Un mort et plusieurs blessés graves
À l'instar des autres villes de la capitale, Rufisque a été le théâtre de violents affrontements entre les forces de l'ordre et la population. Pendant plusieurs heures, des milliers de manifestants ont fait la loi sur l’ensemble du centre-ville rufisquois. Des scènes que d’aucuns ont qualifié ''de jamais vue de mémoire de Sénégalais'' : Des assaillants prenant le dessus sur les policiers, les obligeant à opérer des replis successifs, jusqu'à se barricader dans leurs locaux. Ainsi acculés, les policiers ont été, par moments, contraints de faire usage de leurs armes à feu afin de pendre le dessus et protéger le commissariat. C’est dans ces circonstances que le jeune El Hadji Thiam a été abattu, à quelques encablures de la police urbaine. ''J’étais avec lui au moment des faits. C’est le policier qui conduisait le pick-up qui a tiré à bout portant sur El Hadji Thiam'', a confié son ami qui a révélé que l’homme de tenue en question ''a tiré à trois reprises. Mais le coup fatal lui a traversé la nuque pour sortir à la bouche''. Les larmes aux yeux, le jeune garçon de poursuivre : ''Je l’ai pris dans mes bras. On l’a tué d’une manière très sauvage au moment où la foule était en train de se replier''.
Selon ses amis et quelques membres de sa famille, il était âgé de 17 ans et était élève en classe de Cm1 à l’école Thiawlène située à quelques jets de pierre de chez lui, au quartier Colobane 2 Sud. A l’hôpital Youssou Mbargane Diop, personne n'a souhaité se prononcer sur le décès. Toutefois, on a appris que le corps sera acheminé vers l’Hôpital Le Dantec pour autopsie. Outre ce décès on a noté plusieurs blessés, notamment une personne très gravement atteint à l’œil droit. Dans leur furie, les manifestants ont mis à sac la gendarmerie situé sur le boulevard Maurice Guèye. La préfecture également n'a pas été épargnée.
Les affiches de Wade détruites, des forces de l’ordre en rupture de minutions
Ailleurs, dans la banlieue dakaroise, ce sont les populations de Cambérène qui ont ouvert les hostilités, dès le début de l’après-midi. Luttant contre le projet d’épuration des eaux usées, les jeunes y ont adjoint le départ de Wade. Ainsi, malgré l’intervention de Serigne Cheikh Mbacké Thiaw Laye qui a parlé au nom du khalife des Layènes, ce fut une véritable intifada. Les jeunes ont fait pleuvoir des pierres sur les gendarmes dépêchées sur place qui ont répliqué à coup de grenades lacrymogènes. Cette guérilla urbaine fera plusieurs blessés du côté des gendarmes et des jeunes. Ainsi, du rond-point ‘’case bi’’ à la pharmacie Golf, des pneus, des affiches à l’effigie du président Wade arrachées et brûlés ont jonché les routes.
Le même spectacle a été constaté sur l’autoroute à péage où il y a eu des affrontements entre les gendarmes et les jeunes, bloquant ainsi la circulation pendant plusieurs heures. Ici, les forces de l'ordre ont eu fort à faire, puisqu'à court de munitions, les vitres de leurs voitures ont été endommagées. Scènes insolites, elles ont été contraintes de balancer des pierres pour faire reculer les jeunes. À Guédiawaye, Pikine, Yembeul, Thiaroye, même constat et même doléance : ''On ne veut plus du président''.
PAPE MOUSSA GUEYE (Rufisque)
CHEIKH THIAM (Banlieue)