Publié le 27 Jun 2024 - 18:21
TRAVAIL FORCÉ ET EXPLOITATION SEXUELLE À KEDOUGOU

L’Adha dénonce les violations des droits humains dans l’industrie minière du Sénégal

 

L’organisation Action pour les droits humains et l’amitié (Adha) a exprimé, hier dans un communiqué, sa profonde inquiétude concernant les pratiques alarmantes de travail forcé et d’exploitation sexuelle dans la région aurifère de Kédougou, au sud-est du Sénégal, à la suite du rapport 2024 du département d’État américain qui a confirmé l’ampleur de cette crise humanitaire.

 

Selon le rapport accablant du département d’État américain, une exploitation des femmes et des filles est flagrante. ‘’Des femmes et des filles, parfois âgées d’à peine 12 ans, sont victimes de trafic sexuel orchestré par des réseaux organisés de trafiquants’’. Il est également indiqué que ces femmes proviennent de divers pays. ‘’Les victimes proviennent non seulement du Sénégal, mais aussi de pays voisins tels que le Nigeria, le Mali, le Bénin, le Burkina Faso, le Ghana, la Guinée, la Sierra Leone et même de la République populaire de Chine’’, précise le communiqué.

Le département d’État américain, dans son rapport, révèle les circonstances dans lesquelles les victimes ont été asservies. ‘’Ces criminels, dit-on, utilisent la servitude pour dettes et confisquent les documents d’identité des victimes pour les maintenir sous leur emprise’’.

Il est indiqué, dans le rapport, que ‘’les trafiquants confisquent les documents d’identité des victimes et leur imposent des frais de déplacement exorbitants, allant de 1,57 million à 2,15 millions F CFA (2 670 à 3 650 dollars)’’.

Aussi, il est souligné, toujours selon le rapport, un travail forcé des enfants dans les mines.

En effet, ‘’les abus ne s’arrêtent pas là. De jeunes garçons originaires de pays voisins sont soumis au travail forcé dans les mines d’or artisanales de Kédougou’’, dénoncent les Américains. Soulignant que les conditions de travail sont déplorables, voire alarmantes. ‘’Les conditions de travail y sont extrêmement précaires, inhumaines et dégradantes, en violation des droits fondamentaux des enfants, qui sont également victimes de traite’’.

Il est également rapporté que ‘’les familles des victimes sont parfois complices et reçoivent des paiements des trafiquants’’. Une étude de recherche citée dans le rapport met l’accent sur le fait ‘’qu’une personne sur cinq travaillant dans le commerce du sexe à Kédougou est victime de trafic sexuel’’.

Cette exploitation ne se limite pas qu’à la région minière. Toujours selon le rapport, il y a également ‘’des navires de pêche détenus par des ressortissants chinois et battant pavillon sénégalais qui exploitent des hommes ouest-africains’’. Il souligne que ces pratiques constituent une autre forme d’esclavage moderne.

Selon le rapport, un constat préoccupant est que ‘’le gouvernement du Sénégal ne respecte pas pleinement les normes minimales pour l’élimination de la traite des personnes, bien que des efforts soient déployés pour remédier à cette situation’’.

C’est en ce sens que l’organisation Action pour les droits humains et l’amitié (Adha) a lancé un appel à l’action.

En effet, face à cette situation désastreuse, l’organisation appelle le gouvernement sénégalais ‘’à renforcer les efforts de lutte contre la traite des personnes’’. L’Adha précise, dans son communiqué, de ‘’mettre en place des mesures de protection pour les victimes, y compris des services de soutien psychologique et médical ainsi que des programmes de réinsertion sociale’’.

Elle préconise une veille sur l’application des lois ainsi qu’une sensibilisation. ‘’Élaborer et appliquer des lois plus strictes contre les trafiquants et leurs complices, y compris les familles impliquées dans ces pratiques néfastes, sensibiliser le public sur les dangers et les signes de la traite des personnes, afin de prévenir de nouvelles victimes’’.

Pour finir, l’Adha exhorte également la communauté internationale à continuer de soutenir le Sénégal dans ses efforts pour éradiquer ces pratiques inhumaines et protéger les droits des victimes.

 

THECIA P. NYOMBA EKOMIE  (STAGIAIRE)

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