Publié le 11 Aug 2020 - 19:00
UN AN APRES SON DECES

Les Jakartamen dépoussièrent le dossier Amar Mbaye

 

Dimanche prochain marque le premier anniversaire du rappel à Dieu du jeune boulanger et conducteur de moto-taxi ‘’Jakarta’’, Amar Mbaye. Il a été tué à Thiès, dans la nuit du vendredi au samedi 16 août 2019. Pour commémorer l’an 1 du décès tragique de leur camarade, les conducteurs de vélo-taxi de la cité du Rail exigent la lumière sur cette affaire qui, selon eux, ne ‘’doit pas rester impunie’’.

 

Tué dans des conditions tragiques, Amar Mbaye est parti à la fleur de l’âge. Son décès avait plongé la ville de Thiès dans un deuil profond. C’était en août 2019. Une date qui, sans doute, fait partie des pages sombres de l’histoire de la ville. Dimanche prochain, les Jakartamen célèbrent le premier anniversaire de la disparition de leur collègue Amar Mbaye. Une disparition qui a suscité beaucoup d’interrogations et de non-dits. Dans la mesure où un célèbre flic en service au poste de police des Parcelles-Assainies, dans la commune de Thiès-Ouest, avait été incriminé. Des témoins avaient déclaré que le défunt boulanger et conducteur de vélo-taxi communément appelé ‘’Jakarta’’, avait été abattu par lui. Sidérés, les Jakartamen avaient réclamé une enquête impartiale et complète pour élucider les circonstances de la mort du jeune Amar Mbaye.  De plus, le père de la victime, Mafatime Mbaye, a eu aussi à porter plainte contre X.

 Mais, un an après, l’enquête n’a pas avancé et semble avoir été classée sans suite. Tout est au point mort. Faute, dit-on, de témoins crédibles. Dans cette affaire, il n’y a donc aucun coupable. Même celui qui a été nommément cité n’a pas été inquiété. Hier, les conducteurs de vélo-taxi, qui préparent un hommage à leur collègue disparu, ont ‘’ressuscité’’ ce dossier sensible. Ce dimanche, ces derniers prévoient de porter un foulard ou un quelconque accessoire noir pour marquer encore le deuil d’Amar Mbaye et manifester leur colère afin que justice soit enfin rendue.

Pour eux, ce crime ‘’odieux’’ ne doit pas rester impuni. Selon le secrétaire général du Syndicat autonome, démocratique et indépendant des chauffeurs de moto-jakarta du Sénégal (Sadics), né au lendemain de la mort du jeune Amar Mbaye, il appartient à la justice de faire son travail et situer les responsabilités dans cette affaire. ‘’Après la mort de notre frère, son père avait porté plainte pour tirer au clair cette affaire. Mais, jusqu’à ce jour, l’enquête est au point mort. Il parait qu’ils sont toujours dans la phase de recherche de témoins. Pour un dossier qui fait presque un an, c’est inadmissible. Il y a des dossiers de ce genre qui ont été résolus en seulement trois mois.

Mais avec celui-ci, on nous parle de problème de témoins qui ont assisté à la scène. Nous avons vu et entendu des témoins le jour du décès. Alors, si on nous nous oppose ce prétexte pour expliquer le retard noté dans l’avancement de la procédure, on a le droit de nous poser beaucoup de questions qui restent malheureusement sans réponse. Dans cette affaire, la vérité sera dite’’, a lancé sous le coup de la colère Issa Dièye, lors d’un point de presse. Insistant sur le fait que cet acte ‘’odieux ne restera pas impuni’’, le patron du Sadics, soutient que ses camarades et lui sont prêts à se battre pour honorer la mémoire du défunt. Cette affaire est complexe.

Les précisions du policier incriminé et les résultats de l’autopsie

Si du côté des collègues d’Amar on évoque la thèse de l’assassinat, la police, incriminée, avait réfuté toutes ces allégations et brandi la thèse de l’accident. Pour elle, c’est cet incident qui a conduit à la mort du jeune Thiessois. D’ailleurs, le résultat tant attendu de l’autopsie du corps d’Amar Mbaye, effectué par un médecin légiste de l’hôpital Aristide Le Dantec, indiquait un ‘’traumatisme cervico-facial avec de multiples fractures ainsi qu’une hémorragie interne et externe de grande abondance’’. L’autopsie n’avait pas révélé ce qui a conduit à ce traumatisme.

Cependant, des témoins avaient soutenu que la victime a reçu un coup de pierre de la part du policier Makha Diop alias ‘’El Capo’’, au moment où d’autres affirmaient que le jeune boulanger est tombé de sa moto.

En revanche, le policier s’est vite dédouané. Il avait clamé son innocence et nié catégoriquement sa présence sur les lieux. ‘’Je sais que vous suivez ce qui se passe. Dieu a fait que je n’étais même pas sur les lieux, au moment des faits. Je ne suis mêlé ni de près encore moins de loin à cette affaire. Je ne sais pas ce qui s’est passé. Dieu sait que je n’étais même pas sur le théâtre des opérations’’, a-t-il confié à ses proches.

Dans les rangs des Jakartamen, la thèse de l’accident est toujours écartée. De l’avis d’Issa Dièye, c’est un ‘’crime qui ne doit pas rester impuni et ce dossier ne sera pas classé sans suite’’.

 Agé de 31 ans, Amar Mbaye a trouvé la mort dans des circonstances qui restent à élucider. Certains témoignages pointaient du doigt le patron de la brigade de recherches de la police des Parcelles-Assainies de Thiès. Celui-ci aurait confondu le jeune boulanger qui roulait à moto à un des conducteurs de moto-taxi que poursuivaient des policiers.

Amar est décédé, laissant derrière lui sa femme enceinte. Quelques jours après sa disparition, sa femme avait accouché. Malheureusement, le nouveau-né rejoindra aussi son papa dans l’au-delà.

Après cet épisode douloureux, l’épouse du jeune boulanger a quitté le domicile conjugal pour rejoindre ses parents. Elle se bat, dit-on, pour nourrir ses enfants. Pour apporter assistance à la femme de leur collègue décédé, les Jakartamen comptent organiser une collecte de fonds ce vendredi 14 août au profit de cette dernière.

GAUSTIN DIATTA (THIES)

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