A Rufisque, comme en 2002 !
Comme la pandémie à coronavirus, une joie contagieuse s’est très vite répandue dans les rues et grandes artères de Rufisque.
Une foule monstre, chantant, dansant, sifflant, s’est très vite formée sur la route qui mène vers les HLM de Rufisque, où habitait le longiligne milieu de terrain des Lions, Pape Bouba Diop, décédé il y a environ un an. Le spectacle est tout simplement magnifique. Les chants, les danses, les drapeaux tricolores levés vers le ciel, les flammes rouges visibles au loin… Rarement l’équipe nationale a généré autant de joie ces dernières années. C’est la conviction d’El Hadj, mécanicien. ‘’Cela fait longtemps que l’équipe ne m’a pas fait jubiler de la sorte. Aujourd’hui, nous sommes vraiment contents. Nous avons vu de vrais lions sur le terrain’’, s’exclame-t-il euphorique.
Une explosion de joie soudaine qui rappelle, à bien des égards, les liesses populaires de 2002, quand dans la vieille ville de Rufisque toutes les victoires de l’équipe nationale étaient des occasions pour se retrouver au fief du colosse n°19 des Lions, se remémore le mécanicien, nostalgique. Il ajoute : ‘’Depuis 2002, lors de la Can au Mali et la victoire face à la France en Coupe du monde, on n’a pas vu pareil engouement pour l’équipe. En plus d’être en finale, on a un Sadio qui, comme El Hadj Diouf en 2002, porte l’équipe. C’est ce qui nous manquait pour gagner la Coupe d’Afrique’’.
Autour de lui, au milieu des klaxons, paradent des groupes de jeunes assis sur leur scooter, avec une foule qui s’épaissit au fur et à mesure. Partout, c’est la même ferveur. Sur le toit des maisons, à bord des véhicules, chacun savoure la victoire des Lions à sa manière. On aurait cru que le Sénégal tient déjà son étoile. Abdoulaye Fall s’explique : ‘’C’est parce que nous avons vu une grande équipe nationale du Sénégal, avec un grand Sadio Mané. Aussi, dans cette Can, l’équipe n’a eu de cesse de monter en puissance. Et cela nous redonne espoir.’’
Sur place, l’optimisme semble le sentiment le mieux partagé. Nous sommes en effet loin du pessimisme des débuts de la Can Cameroun-2021. Indifférent jusque-là aux performances de la bande à Edouard Mendy, le 12e Gaindé renoue enfin avec la confiance. Au milieu de cette joie contagieuse, un nom semble sur toutes les lèvres. Il s’agit du joueur de Liverpool Sadio Mané. C’est le cas du mécanicien El Hadj. Il partage son vœu : ‘’Il faut construire un monument pour Sadio Mané au cœur de Dakar, sur les allées du Centenaire, qu’on puisse le célébrer à chaque défilé du 4 Avril, que nous défilions devant lui, lors de la fête de l’indépendance.’’
Depuis longtemps, analyse-t-il, le Sénégal rêve de ce joueur qui porte l’équipe, qui libère le peuple quand les choses semblent difficiles. ‘’Sadio nous a rendus fiers. Cette victoire est plus belle qu’une finale’’, enchaine-t-il enthousiaste.
Des HLM, la foule retourne sur ses pas, traverse les quartiers Cité Millionnaire, Ndar Gou Ndaw, Médine, Thiokho et continuent sa procession vers le centre-ville, en se dispersant, à chaque étape. Massés devant le CEM Abdoulaye Sadji, des habitants de Keury Souf ne tarissent pas d’éloges pour l’équipe nationale. Bassirou Guèye, lui, plaide pour le coach Aliou Cissé. Il insiste : ‘’Tout le monde le critiquait. Je pense que maintenant, les gens vont cesser de le vouer aux gémonies. Non seulement c’est un patriote, mais ses résultats sont aussi exceptionnels. Ce qu’il a réussi en tant qu’entraineur, personne ne l’a fait.’’
Plus que la victoire, c’est la manière qui est, selon lui, à l’origine de la liesse populaire. ‘’Nous avons vu une équipe qui avait de l’envie. Et c’est essentiel. Quand cette équipe est engagée, personne ne peut nous battre. Cette victoire est d’autant plus belle qu’au début, beaucoup n’avaient pas du tout espoir. Mais avec ce qui s’est passé aujourd’hui, nous avons montré que nous sommes la meilleure équipe d’Afrique actuellement’’, s’est-il réjoui.