L'eau saumâtre, en attendant Bogo
Les pèlerins qui iront célébrer le Magal dans la cité mouride devront encore se contenter de l'eau saumâtre qui coule des robinets (ou d'eau de source). Pour les autorités, le calvaire ne prendra fin qu'après la réalisation du projet de transfert d'eau douce de Touba-Bogo vers Touba, d'un coût de 45 milliards de francs Cfa.
La sortie de Serigne Basse Abdou Khadre, porte-parole du khalife général des Mourides, fustigeant l'absence d’infrastructures hydrauliques dignes de ce nom dans la ville de Touba semble bien fondée. Mais chez les autorités, entre l'installation du nouveau président de la République et la survenue du Magal, rien de grand et de significatif ne pouvait se faire dans le domaine de l’hydraulique. D'autant plus que la question de l’eau a toujours fait l’objet de racolages dans la cité religieuse. D'où la sortie de Macky Sall prenant date pour l'après-Magal, avant d'entamer et/ou de reprendre les grands travaux.
Selon le directeur régional de l’Hydraulique, Alassane Sam, le chef de l'Etat a annoncé, lors du conseil des ministres décentralisé, un projet de transfert d’eau douce de Touba-Bogo à Touba pour un coût total de près de 45 milliards de francs CFA. A ses yeux, c'est ce type d’investissement qui peut venir à bout du casse-tête de l'eau lors d'un grand événement comme le Magal. Selon M. Sam, le changement sera radical entre l'eau saumâtre que consomment présentement les populations de Touba et celle douce qui proviendrait de Touba Bogo. En gros, le technicien de l'Hydraulique souligne que tous les investissements déjà réalisés pour résoudre cette question n'auront pas servi à grand chose car le problème reste entier.
En attendant, d’importantes mesures ont été prises pour faire face à toute pénurie. C'est ainsi que le directeur régional de l'Hydraulique rappelle que l'ensemble des 19 forages existant à Touba fonctionnent de manière convenable. En outre, des pompes doseuses leur ont été adjointes pour neutraliser la coloration de l’eau afin de lutter contre certaines maladies hydriques. Et chaque forage est relié à un groupe électrogène pour éviter que la distribution du liquide ne soit otage des aléas électriques.
D'après Alassane Sam, pas moins de 15 camions citernes de la Protection de l’environnement viendront renforcer le dispositif mis en place, aux quatre coins de la cité religieuse. En fait, ces camions se chargeront de convoyer l’eau dans les localités où la pression pourrait connaître des baisses pouvant aboutir à des pénuries. Mais étant donné que cette eau n’est pas commercialisable, le Comité d’organisation du Magal a apposé sur ces camions des macarons sur lesquels on peut lire «Eau gratuite». A l’heure actuelle, les quartiers Madiyana et Darou Khoudoss, éternels abonnés aux pénuries, sont sous étroite surveillance.
BABACAR DIOUF (ENVOYÉ SPÉCIAL)
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