Publié le 24 Jul 2020 - 14:19
USA - PRÉSIDENTIELLE

Trump aboie, Biden trace

 

A l’inverse du tonitruant président américain, empêtré dans sa gestion calamiteuse de la crise du Covid-19, son adversaire démocrate fait profil bas, tout en peaufinant son programme et en maintenant une solide avance dans les sondages.

 

Joe Biden a adopté une stratégie inédite : le candidat démocrate à la présidentielle américaine tente de l’emporter sans battre campagne. Face à la pandémie de coronavirus, alors que des records de contamination sont dépassés chaque jour ou presque aux Etats-Unis, l’ex-vice-président de Barack Obama reste discret. Voulant se démarquer de Donald Trump, il a annoncé fin juin qu’il «suivrait les consignes du docteur» et n’organiserait aucun meeting d’ici le scrutin du 3 novembre. Le président américain avait au même moment voulu faire une démonstration de force de ses soutiens à Tulsa (Oklahoma). Un fiasco : la salle était loin d’être remplie, et la ville a connu une recrudescence d’infections au Covid-19 dans les semaines qui ont suivi. Il a ensuite annulé un meeting dans le New Hampshire. Preuve de la fébrilité de son équipe, Trump vient de changer, à moins de quatre mois de l’élection, de directeur de campagne.

Donations inédites

Biden, 77 ans, se contente de rares conférences de presse ou de discours depuis sa ville de Wilmington (Delaware). Confiné pendant de longues semaines chez lui, le candidat n’a organisé aucune sortie publique entre mi-mars et fin mai. «Il s’agit de la campagne la plus étrange de l’histoire moderne», a-t-il reconnu, donnant du grain à moudre à Trump et ses partisans, qui moquent un vieux Biden craintif, «caché dans son sous-sol». Mais pourquoi mettre en danger ses soutiens ou risquer de commettre l’une de ces gaffes dont il est coutumier ? D’autant qu’il maintient une solide avance sur Trump dans les études d’opinion - près de 9 points d’écart selon la moyenne des sondages nationaux. Qu’il est en tête dans tous les Etats clés qui font et défont les élections en basculant d’un parti à l’autre, du Wisconsin à la Floride. Et qu’il empoche des donations inédites pour sa campagne. En grande difficulté financière en début d’année, Biden avait péniblement amassé 9 millions de dollars (7,7 millions d’euros) pour le mois de janvier. En juin, 141 millions sont rentrés dans les caisses. Soit, pour le deuxième mois consécutif, plus que la campagne Trump (131 millions en juin). En tout, le candidat démocrate a engrangé 242 millions de dollars sur ses comptes de campagne. C’est moins que les 295 millions de Trump mais l’écart, un temps vertigineux, se resserre. Des deux côtés, les montants récoltés, nerf de la guerre des campagnes américaines, battent des records : chacune a déjà levé plus de fonds que celles des deux candidats de la précédente élection réunis (Clinton et Trump) en juillet 2016.

Virage à gauche

Biden mène une campagne a minima, mais profite du délitement du pouvoir trumpien, pris entre le mouvement antiraciste qui a suivi la mort de George Floyd à Minneapolis fin mai et une épidémie de Covid-19 hors de contrôle. En difficulté, Donald Trump tente de reprendre la main. Après avoir longtemps refusé de le faire, il s’est affiché avec un masque en public pour la première fois le 11 juillet - masque qu’il a même présenté comme «patriotique», sans aller jusqu’à réclamer son port dans l’ensemble du pays. En attendant, Biden continue de dérouler ses propositions et affine son programme. Notamment pour séduire l’aile progressiste du Parti démocrate, dont il aura besoin pour remporter la présidentielle, et tenter de reprendre l’avantage sur les sujets économiques, pour lesquels Donald Trump est considéré comme plus apte par les électeurs.

Le 11 juillet, un groupe de travail a présenté un agenda politique de compromis avec l’aile gauche du parti, élaboré avec l’aide de l’ex-rival de Joe Biden à la primaire, le sénateur du Vermont Bernie Sanders. Marquant un net virage à gauche pour la campagne de l’ancien vice-président sur l’éducation, l’immigration, la justice et la santé. Y figurent notamment l’augmentation du salaire minimum fédéral à 15 dollars et l’instauration d’un congé payé de douze semaines en cas de naissance ou de maladie. Mi-juillet, le candidat démocrate a aussi dévoilé un plan pour les énergies renouvelables, plus ambitieux que celui qu’il avait présenté lors de la primaire démocrate, promettant d’investir 2 000 milliards de dollars en quatre ans dans ce secteur pour mobiliser «des millions d’emplois» dans le pays et arriver à une production électrique propre en quinze ans. Quelques jours plus tôt, il avait annoncé un plan de 700 milliards de dollars pour relancer l’économie après la crise du coronavirus, qui a mis des millions d’Américains au chômage.

LIBERATION.FR

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