Le Maouloud, c’est aussi les ziarras et les ‘’barkeelu’’. Les fidèles talibés ne manquent pas de revisiter les lieux où leurs marabouts ont séjourné ou passé du temps. C’est dans cette logique qu’EnQuête s’est rendu dans la maison d’El hadji Malick Sy où les tidianes affluent pour prendre un peu d’eau d’un puits creusé dans la maison du saint homme.

L’une des attractions de la 114^e édition du gamou de Tivaouane est la maison d’El hadji Malick Sy. Ce n’est pas l’architecture qui attire les fidèles tidianes, mais plutôt un puits creusé au milieu de la maison. La maison est située juste devant la zawiya dédiée au saint homme. Ici, hommes, femmes, enfants et adultes se disputent des tasses pour boire de cette eau bénite.

‘’Je n’ai pas entendu de miracles à propos de cette eau. Je suis là juste parce que c’est le puits de El hadji Malick Sy’’, déclare Mansour Diop rencontré dans la cour. Il en est de même pour la dame Khoudia Mbaye. ‘’Dañuy barkeelu rek’’, avance-t-elle. Les fidèles tidianes refusent de s’étendre sur les miracles de cette eau. ‘’Nous, talibés de Maodo ne pouvons nous glorifier des miracles de notre vénéré marabout.

On nous a enseigné qu’un talibé qui se glorifie de miracles est comme une femme qui voit ses règles en public’’, déclare Modou Sarr Fall, un autre disciple rencontré dans la cour de la maison. Il est difficile de ne pas croire que cette eau est bénite, vu le nombre de talibés qui souhaitent en boire ou même en emporter chez eux.

Le puits de plus de 18 mètres, selon son gérant Ibrahima Wade, ‘’n’a jamais tari’’. ‘’Je ne saurais vous dire quand exactement ce puits a été creusé par El hadji Malick Sy. Mais, je peux vous dire que sur c’est sur son instruction qu’il l'a été’’, poursuit- il. Selon les témoignages, El hadji Malick Sy avait donné l’ordre d’en creuser deux. Celui pris d’assaut par les talibés était un puits salé.

‘’Il ne servait qu’à faire le linge à l’époque’’, explique notre interlocuteur. Par la suite, il a été fermé. Pourquoi ? Ibrahima Wade ne peut le dire. ‘’Je ne sais pas pourquoi il a été fermé. Je suis arrivé à Tivaouane en 1992, et à cette époque, le puits était déjà fermé. C’est entre 2005 et 2007 que Serigne Mbaye Sy Abdou a demandé sa réouverture'', informe-t-il. ''Cela a été fait un vendredi. On a demandé à quelqu’un d’aller en profondeur. Il est remonté avec de l’eau et Serigne Mbaye Sy Abdou l’a bue, ainsi que les autres personnes présentes''.

Malgré le temps qui s'est écoulé, personne n'a été indisposé après avoir consommé l'eau du puits, révèle Ibrahima Wade. Depuis lors, pendant ou après le gamou, les fidèles  affluent dans la maison. Car, à la réouverture du puits, les gens se sont rendu compte que l’eau avait perdu sa salinité. Malgré cela, le gardien déclare qu'il ne saurait dire si l'eau a des vertus thérapeutiques ou si elle est miraculeuse. 

Le mystère reste entier. L’affluence reste constante. Les élèves du daara de la zawiya El hadji Malick Sy sont mis à contribution ; pour mettre de l’ordre dans ce tohu-bohu. Ils s’occupent de la distribution et de la propreté des lieux. ‘’Poussez-vous, poussez-vous’’, entend-on très souvent. Avec des bassines sur la tête, ils puisent l’eau du puits via une pompe et la redistribue dehors, afin que tout le monde soit servi.

Voir remplir sa bouteille revêt du miracle. Les prédisposés à la distribution n’ont du temps que pour les consommateurs sur place. ‘’Si ce n’est pas le gamou, les gens prennent de cette eau pour faire leurs ablutions ou pour une douche ici même, s’il n’en ramène pas chez eux. Mais là, avec ces milliers de personnes qui viennent et repartent, ce n’est pas possible’’, explique Ibrahima   AZ   Wade.

BIGUÈ BOB