Publié le 15 Jan 2013 - 16:30
INTERVENTION MILITAIRE DU SÉNÉGAL AU MALI

Des Maliens au Sénégal sceptiques

Des vendeuses au marché malien de Dakar

 

La crise au Mali hante le sommeil de ses ressortissants au Sénégal. Ils ne dorment plus que d'un seul œil et voient leur commerce au ralenti. Toutefois, avec l'intervention militaire de différents pays, l'espoir renaît, mais ils restent pessimistes quant à l'appui du Sénégal.

 

 

Il est 18h 45mn au marché de la gare ferroviaire de Dakar, communément appelé ''marché Mali'', du fait de la forte présence des Maliens et des marchandises venant des pays de la sous-région. L'ambiance est électrique. A l'entrée du marché, des racoleurs accourent vers les visiteurs et leur proposent diverses marchandises. Les produits (beurre de karité, pain de singe, diwu ñor...), entre autres, sont étalés aux abords de la gare. A l’intérieur, la chasse aux clients. Chaque vendeur essaye d'attirer le plus d’acheteurs, en mettant en valeur le genre de tissus à vendre, et qui sont bien placés dans des armoires à vitrine. Si pour d'aucuns le commerce occupe une place très importante, pour d'autres, c'est le corps qui est dans le marché, mais l'esprit est au pays.

 

Moussa Diallo, 25 ans, est un vendeur de tissus. Le teint clair, ce fan de Drogba (il porte le maillot du footballeur ivoirien) fréquente le marché, depuis 2005, en provenance du Mali. Moussa s’inquiète beaucoup pour son Mali natal. Depuis deux semaines, l'envie de travailler l'a quitté. ''J'ai vraiment peur pour mon pays. Depuis que les bombardements ont commencé, je ne me sens pas à l'aise du tout. Chaque jour, j'appelle ma famille pour avoir de leurs nouvelles'', dit-il. Toutefois, il croit en la résolution du problème, avec l'intervention de l'armée française. Mais il reste pessimiste devant la décision du chef de l’État sénégalais d'envoyer 500 militaires pour aider son voisin dans cette crise. ''François Hollande a fait un bon acte. Pendant que tout le monde pensait au pire, il a envoyé ses hommes pour nous venir en aide. S'agissant de l'intervention des militaires sénégalais, je suis vraiment pessimiste. S'ils ne sont pas intervenus, depuis le début, ce n'est pas maintenant qu'ils vont le faire'', souligne-t-il.

 

 

Assis sur une chaise, Abdourahmane Doumbia a les mains sous le menton, en une attitude prostrée. Le regard vide, il a l'air pensif. Le commerçant a quitté son pays depuis 2002, à la recherche d'un travail. À 28 ans, il a mal. Il estime que cette crise n'est pas seulement une affaire malienne, mais plutôt internationale. ''J'ai mal de voir mon pays souffrir, sans l'aide de personne. Les pays voisins sont restés insensibles au problème jusqu'à ce que la situation empire. Cette intervention est tardive. Et je suis persuadé que si les Français n'étaient pas intervenus, les pays africains ne se seraient pas engagés. C'est une honte'', fustige-t-il.

 

Habillé en jean bleu et tee-shirt assorti de la même couleur, Abdourahmane se dit très remonté contre son pays d’accueil. ''J'ai connu le Sénégal par son hospitalité. C'est un pays frère, voisin et ami. Mais, nous n'avons pas senti son soutien dans cette affaire. Ils ont attendu que la France intervienne, pour réagir. Et je doute vraiment de cette décision d'envoyer 500 militaires pour appuyer les forces maliennes. C'est plus fort que moi, mais vraiment j'en doute fort'', informe Abdourahmane.

 

''À cause de la guerre, nous n'avons plus de produits''

 

''Mieux vaut tard que jamais. Cette crise a ralenti toutes nos activités. On ne peut plus faire correctement notre commerce, car nous avons peur de nous rendre au pays. Mes produits sont terminés depuis 4 mois. Je viens au marché pour aider mes amis à vendre les leurs.'', explique Mamadou Toukara. Pour Babacar Sakho, l'essentiel, c'est la résolution de la crise. ''Il faut que les Africains arrêtent les commentaires, les analyses et les beaux discours pour passer aux actes. C'est le plus important. Nous sommes très fatigués. Nous ne vivons que de ce commerce et rien ne marche maintenant. On prie nuit et jour, pour un retour définitif de la paix. Nous n'avons plus rien, car rien ne marche, la crise a affecté nos vivres'', dit-il.

 

 

Fatoumata Sawounera est soulagée par l'intervention de l'armée française, mais si elle reste soucieuse. ''Cette intervention est venue à son heure. On ne savait plus à quel saint se vouer, car tout est devenu difficile, tout d'un coup. Il n'y a plus de produits, et les clients ne viennent pas parce qu'ils sont au courant de la crise. Les produits en notre possession risquent de changer de goût. Et c'est une grande perte pour nous. Mais, je suis très contente du soutien des autres pays africains. Cela montre l'unité des Africains'', confie-t-elle.

 

 

 

Viviane DIATTA & Aïcha Waly Doumbia (stagiaire)

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