Thierno Alassane Sall et Guy Marius Sagna interpellent le gouvernement
Trois questions orales et une écrite ont été déposées, hier, sur la table du président de l’Assemblée nationale Amadou Mame Diop. Il s’agit de celle de Thierno Alassane Sall sur la situation de La Poste et de deux de Guy Marius Sagna.
Dès l’annonce officielle des résultats des dernières élections législatives, il était clair que la 14e législature ne chômerait pas. Le ton est donné. À peine, deux mois après la prise officielle de service des députés, le dépôt des questions orales s’enchaine. Il y a quelques jours, Thierno Alassane Sall a déposé une question orale relative aux disparités et iniquités salariales des fonctionnaires du secteur primaire. Il avait annoncé, le même jour, qu’une autre suivrait et allait porter sur l’état alarmant de La Poste. Il est passé à l’acte hier en interpellant le ministre de la Communication, des Télécommunications et de l’Économie numérique.
‘’Au regard des derniers états financiers connus, la situation financière de la société nationale La Poste est plus qu’inquiétante. Le déficit s’élevait à 77 456 304 398 F CFA pour La Poste en 2019, à 8 030 357 203 F CFA pour Postefinances en 2018 et à 1 287 519 519 F CFA pour EMS Sénégal en 2019. À cette date, le capital social du groupe était de 3 325 000 000 F CFA. Depuis, la situation de la société nationale La Poste a empiré’’, déclare TAS.
‘’Il apparaît donc que le gouvernement du Sénégal n'a pas engagé les actions diligentes requises par les ‘dispositions des articles 664 et suivants de l'acte uniforme de l'Ohada relatif au droit des sociétés commerciales et des GIE auxquelles sont soumises également les sociétés dans lesquelles l'État ou une autre personne morale de droit public détient une participation, lorsque les capitaux propres sont inférieurs à la moitié, il doit être procédé à leur reconstitution dans un délai de vingt-quatre mois’. Le texte mis en relief est tiré d'un document officiel du ministère des Finances et du Budget, à savoir la Déclaration sur les risques budgétaires 2023’’, indique le leader de la République des valeurs.
Mais, regrette l’auteur de la question orale, ‘’en lieu et place, des opérations ponctuelles de renflouement du groupe La Poste par l’État ont été tentées depuis 2017 : un montant de 174 000 000 000 F CFA mobilisés par La Poste dans le cadre de la Convention dettes croisées et une somme de 42 500 000 000 F CFA octroyée entre janvier 2021 et mars 2022. Parce qu'ils traitaient des symptômes plutôt que de s'en prendre aux racines du mal, les effets de ces subventions de l'État ont été annihilés par une gouvernance décriée tant par les partenaires multilatéraux comme le FMI que par le personnel’’.
D’ailleurs, les syndicalistes n’ont eu de cesse de tirer la sonnette d’alarme. Le personnel ‘’a, de manière persistante et régulière, dénoncé ces dernières années : une extrême politisation du recrutement qui a fini par hisser la masse salariale largement au-dessus du chiffre d'affaires. Le ratio masse salariale sur chiffre d'affaires dépassait déjà les 100 % depuis 2016, sans que rien ne fût entrepris pour arrêter ce suicide économique ; des investissements tout aussi hasardeux ; des usages largement abusifs pouvant constituer des détournements d'objectifs du patrimoine et des agents de La Poste, en particulier de son matériel roulant’’, cite TAS.
Ainsi, ‘’mes faits ci-dessus évoqués, connus de toute personne tant soit peu avertie, nous amènent à interpeler Monsieur le Ministre de la Communication, des Télécommunications et de l’Économie numérique sur les points suivants : quel est le montant exact du déficit de la société nationale La Poste aujourd’hui ? Quel est le ratio capitaux propres sur capital social ? Depuis quel exercice financier ce ratio est hors des normes en vigueur ? Quel était, à la clôture de l'exercice 2021, le ratio masse salariale sur chiffre d'affaires ? Quelle est l'évolution de ce ratio sur la décennie écoulée ? Quelles sont les mesures envisagées vis-à-vis des différents responsables de cette situation, notamment les directeurs successifs depuis 2012 ?’’, se demande Thierno Alassane Sall.
Il veut également que soient situées les responsabilités du Conseil d’administration et des ministères de tutelle technique et financière. Il se demande également, étant donné que le nouveau directeur général de La Poste est un inspecteur des impôts et domaines, s’il va toucher au patrimoine foncier du groupe, comme cela s’est fait ailleurs. ‘’Pouvez-vous donner des garanties que ce patrimoine foncier ne sera pas aliéné’’, pousse TAS.
Par ailleurs, le président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, n’a pas reçu hier que la question orale du parlementaire non inscrit Thierno Alassane Sall. Il a, en effet reçu celles de Guy Marius Sagna.
‘’J’ai l’honneur de vous transmettre les lettres ci-jointes portant questions orales au gouvernement. La première question est relative à la pratique systématique de la torture physique et psychologique par la gendarmerie à Ziguinchor. La deuxième question porte sur la souveraineté de l’État sur son passeport et confiscation arbitraire des passeports des Sénégalais par les ambassades de l’espace Schengen. La troisième question écrite s’interroge sur les violences, les actes de torture et l’abandon de détenus en pleine nuit dans les zones autoroutières’’, lit-on dans une copie de la lettre que nous a envoyée Guy Marius Sagna.
Ce dernier a envoyé une autre missive portant des questions écrites au gouvernement. ‘’La première question a pour objet la ratification, par l’Assemblée nationale, du nouvel accord monétaire relatif à la réforme du franc CFA. La seconde question écrite porte sur la situation des assistants à la sécurité de proximité (ASP)’’, a-t-il partagé.
ARAME FALL NDAO (STAGIAIRE)