Les questions migratoires au menu des débats
Afin de mieux faire comprendre aux journalistes les enjeux de la migration, le Syndicat national des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics) organise, depuis hier, un séminaire régional. C’est en collaboration avec l’ambassade des Usa au Sénégal et une organisation internationale, Irex.
‘’Au-delà du cas libyen, il y a des cas d’esclavagisme qui existent. Pourquoi les gens s’indignent de ce qui se passe en Libye, alors qu’il y a des choses extraordinaires qui se passent au quotidien chez eux, dans leur environnement immédiat, en termes d’exploitation humaine. Tout le monde sait qu’on a un système d’ethnies, de castes, etc. Notre société est très féodale’’, s’est désolé hier le secrétaire national du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics), Ibrahima Khaliloulah Ndiaye.
C’était en marge de la cérémonie d’ouverture, à Dakar, du séminaire régional sur ‘’Déplacement de populations, migration et traite de personnes : quelle couverture par les médias’’ organisé par le Synpics, en collaboration avec l’ambassade des Usa au Sénégal et une organisation étrangère dénommée Irex. Et pour cela, pense-t-il, ‘’le journaliste doit disposer de véritables outils pour mener à bien des investigations’’, d’où la tenue de ces deux jours de séminaire auxquels le Synpics a invité divers journalistes sénégalais dont certains venus des régions.
Au cours de ces 48 heures, a annoncé l’adjointe au chef de mission de la représentation diplomatique américaine au Sénégal, Mme Boustani, ‘’vous allez examiner en profondeur certaines questions qui affectent directement le Sénégal et la région’’. Elle fait ici référence à la migration économique, à la traite des personnes, aux demandeurs d’asile ou encore aux réfugiés. Car, a-t-elle rappelé, ‘’qu’il s’agisse de réfugiés venus de Mauritanie, dans le nord du pays, de ceux qui ont fui la violence en Casamance il y a des décennies et se trouvent à présent en Guinée-Bissau ou déplacés internes, ou encore des enfants qui font l’objet de traite dans le pays ou de traite transfrontalière aux fins de mendicité, tous ces problèmes urgents demandent que les journalistes enquêtent’’.
Ainsi, souvent, quand on parle de migrations en Afrique, l’on a tendance à penser aux flux qui vont vers l’Europe. Alors que les déplacements les plus importants se font entre pays africains. Et ce n’est pas toujours facile. ‘’Il y a un paradoxe. Nous sommes dans un contexte Cedeao ou d’Union africaine. Il y a une liberté de circulation, fondamentalement. Quand vous voulez voyager, vous ferez face à de nombreuses tracasseries’’, a relaté M. Ndiaye. Des écueils qui doivent faire l’objet d’articles de presse. ‘’C’est à nous journalistes de montrer qu’il y a d’autres phénomènes qui peuvent nous interpeller et de ne pas juste s’indigner de celui des talibés et autres ou répondre à un agenda que les autres nous dictent’’, a suggéré le secrétaire national du Synpics.
Seulement, a-t-il prévenu, ‘’il faut, aux journalistes, comprendre pour mieux faire comprendre’’.
Ainsi, il espère que ceux qui prennent part à ces deux jours d’échanges seront outillés, à la fin, pour bien appréhender certaines questions liées aux migrations et ses corollaires.
Des personnes ressources sont venues d’Espagne et du Canada, à cet effet. Les choses pourraient peut-être s’améliorer après, comme l’espère Mme Boustani. ‘’En Amérique, nous disons que les journalistes ont un pouvoir de contrôle du gouvernement, car vous avez une grande influence sur la société et le système politique, à travers vos recherches et vos mots’’, a-t-elle dit.
BIGUE BOB