Publié le 3 Apr 2014 - 23:29
UN CHAUFFEUR CONDAMNE POUR RECEL

6 ans en prison, à cause de 6 moutons volés

 

Pour avoir convoyé des moutons volés, Ibrahima Tamboura a passé près de six ans en prison, avant de recouvrer la liberté hier, après une condamnation de cinq ans ferme pour recel et détention et usage de chanvre indien.
 
 
Chauffeur de son état, Ibrahima Tamboura était employé en 2008 comme ‘’siiru maan’’ (chauffeur intérimaire). Selon les termes du contrat qui le liait au vrai propriétaire, il prenait service de 14h à 22h. Mais, dans la nuit du 26 au 27 mai de la même année, Ibrahima Tamboura décida de s’offrir des heures supplémentaires.
 
Un certain Moussa loua ses services pour transporter des moutons, moyennant 8 000 francs Cfa. Alors qu’il espérait se faire un peu d’argent, sa course l’a finalement conduit en prison où il est depuis le 3 juin 2008. 
 
Hier, il a recouvré la liberté, après avoir été condamné à cinq ans ferme pour recel et détention de chanvre indien. Car, les six moutons qu’il avait embarqués étaient volés au village de Yakham Lèye, chez le nommé Ngalla Sylla. Ce dernier a estimé hier son préjudice à 20 millions de francs Cfa, car sur un troupeau de 32 moutons, il ne lui en restait que 7, après le passage des voleurs. 
 
A la barre, le chauffeur s’est dit étranger au vol et ignorait même l’origine illicite des moutons. Il a argué que le collègue qui l’a mis en rapport avec Moussa Diop l'avait présenté comme un boucher. De ce fait, il n'avait aucune raison de refuser le job, en convoyant les moutons ''à minuit et non 3h du matin'', comme indiqué par les gendarmes.
 
Seulement, lorsqu’il a été rattrapé par les gendarmes à Ndiakhirat, Tamboura n’a pas obtempéré. Il a finalement été arrêté à l’entrée du village de Keur Ndiaye Lô, car il avait cogné un poteau électrique, après avoir raté un virage. Et même, à sa descente du véhicule, Tamboura a tenté de s’enfuir, avant d’être rattrapé au bout de 500 m. 
 
Lorsque le président Mamadou Lamine Diédhiou lui a demandé pourquoi il ne s’est pas garé à la demande des gendarmes, il a répondu : ‘’J’ai voulu me garer, mais Moussa m’a intimé l’ordre d’avancer, en me menaçant avec un couteau à la gorge’’, s’est justifié l’accusé. ‘’Des questions se posent certes par rapport à l’imputabilité des faits’’, mais selon l’avocat général, Djibril Bâ, ‘’seule une personne louche embarque des moutons à minuit’’.
 
Pour la répression, il a requis 20 ans de travaux forcés. Mes Mouhamed Mahmoune Fall et Betty Ndiaye ont rétorqué que ‘’l’enquête et l’instruction n’ont pas permis d’avoir des preuves’’. C’est pourquoi Me Malick Mbengue a plaidé l’acquittement, ne serait-ce qu’au bénéfice du doute. Finalement Ibrahima Tamboura a écopé d’une peine correctionnelle, en sus du paiement de dommages et intérêts d’un montant de cinq millions de francs Cfa.
 
FATOU SY