Publié le 26 Aug 2014 - 07:22
TROIS QUESTIONS A……DOUDOU DIA, DIRECTEUR EXECUTIF DE GOREE INSTITUTE

 ‘’Il faut comprendre la nature d’un conflit et ses causes pour pouvoir agir’’ 

 

Quelle est la pertinence de former des jeunes de la sous-région ouest-africaine à la prévention et la gestion des conflits ?

A Gorée Institute, notre mission principale, c’est d’œuvrer pour des sociétés africaines paisibles et autosuffisantes. Nous voyons le contexte qui prévaut actuellement en Afrique et surtout dans la sous-région. Il existe plusieurs mécanismes de gestion et de résolution des conflits, mais, dans ces mécanismes, la majorité de la population n’est pas prise en compte, notamment la frange jeune qui représente plus de 60%. Deuxièmement, au vu de la nature des conflits, leurs typologies et leurs niveaux, on constate que ce sont des conflits intergroupes, intercommunautaires, bref, des conflits à l’intérieur de nos Etats. 

On n’a plus en face des conflits entre Etats, d’où la nécessité de prendre une nouvelle dimension qui consiste à impliquer les jeunes dans le système de prévention et de consolidation de la paix. C’est pour cette raison que nous avons trouvé nécessaire de regrouper 25 jeunes leaders de la sous-région en provenance de 7 pays francophones de la zone CEDEAO. L’objectif étant entre autres de renforcer leurs capacités dans des outils d’analyse des conflits, et des outils relatifs à la transformation des conflits. Aussi, sur des questions liées à la médiation et une meilleure appréhension du contexte, parce que, souvent, le conflit part d’une base profonde d’incompréhension qui se transforme en tension, en crise et en conflit. C’est important donc pour nous de pouvoir impliquer ces jeunes dans ce système de prévention et de résolution des conflits.

Quelle a été la quintessence de ces modules ? 

Il s’est agi d’abord d’étudier le système des conflits en Afrique de l’Ouest. Les conflits en cours, liés à des caractères ethniques, intercommunautaires, au trafic de drogue, au terrorisme etc. En ce sens, il y a eu des modules qui ont visé à développer des capacités d’analyse des conflits jusqu’à la transformation. Parce que dans certains pays on en est à la phase de transformation des conflits qui touchent toutes les structures sociales.

Evidemment, la frange jeune est concernée par ces structures sociales. Quand on parle de questions liées à la transformation des conflits, il faut comprendre que c’est au point de vue personnel, structurel et culturel. Il faudrait donc une compréhension commune en ce sens. L’autre point, c’est de voir comment faire pour que les jeunes s’approprient des mécanismes de gestion et de résolution des conflits. C’est le cas des mécanismes de prévention des conflits de la CEDEAO que très peu de gens connaissent.

Pour le Sénégal, quelle est la pertinence d’une telle formation ?

Avec toutes les questions liées aux dynamiques au plan sous-régional, avec le cas du conflit casamançais au sud du pays, il est important que les jeunes comprennent la nature de ce conflit et ses causes. Sans cela, les jeunes ne pourront pas agir. Il s’agira aussi de voir comment la crise casamançaise peut impacter sur des pays comme la Guinée-Bissau. C’est pour cela d’ailleurs que nous avons impliqué dans cette formation des jeunes en provenance de la Guinée-Bissau. Comment essayer de créer un cadre d’harmonisation, de synergie d’action régionale afin de mettre en place un réseau de jeunes qui puisse travailler à la prévention et à la résolution des conflits.

AMADOU NDIAYE   

 

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