alors qu’on nous a remis un document de 323 pages sur l’acte 3 de la décentralisation que 24 heures avant ? se demande-t-il. On n’a pas le temps de l’apprécier’’. Pour le jeune député, ‘’il n'y a aucune urgence’’ à appliquer l’acte 3 de la décentralisation.
Il invite l’Etat à trouver un consensus large autour de la question. Son camarade de parti Oumar Sarr, lui, trouve ‘’mauvais le projet de loi’’ que le ministre de l’Intérieur ‘’porte de manière clandestine’’. Le député de Rewmi estime que la date du 29 juin n’est pas bien indiquée puisqu’elle coïncide avec la Coupe du monde de football et le début de l’hivernage. Ce qui augure, selon lui, d'‘’élections désastreuses’’.
Le président du groupe parlementaire des Libéraux et démocrates, Modou Diagne Fada, pour sa part, s’offusque du ‘’silence coupable des partis politiques signataires des conclusions des assises nationales’’ par rapport au report des élections locales. Il pense que le président Macky Sall a violé son ‘’serment’’ qui est de respecter le calendrier républicain. Réplique de Moustapha Diakhaté, président du groupe Benno Bokk Yaakaar : ‘’Ceux qui parlent de non respect du calendrier républicain sont de mauvaise foi.
On aura tout vu sous le régime de Wade. On a connu la loi Samba Bathily, et la loi Moussa Sy’’. Lesquelles ont été à l’origine de report d’élections locales sous le régime libéral. L’intervention de Me El Hadji Diouf va porter sur des questions de préséance. En effet, l’avocat politicien considère que l’Assemblée nationale devait d’abord adopter le projet de loi portant Code général des collectivités locales avant de se pencher sur celui relatif à la prorogation du mandat des élus locaux.
Ce qu’il considère comme ‘’une erreur monumentale’’. Une interprétation que le ministre de l’Intérieur ne partage pas. La ‘’conviction’’ de Abdoulaye Daouda Diallo est que ‘’le report doit être antérieur à l’adoption du Code général des collectivités locales’’. Et non l’inverse. Très mesuré dans ses réponses, et évitant d’engager la polémique avec les députés, le premier ‘’flic’’ du pays, a donné des gages quant à la bonne tenue des prochaines élections locales.
DAOUDA GBAYA