Ce qu'en attendent les Sénégalais de Mauritanie
La visite du Président Mohamed Ould Abdel Aziz à Dakar est très attendue par les Sénégalais installés chez le voisin du nord, au regard des difficultés qu'ils traversent et liées à leurs conditions de séjour.
Ils sont pêcheurs, ouvriers, domestiques, mais surtout chauffeurs, à avoir les oreilles braquées sur la capitale sénégalaise, attentifs aux conclusions qui découleraient des entretiens entre Sall et Aziz. En effet, les autorités mauritaniennes ont institué depuis mars 2012 une carte de séjour pour tous les étrangers vivant dans le pays. Du coup, les Sénégalais se sont sentis visés par cette mesure qui, selon Nouakchott, est contenue dans la loi de finance de 2012 en son article 370 (nouveau). Cette loi stipule : «La taxe de délivrance et de renouvellement de la carte de résident instituée par la réglementation sur l’immigration est fixée à 30 000 ouguiyas» (50 000 francs Cfa).
Le 13 mai 2012, l’ambassadeur du Sénégal en Mauritanie, Mamadou Kane, reçoit une note des autorités mauritaniennes, une note de confirmation de la mesure sus-indiquée. Ce qui est à l'origine d'un remue-ménage au sein des communautés étrangères indignées par le caractère «démesuré» de la caution financière. Le 9 septembre 2012, quelques jours avant la première visite de Macky Sall en Mauritanie (16 et 17 du même mois), le ministre mauritanien de l’Intérieur et le Gouverneur de Nouakchott convoquent les responsables des communautés étrangères pour leur notifier la levée de la caution financière. Les centres d'enrôlement sont alors pris d'assaut.
L'Etat revient sur sa parole
Mais en janvier 2013, coup de théâtre, l'Etat revient sur sa parole et remet en place la mesure et la caution de 50 000 francs Cfa. C’est l’imbroglio total, et la police des étrangers procède à des rafles. Et comme pour corser la note, il est annoncé l’introduction et l’application du «Permis Vert» pour tous les transporteurs en commun, avec cette précision de taille qui rappelle que ce sésame est réservé aux citoyens mauritaniens. Ce qui revient à expulser les chauffeurs étrangers de ce corps de métier. Selon nos informations, près de 300 chauffeurs de taxi sénégalais sont prêts à rentrer au bercail...
Par ailleurs, le secteur du transport inter-Etats entre la Mauritanie et le Sénégal connaît depuis 2008 des perturbations aboutissant aujourd’hui à des ruptures de charges à la frontière pour les gros transporteurs. En outre, depuis le 15 juin 2011, la Mauritanie a engagé un processus de «mauritanisation» des équipages de pêche artisanale. Depuis lors, les pêcheurs sénégalais sont soumis à des conditions draconiennes dans l’exercice de leur métier. Autant de dossiers et de questions sur lesquels les Sénégalais de Mauritanie attendent des éclaircissements...