Les pêcheurs guet-ndariens fustigent et brocardent leur tutelle

Les pêcheurs artisanaux de la Langue de Barbarie n’ont pas été tendres avec la ministre des Pêches et des Infrastructures maritimes et portuaires, Dr Fatou Diouf. Ils ont tenu un point de presse pour fustiger les accusations qu’elle a portées à leur encontre à l’Assemblée nationale pour utilisation abusive du filet monofilament. Des accusations jugées ‘’gratuites’’ que les pêcheurs guet-ndariens considèrent comme une attaque directe à leur survie économique.
Les filets en monofilament sont devenus incontournables pour de nombreux pêcheurs artisanaux dans leurs activités. Mais les autorités les accusent d’être non sélectifs, de causer des dégâts écologiques importants et de contribuer à la surexploitation des ressources halieutiques. D’ailleurs, elles promettent de les retirer du marché et de la mer très prochainement.
Interpellée à l’Assemblée nationale par un député sur la dégradation des écosystèmes marins, la ministre de la Pêche a évoqué la possibilité d’une interdiction progressive de ces filets. Une décision qui a provoqué une onde de choc dans la communauté des pêcheurs de Guet-Ndar, l’un des quartiers les plus actifs dans la pêche artisanale. Dès l’annonce, différentes associations et des mouvements de pêcheurs se sont levés pour exprimer leur colère.
Au quai de pêche de Diamalaye de Guet-Ndar, à travers des interventions virulentes, ils ont dénoncé une décision unilatérale, prise sans concertation préalable, et qui risque de ruiner des milliers de familles dans la Langue de Barbarie.
Pour le porte-parole du jour des pêcheurs, cette décision est très loin des réalités du terrain et constitue une réelle menace pour le secteur de la pêche artisanale déjà fragilisé par l’exploitation du gaz GTA. ‘’La ministre ne comprend pas nos réalités. Elle veut appliquer des règles sans nous écouter, alors que nous vivons déjà dans la précarité. C’est nous qui vivons la mer au quotidien. Avant de prendre des décisions aussi importantes, il faut nous parler et recueillir nos avis, parce que nous sommes les vrais acteurs de la pêche artisanale. Certes, les scientifiques et les écologistes soutiennent l’interdiction du monofilament au nom de la préservation des écosystèmes marins, mais qu’ils sachent qu’ils n’ont pas le monopole du savoir et nos expériences démontrent autre chose’’, a râlé Baye Boly Fall, le président des chaînes tournantes de Saint-Louis.
Fort remontés contre leur ministre de tutelle, les pêcheurs réclament une approche plus participative, tenant compte de leurs pratiques, de leur savoir-faire et de leur rôle central dans l’économie nationale. ‘’On ne peut pas demander à un pêcheur qui gagne à peine de quoi nourrir sa famille de changer son matériel du jour au lendemain. Il faut discuter d’abord avec lui et l’accompagner. Raison pour laquelle nous invitons la ministre à descendre plus souvent sur le terrain pour mieux comprendre les réalités de la pêche, surtout artisanale’’, a déclaré le porte-parole du jour.
Face à la montée des tensions, certaines voix invitent à la concertation. Des associations locales et des représentants des pêcheurs sollicitent l’ouverture d’un dialogue franc entre la tutelle et les acteurs de la pêche artisanale. Mais pour l’heure, la ministre et ses services n’ont pas réagi aux protestations des pêcheurs. Toutefois, la colère gronde toujours sur les quais de Saint-Louis.
IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT LOUIS