Publié le 13 Jun 2022 - 22:33
ROMAN ‘’ASCENSEUR ÉMOTIONNEL’’ DE CHEIKH DIONE

Diagnostic des maux qui gangrènent la société

 

‘’Ascenseur émotionnel’’, le second roman de l’écrivain Cheikh Dione, réalise le diagnostic des maux qui gangrènent la société sénégalaise et africaine. À travers le vécu des personnages, l’auteur évoque, entre autres, les difficultés de la vie, les accusations de sorcellerie, le trafic de stupéfiants, l’émigration clandestine, l’amour et la haine.

 

L’émotion ‘’monte et descend’’, lorsqu’on lit le second ouvrage de Cheikh Dione. Son roman ‘’Ascenseur émotionnel’’,  à travers son personnage principal, dans une démarche critique et citoyenne, dresse un diagnostic de la société sénégalaise en particulier et africaine en général. ‘’Une société discriminatoire qui observe les gens sans pour autant les soutenir’’, selon l’auteur.

Cheikh Dione n’a donc pas voulu se cantonner dans un seul thème, alors qu’une simple lecture du titre de l’ouvrage pourrait induire en erreur. 

Entre adultère, accusation de sorcellerie, trafic de stupéfiants, émigration clandestine, etc., ‘’Ascenseur émotionnel’’ se veut ainsi être un catalogue où figure toute une panoplie de thématiques aussi importantes que renversantes. Il retrace l’histoire d’un jeune homme qui quitte la campagne pour venir à la capitale, à Dakar, où il est bouleversé par  de nombreux évènements. Alors qu’il est étudiant, il doit envoyer de l’argent aux membres de sa famille, confrontés à la pauvreté. Au village, il y a également une énorme pression sociale, parce que sa maman est taxée de sorcière qui se nourrit d’âmes.

‘’Le roman parle de la société de façon générale. C’est un ensemble de thématiques bouleversantes qui sont développées. Pour chaque personnage, il y a une partie de la société, que ce soit des valeurs ou des défauts qui sont reflétés.  Il y a  la thématique du pardon pour montrer aux lecteurs, quels que soient les difficultés et les problèmes familiaux, les gens devraient apprendre à se pardonner. Parce que se pardonner, c’est déjà une très grande chose. Il y a également la thématique de l’infidélité, de l’amour et du préjugé'', a expliqué Cheikh Dione, ce week-end, à l’occasion d’une cérémonie de dédicace.

C’est ainsi qu’il y a une variété d’émotions qui est développée. ‘’Il y a l’ensemble des émotions qui sont ressenties par l’être humain. La personne qui lit le roman, à un moment donné, est joyeuse, à un moment donné, elle est triste’’, a ajouté M. Dione.

L’amour, le point de départ

Il est perçu par certains comme étant un auteur qui aime parler de l’amour.  ‘’C’est un carcan dont les gens ont tendance à me qualifier. Je parle de l’amour en moins. C’est seulement le titre qui parle de l’émotion. Mais quand on parle de l’émotion, les gens pensent qu’on parle forcément de l’amour. Il y a une partie du roman qui en parle, parce que c’est  l’amour qui fait les choses’’, s’est justifié l’auteur qui est également journaliste et consultant en communication dans une entreprise américaine.  

D’ailleurs, le livre se résume ainsi : ‘’Un cœur d’homme en pleine extase vient se heurter au visage renfrogné d’une fille. Pour Fabia, rien n’est gagné, mais rien n’est perdu non plus, tant que le voyage se poursuit. Ils ne le savent pas encore, mais à bord de ce tas de ferraille qu’on ose appeler un bus, Fabia et Sanou sont en train de vivre leurs premiers instants d’une destinée commune, un dédale de chemins à parcourir, une histoire qui se nouera et se dénouera, se perdra et se reprendra, au moins autant de fois que la terre fait le tour du soleil. Ce qui, au début, semblait être un conte de fées digne d’une ‘télénovelas’ va s’avérer être une œuvre dramatique shakespearienne.’’

Cheikh Dione en est à son deuxième roman. Le premier,  ‘’L’as deux cœurs’’, est un livre dans lequel il trace aussi  la vie d’un étudiant qui vient dans la capitale. Il évoque le quotidien de Maxime qui a quitté sa campagne natale pour s’établir en ville, afin de poursuivre ses études universitaires. Ainsi, dans ce livre, le romancier plonge profondément son lecteur  dans les vicissitudes de la vie estudiantine au sein de la capitale sénégalaise. Ces mutations porteront le jeune étudiant, tour à tour, sur les ailes de l’amour, la poussière du rejet, le fossé du désespoir et l’aube du renouveau.

Parrain de la cérémonie de dédicace du livre ‘’Ascenseur émotionnel’’, le sociologue Jean-Pierre Babacar Diouf, originaire de Ndondole, estime que Cheikh Dione est un modèle pour la jeunesse de sa commune. ‘’Cheikh, c’est un garçon qui m’a beaucoup séduit par sa simplicité, son humanité, son sérieux. C’est un intellectuel pétri de talent. Il donne l’exemple’’, témoigne-t-il. ‘’Je suis de Ndondole. Ce qu’il a décrit dans ses ouvrages, je le connais, je l’ai vécu : quitter le monde rural, venir en ville, avoir des parents démunis, essayer d’étudier et de voir comment réussir. On traversera toujours des difficultés. Mais il faut avoir des objectifs clairs, croire en soi, croire en Dieu, avancer et d’essayer de réussir’’, a-t-il ajouté.

BABACAR SY SEYE

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