Publié le 20 Dec 2017 - 21:44
TROIS QUESTIONS A… DR MAURICE SOUDIECK DIONNE (ENSEIGNANT-CHERCHEUR A L’UGB)

‘’Le mois de janvier sera décisif dans la dynamique de dénouement du conflit socialiste’’

 

Le Ps a remis sur la table l’exclusion de Khalifa Sall et Cie pour janvier 2018. Au même moment, le procès du maire de Dakar est renvoyé à ce mois. Que vous inspire ces événements ?

Je pense que la rupture entre les deux camps est consommée. Les emprisonnements de Bamba Fall et compagnie et surtout de Khalifa Ababacar Sall ont marqué un point de non-retour dans la confrontation des forces antagoniques au sein du Parti socialiste. Tout cela a donc révélé que les contradictions entre les deux camps n’ont pas pu être réglées par la voie de la négociation politique. On est donc en présence d’un conflit ouvert.

C’est pourquoi la situation doit être clarifiée rapidement pour les uns et pour les autres, en raison de la proximité de l’échéance présidentielle de 2019. Voilà ce qui explique, d’une part, l’accélération des procédures pour juger Khalifa Ababacar Sall avec toutes les entorses faites à la légalité, concernant notamment la levée de son immunité parlementaire qu’on disait pourtant inexistante dans un premier temps ; le non-respect des délais prescrits par la loi pour convoquer la commission ad hoc ; la non communication de son dossier à ladite commission ; le fait que le maire de Dakar n’ait pas été entendu par la commission, etc. D’un autre côté, il y a également le fait qu’au niveau politique, la direction du parti est sommée de réagir pour éviter que le mouvement dissident ne prenne de l’ampleur au point de fragiliser le camp d’Ousmane Tanor Dieng.

Pour toutes ces raisons, le mois de janvier sera un mois décisif dans la dynamique de dénouement du conflit qui oppose les partisans de Khalifa Sall à la direction du Parti socialiste incarnée par Ousmane Tanor Dieng et ses affidés.

Les partisans de Khalifa Sall ont traduit la direction du Ps devant le juge des référés pour la non-régularité des réunions des instances du parti. Quelles sont leurs chances d’obtenir gain de cause ?

C’est une affaire politique qui est portée devant le juge, car la politique, comme toute autre activité sociale, ne saurait échapper à l’emprise des juridictions, en cas de contentieux. C’est donc un prolongement du combat politique sur le terrain judiciaire. Il appartiendra au juge, compte tenu des prétentions des deux parties, de donner une position au regard du droit. Mais il faut dire qu’en vérité, le Parti socialiste est contrôlé par Ousmane Tanor Dieng. Il me semble donc plus judicieux, pour les dissidents, de constituer un mouvement en dehors du parti et de travailler à le rendre attrayant avec un projet socialiste porté par un candidat charismatique pour la présidentielle de 2019. Avec cependant cette grande inconnue relativement à l’issue des démêlés judiciaires de Khalifa Ababacar Sall.

Les ‘’khalifistes’’ ont également entamé une vente des cartes pour, disent-ils, se compter. Comment analysez-vous cet acte que la direction du parti assimile à un coup d’Etat ?

 Un parti politique est une organisation. On ne peut pas prendre des décisions aussi importantes pour la vie du parti, en dehors des instances régulières qui existent et qui ont été mises en place à la suite du congrès tenu les 6 et 7 juin 2014. De tels actes, du point de vue de la légalité, ne peuvent être regardés que comme nuls et non avenus. Mais, sur le plan politique, cela peut être une stratégie efficace qui va consister à rassembler déjà à l’intérieur du parti tous les responsables et militants favorables à cette démarche qui consiste à s’autonomiser de la coalition Benno Bokk Yaakaar.

On a comme l’impression que c’est le travail que Khalifa Sall avait initié juste avant son incarcération qui est en train d’être poursuivi. En effet, c’est dans le contexte des tournées qu’il menait à travers le pays pour implanter son mouvement à l’intérieur même du parti, dans l’optique des élections législatives du 30 juillet dernier, que l’affaire politico-judiciaire dite de la caisse d’avance de la mairie de Dakar a été actionnée, qui a freiné son élan. Il semble, dans cette même logique, que la direction du parti s’achemine vers l’exclusion des dissidents, pour éviter que la formation politique ne soit vidée de l’intérieur !

 

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