Fada sonne la révolte et exige un congrès
La révolte sonnée par Modou Diagne Fada à l’intérieur du Parti démocratique sénégalais (Pds) prend progressivement forme. Le président du groupe parlementaire ‘’Libéraux et démocrates’’, soutenu par ses camarades de parti dont Aïda Mbodj, Mamadou Lamine Keïta, Habib Sy, Fatou Thiam et une bonne frange des cadres libéraux, a exigé hier, au cours d’une conférence de presse aux allures de meeting politique, la tenue d’un congrès pour procéder au renouvellement des instances du Pds et à la réforme des textes du parti.
Le Parti démocratique sénégalais s’enlise davantage dans une crise profonde. Après le départ de Souleymane Ndéné Ndiaye, le Pape du Sopi devra faire face à une fronde menée par Modou Diagne Fada et qui prend progressivement forme. Après un long moment d’hésitation et de travail en sourdine, Diagne Fada a rendu publique sa position sur le devenir du Pds. Le président du Conseil départemental de Kébémer exige ainsi la tenue d’un congrès pour le renouvellement des instances du parti qui, selon lui, sont entrées dans une léthargie profonde depuis bientôt deux décennies. Fada l’a fait savoir hier au cours d’une conférence de presse tenue à l’hôtel Ngor Diarama et qui a enregistré la participation de beaucoup de militants libéraux qui se sont fortement mobilisés.
Il faut souligner que le président du groupe parlementaire ‘’Libéraux et démocrates’’ n’est pas seul dans ce combat. Il bénéficie du soutien de la présidente du Conseil départemental de Bambey, Aïda Mbodj, du maire de Bignona, Mamadou Lamine Keïta, de l’ancien maire de Linguère, Habib Sy, de la députée libérale, Fatou Thiam. Mais également de cadres libéraux comme Bassirou Kébé, Abdou Khafor Touré, Abdoulaye Sow entre autres. C’est dire que l’ancien ministre de la Santé sous Wade a ratissé large avant d’engager cette lutte pour la réforme en profondeur du Pds.
Dans le mémorandum de huit pages, remis à Abdoulaye Wade, Modou Diagne Fada et ses camarades ont fait un diagnostic sans complaisance de la situation du parti, laquelle, selon eux, souffre d’une léthargie profonde de ses structures, surtout à la base où elles ne sont pas renouvelées depuis bientôt deux décennies. Conséquences : ‘’Dans beaucoup de localités, les responsables détenteurs de fonctions politiques ne sont plus actifs, ont quitté le parti ou ne sont plus de ce monde.’’ Au même moment, ‘’d’autres leaders émergent et confirment leur représentativité à l’occasion de chaque consultation électorale’’. Ces derniers, selon le président du Conseil départemental de Kébémer et cie, ‘’méritent plus d’égards de la part du parti’’. Ainsi, souligne le maire de Bignona, Mamadou Lamine Keïta qui a lu le mémorandum, ‘’il est arrivé le moment de leur donner toute leur place au sein des instances du Pds’’. Aussi, ajoute-t-il, ‘’l’heure est également arrivé de donner la parole à la base longtemps réduite en silence et qui a pourtant suffisamment de choses pertinentes à dire’’.
‘’Maintenir le parti debout’’
‘’Le sommet du parti a longtemps monopolisé la parole, il est temps d’interroger la base pour qu’elle se prononce sur le devenir du parti surtout que le Pds doit, à ce stade de son histoire, tirer les leçons de ce qui n’a pas marché’’, estime Modou Diagne Fada. Prenant la balle au rebond, Mamadou Lamine Keïta ajoute qu’‘’il est temps de mettre à la tête des sections et des fédérations les responsables qui se battent pour maintenir le parti debout, de restructurer la direction nationale autour de ceux dont l’effort continue à apporter des satisfactions au parti’’. Sur sa lancée, il a appelé à la modernisation de l’administration du parti, à la révision des textes et à la formulation d’une nouvelle offre politique afin de tracer les sillons pour un retour rapide au pouvoir.
Outre ces réformes, Fada et cie jugent également nécessaire de revoir la configuration du comité directeur tel que prévu par l’article 21 des statuts du Pds ; de faire revenir le secrétariat national conformément aux dispositions de l’article 22. Ils recommandent également la mise en place d’une commission de révision du programme fondamental du Pds qui va redéfinir son offre politique et proposer une nouvelle vision de développement plus adaptée, la prise en compte de la parité dans la dévolution des responsabilités à l’intérieur du parti et la redéfinition des modalités claires et démocratiques de choix des candidats libéraux aux différentes élections nationales.
‘’Le moment est venu pour Wade de passer les rênes du parti’’
Renvoyé dans l’opposition le 25 mars 2012 dernier, le parti d’Abdoulaye Wade peine à se refaire une santé politique. Les causes de cette situation sont à rechercher, selon Diagne Fada, dans sa gestion et dans sa marche, avec à sa tête Abdoulaye Wade. Ce dernier, selon lui, doit passer les rênes du parti à d’autres plus jeunes pour donner un nouveau souffle au parti. ‘’Le moment est venu pour Abdoulaye Wade de passer les rênes du parti. Sa juste place se trouve dans le panthéon des grands hommes qui ont marqué l’histoire de l’humanité. Nous devons avoir le courage de nous assumer et de ne plus le pousser sur le terrain de l’opérationnel où subsistent des risques d’erreurs susceptibles d’entamer sa crédibilité et son image’’, soutient le président du groupe parlementaire ‘’Libéraux et Démocrates’’ selon qui, ‘’le temps des leaders charismatiques comme Abdoulaye Wade est révolu’’.
ECHOS--- ECHOS--- ECHOS-- Démonstration de force C’est une véritable démonstration de force que le président du groupe parlementaire ‘’Libéraux et démocrates’’ a fait hier. Prétextant une conférence de presse pour rendre public le mémorandum qu’il a initié pour demander une réforme du Parti démocratique sénégalais (Pds), Modou Diagne Fada a réussi le pari de la mobilisation. La salle ayant abrité ce face-à-face avec les journalistes a refusé du monde. Des militants venus des villes de l’intérieur du pays et de la capitale Dakar ont tenu à témoigner leur soutien au président du Conseil départemental de Kébémer dans le combat qu’il a engagé pour une réforme en profondeur des structures du Pds, lesquelles sont, à l’en croire, dans une léthargie totale. Ancrage au Pds En rendant public hier son mémorandum transmis à Abdoulaye Wade, Modou Diagne Fada a quand même tenu à lever une équivoque. Le président du groupe parlementaire ‘’Libéraux et démocrates’’, après avoir réitéré son ancrage au Parti démocratique sénégalais, a souligné qu’il ne compte pas quitter le parti. Et ce, quelle que soit l’issue de son combat. ‘’Nous sommes et nous restons au Pds’’, a-t-il soutenu. Il a en outre déclaré qu’il n’a aucun problème particulier avec Abdoulaye Wade encore moins avec son fils Karim Wade. ‘’Me Wade est et reste notre père tout comme son fils est notre frère. Nous n’avons aucun problème d’ailleurs avec la candidature de Karim Wade qui a déjà été entérinée et qui ne fait l’objet d’aucune contestation de notre part’’, a-t-il déclaré. ‘’Rompre les amarres de l’immobilisme’’ Le président du Conseil départemental de Kébémer s’est insurgé au cours de cette rencontre contre ceux qu’il considère comme les adeptes du statu quo à l’intérieur du Parti démocratique sénégalais. Selon Modou Diagne Fada, avec l’investissement fait par Me Abdoulaye Wade sur des hommes et des femmes de grandes qualités, le Pds peut rêver d’un avenir radieux, mais à la condition de rompre les amarres de l’immobilisme. Ainsi, le parti doit écarter, selon lui, tous ceux qui sont aux côtés de Me Abdoulaye Wade et qui rechignent à toute idée d’insuffler une nouvelle dynamique au parti. ‘’Ces personnes, en mal de représentativité, ne disposent présentement que du maintien du statu quo comme unique moyen de survie dans un parti où une frange importante appelle de tous ses vœux le renouvellement de ses instances et la redynamisation de ses activités’’, croit savoir l’ancien ministre de la Santé. |
ASSANE MBAYE