Pape Malick Ndour se lave à grande eau

L'ancien ministre de la Jeunesse, Pape Malick Ndour, a confié qu'il allait déférer à la convocation de la Section de recherches aujourd'hui. Lors d'une conférence de presse hier, il a évoqué les accusations portées contre lui qu'il nie totalement. Il a également relaté son périple à l'AIBD.
Convoqué ce lundi à la Section de recherches, Pape Malick Ndour a tenu hier un point de presse pour éclairer la lanterne des populations sur certains points le concernant. Au siège de l'Alliance Pour la République (APR), en présence de plusieurs membres du parti, l'ancien ministre de la Jeunesse est d'abord revenu sur son périple à l'Aéroport international Blaise Diagne (AIBD) ce samedi.
Il explique qu'après les contrôles de formalité, la police ne s'était pas opposée à son départ. Mais quelque temps après, il a reçu un appel de quelqu'un lui demandant s'il avait été arrêté. Il a répondu négativement, précisant qu'il attendait son vol tranquillement. Ensuite, un agent en uniforme est venu lui indiquer qu'il devait effectuer des vérifications supplémentaires suite à un ordre reçu. « Quelques minutes après, et avant même que je ne revoie l'agent, j'ai de nouveau reçu un appel m'informant qu'on allait finalement m'arrêter, alors que j'étais simplement assis en salle d'attente pour mon vol. Peu après, le policier est réapparu pour m'interpeller à nouveau... La scène s'est répétée quatre fois. Ils sont revenus avec cinq personnes pour m'emmener sans mandat d'arrêt ni décision légale... », a-t-il expliqué.
Pape Malick Ndour précise que son voyage s'inscrivait dans le cadre de ses activités en tant que président du conseil départemental. « Je n'ai pas l'intention de fuir, sinon je n'aurais pas emprunté cette voie ni pris un billet Air Sénégal », a-t-il déclaré, affirmant n'avoir rien à se reprocher. « À l'aéroport, nous avons été interdits de sortie du territoire par une décision parfaitement illégale émanant d'un agent de police zélé ayant reçu des ordres à exécuter », a-t-il affirmé, tout en exprimant sa compréhension envers l'agent. Bien que respectant la décision administrative, l'ancien ministre déplore l'absence de notification judiciaire.
Il réfute toute volonté de fuir. Dans une première communication, il martelait : ‘’ Alors, moi, tenter de fuir ? (rires). C'est méconnaitre mon histoire, mon sang... Comment quelqu’un qui chercherait à fuir passerait-il par l’aéroport, à visage découvert, dans la masse du samedi soir à l'aéroport, au vu et au su de tout le monde ? Il y a à peine un mois, j’étais à Abidjan, et j’avais également transité par le même aéroport, à l’aller comme au retour. Si j'avais l'intention, pourquoi n’aurais‑je pas pris la fuite depuis Abidjan? C'est de l'affabulation...’’
Il s’insurge aussi contre le fait que des influenceurs et journalistes aient relayé des informations qu'il ne détenait pas lui-même. « C'est symptomatique d'un État qui instrumentalise police, gendarmerie et justice pour des règlements de comptes politiques », dénonce-t-il.
La convocation pour torture en complicité
Par rapport à sa convocation à la Section de recherches, il déclare : « Je vais répondre à toutes les convocations, même si je suppose que cette convocation devant la Section de recherches est une convocation illégale, parce que j'étais ministre et je dois être traduit devant la Haute Cour de justice, comme les autres collègues l'ont été. Mais je vois que manifestement, ils ont voulu passer outre cela », a indiqué Pape Malick Ndour.
« Même moi, en tant que patriote, républicain, quelqu'un qui a eu à défendre les institutions de la République – aussi bien la police, la gendarmerie que la justice –, je vais répondre sans pour autant tenir compte de cette chose-là qui me paraît illégale. Je répondrai. Je ne ferai pas comme les autres. Je vais répondre en toute honnêteté, en toute responsabilité », a poursuivi l'ancien ministre sous Macky Sall.
Pape Malick Ndour soutient bec et ongles qu'il n'est nullement responsable de ce dont il est accusé. « Les choses dont ils m'accusent ne sont pas en phase avec la réalité. Elles ne sont pas en phase avec la vérité. Je vais répondre parce que, tout en plus, moi, j'avais envie d'en finir définitivement avec ce dossier qui était en train de traîner », a-t-il pesté.
M. Ndour dit ne pas avoir connu le jeune homme. « Je ne l'ai jamais vu, jamais entendu, jamais écouté. J'ai entendu Diomaye, Ousmane Sonko et les autres, mais jamais lui. Donc, comment est-ce qu'on peut donner des directives pour des représailles contre quelqu'un qu'on ne connaît pas ? D'après lui, même s'il ne le connaît pas, objectivement, il n'y aurait aucun intérêt à s'en prendre à lui, vu son profil. « Je n'ai aucune raison de salir les mains à cause de lui. Qui est-il ? Qu'est-ce qu'il faisait d'intéressant ? »
Il renseigne aussi qu'il est accusé d'avoir été en complicité avec Antoine Diome (ancien ministre de l'Intérieur) et Moussa Fall (Général), une complicité qui aurait empêché la Section de recherches de pouvoir retrouver le jeune homme. « Ils disent que Pape Malick a fait un complot avec le haut commandement de la gendarmerie pour punir des gens. Je n'ai jamais eu ce pouvoir. Allez regarder les vidéos du gosse à l'école : "Je suis entre les mains des gendarmes. J'ai subi des tortures", disait-il. Donc, le truc est assez simple. Que la Section de recherches aille voir combien de gendarmes étaient là-bas. Qu'on nous réunisse tous en présence des médias. On verra si j'ai donné l'ordre ou pas », s'est défendu Pape Malick Ndour.
A noter que son accusateur, Pape Abdoulaye Touré, a été entendu, vendredi dernier, par les enquêteurs de la Section de Recherches de Colobane, en présence de ses avocats.
BABACAR SY SEYE