Publié le 16 Dec 2014 - 23:46
TAHIBOU NDIAYE ET SA FAMILLE DEVANT LA CREI

La défense demande au juge de déclarer nulle toute la procédure

 

L'ancien Directeur général du Cadastre Tahibou Ndiaye, sa femme Ndèye Aby Diongue et ses deux filles Mame Fatou et Ndèye Rokhaya Thiam, ont tous comparu hier devant la Cour de Répression de l'Enrichissement Illicite (CREI). Les débats ont tourné autour des exceptions de nullité.

 

«Toute la présente procédure est nulle». Cette assertion de l’un des avocats de la défense a cristallisé les débats hier, lors de ce premier jour de procès de Tahibou Ndiaye et sa famille, inculpés pour enrichissement illicite. En prenant la parole en premier, Me Pape Samba Sô a soutenu que la commission d'instruction n'a pas respecté les 6 mois prévus par la loi, d’où la nullité de la présente procédure. Selon l'avocat, l'instruction concernant son client Tahibou Ndiaye devait prendre fin le 31 mai 2014, à compter du 3 décembre 2013. «Il y a une violation flagrante de la loi. Même une heure de privation de liberté est un grief», a lancé Me So. A son avis, ce sont les droits de Tahibou Ndiaye qui ont été plus que bafoués, puisque, «pendant six mois, voire plus, on lui a interdit de communiquer avec sa famille, principalement sa femme et ses enfants».

Son confrère Me Saër Lô Thiam s’est intéressé à ceux qui ont mené l’enquête préliminaire. «Toutes les personnes qui ont mené l'enquête n'avaient pas habilitation à le faire», a-t-il martelé, avant de s’attaquer aux rapports d'expertise. Me Thiam a dénoncé la façon dont la commission d'instruction a terminé son travail, puisque les concernés n’ont jamais été en possession des dossiers. «Le rapport d'expertise n'a jamais été communiqué à Tahibou et ses coïnculpés, encore moins à leurs avocats, ce qui n'est pas normal. On ne leur a pas donné l'occasion d'en faire des observations », a-t-il expliqué. Me Abdourahmane So dira que «cette procédure est un corps malade de la tête aux pieds, dans la mesure où l'on ne sait pas si les agents de la gendarmerie qui ont mené l'enquête en avaient les prérogatives’’. Mes Demba Ciré Bathily et Borso Pouye se sont eux intéressés aux délais de procédure qui, disent-ils, n’ont pas été respectés.

Tahibou est jugé dans un délai raisonnable

 A la suite des avocats de la défense, le parquet spécial a demandé au juge de rejeter l’ensemble des exceptions soulevées. Le substitut du procureur spécial de dire : «Il ne faut pas faire dire aux textes ce qu’ils n’ont pas dit». S’agissant des rapports d’expertise, Antoine Diome a refusé le fait que les conseils de Tahibou Ndiaye disent qu’ils n’en disposaient pas. Le substitut a alors rappelé à Me Bathily et ses confrères qu’ils avaient écrit au juge d’instruction pour disposer des rapports d’expertise. Et qu’ils ont, par la même occasion, demandé une requête aux fins de compléments d’expertise.

A son tour, le procureur spécial a apporté des précisions sur le procès-verbal d’enquête préliminaire de la gendarmerie. Cheikh Tidiane Mara a expliqué que l’enquête a été confiée au chef d’escadron Cheikh Sarr qui ne pouvait agir seul. Il a fait appel à des officiers de police judiciaire. Concernant le délai de 6 mois évoqué par les avocats de la défense, le procureur spécial a estimé que «Tahibou est jugé dans un délai raisonnable, surtout qu’il encourt une peine allant jusqu’à dix ans de prison». L’agent judiciaire de l’Etat a rejoint Cheikh Tidiane Mara pour demander au juge de rejeter les exceptions soulevées. Reprenant les propos de Me Abdourahmane Sô, El Hadj Birima Fall a laissé entendre que « si la procédure est un corps malade, le médecin est encore plus agonisant ».

Tout comme lui, les avocats de la partie civile ont demandé à Henri Grégoire Diop de rejeter les exceptions soulevées par la défense. Me Soulèye Macodou Fall est d’avis qu’il y a eu un strict respect des droits de la défense, notamment sur les rapports d’expertise qui ont été longuement communiqués durant l’enquête préliminaire. La réplique ne s'est pas fait attendre du côté de la défense. Me Pape Samba So est revenu à la charge, pour dire que son client a été restreint dans ses droits. « Il est obligé tous les lundis d’aller avec sa famille, émarger devant le juge de la commission d'instruction, sans oublier le fait qu'il soit interdit de sortie du territoire », a-t-il dit d'un ton ferme.

Ses confrères et lui comptent poursuivre leurs plaidoiries aujourd’hui. A noter qu’ils ne sont pas d’accord avec Me Yérim Thiam de la partie civile qui a souhaité que le président joigne les exceptions au fond.

NDEYE AWA BEYE

 

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