Le troisième mandat met l’Hémicycle en ébullition
Les députés de l’opposition ont interpellé le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, sur la validité d’une nouvelle candidature de Macky Sall et ont rejeté la légalité d’une telle possibilité de troisième mandant. Par contre, ceux de la présidentiel ont clairement indiqué que l’actuel président sera leur candidat, lors des prochaines élections présidentielles.
Il n’attendait que ça : le passage du ministre de la justice. Barthélémy Toy Dias a pris la parole, hier, lors du vote du budget 2023 du département d’Ismaïla Madior Fall, pour faire part de sa préoccupation. Muni d’un enregistrement audio, il a rappelé au ministre les propos qu’il avait tenus à propos de la question du troisième mandat : ‘’L’article 27 de la Constitution dit que le président de la République est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs’’.
Selon Barthélémy Dias, le président Macky Sall a été élu sous l’emprise de la Constitution que Abdoulaye Wane avait laissée aux Sénégalais et qui limitait déjà le mandat présidentiel à deux mandants. ‘’Dans cette salle, personne n’a combattu le président Wade plus que moi. Si la loi n’est pas rétroactive, ce troisième mandat est considéré comme un deuxième mandat par la Constitution. Vous l’avez fait voter et vous êtes venu au pouvoir’’, a indiqué le député-maire qui a demandé au ministre de la justice de donner son point de vue sur la question.
Mimi Touré s’est aussi présentée à l’hémicycle, hier, et a pris la parole pour demander à Ismaïla Madior Fall une réponse plus précise. ‘’Vous avez défendu partout comme moi et le président du groupe parlementaire de Benno que nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs. Je veux que vous regardiez les Sénégalais les yeux dans les yeux pour le dire une 4ème fois. Vous êtes un professeur émérite… Que les intellectuels soient fidèles à la Constitution. Monsieur le Garde des Sceaux, respectez la Constitution, au lieu de penser aux privilèges. Nous voulons une réponse très claire sur cette ambiguïté dans le mandat’’.
Dans la même veine, Bara Gaye a averti Ismaïla Madior Fall : ‘’Vous risquez d’entrer dans l’histoire, mais, de la pire des manières. Et si le peuple brûle, vous ne sortirez pas sain et sauf’’.
Ismaïla Madior Fall se réfugie derrière la Doctrine
Avant le ministre, les députés de BBY avaient fait part de leur position très claire en faveur du troisième mandat. ‘’Ce n’est pas au ministère de la Justice de dire si Macky Sall sera président ou pas. C’est à nous de le dire. Nous l’avons élu. Et nous irons déposer au Conseil constitutionnel sa candidature pour le réélire. L’intimidation ne passera pas’’, a déclaré Astou Ndiaye. Demba Sow de renchérir : ‘’Rien n’empêchera à Macky Sall de déposer sa candidature et de battre campagne’’.
Diouf Sarr a aussi indiqué à Barth et Cie qu’il faut laisser à la justice de décider. ‘’Si un acteur (politicien) impose sa compréhension au juge, on ne peut espérer un Etat de droit’’, a-t-il indiqué.
Il faut souligner que se prononcer sur la question du troisième mandat était banni chez les responsables politiques du camp présidentiel. Jusque-là, c’était des personnalités éjectées du pouvoir qui osaient aborder la question ouvertement sur la place publique. ‘’On se prononcera, le moment venu’’, disait la majeure partie des politiques de BBY sur une éventuelle troisième candidature de Macky Sall. Maintenant, en plus des soutiens, des voix autorisées s’y mettent.
Prenant la parole, le ministre a d'abord, précisé avoir donné son avis en tant que Professeur de Droit sur la question, tout en relevant que cet avis n'est point revêtu de la force de la chose jugée. ‘’Par conséquent, à la juridiction compétente de dire le Droit, et à la Doctrine d'émettre un avis scientifique’’, a déclaré Ismaïla Madior Fall.
S'agissant de la Bonne Gouvernance, il a rappelé l'effectivité de la démocratie dans notre pays, contrairement à l'opinion de certains. Il a, dans cet élan, souligné qu'une note excellente est toujours attribuée au Sénégal par la plupart des organismes évaluateurs, notamment, la 3ème place en Afrique pour l'indice de bonne gouvernance Mo Ibrahim, de même, la première place en Afrique en matière d'initiative pour la transparence dans les industries extractives, dans le cadre de l'Initiative pour la Transparence dans les Industries extractives (ITIE).
BABACAR SY SEYE