Mort d'un ancien chef de la police secrète de l'apartheid
Dirk Coetzee, ancien chef de l'unité de la police secrète sud-africaine de Vlakplaas, très active aux heures les plus noires de l'apartheid, est mort mercredi à Pretoria, a-t-on appris jeudi de source hospitalière.
"Il est mort des suites d'une insuffisance rénale", a indiqué à l'AFP une porte-parole du Life Wilgers Hospital de Pretoria. Des médias sud-africains ont indiqué qu'il était également atteint d'un cancer.
Vlakplaas, du nom de la ferme des environs de Pretoria où elle était basée, était une unité spéciale fondée en 1979, destinée à lutter de façon musclée contre les militants anti-apartheid.
Premier dirigeant de cette unité secrète, Dirk Coetzee a été amnistié en 1997, par la Commission Vérité et Réconciliation, pour le meurtre en novembre 1981 de l'avocat noir Griffith Mxenge, membre de l'ANC.
La Commission Vérité et Réconciliation a été créée après l'instauration de la démocratie en Afrique du Sud pour recenser les violations des droits de l'homme entre 1960 et 1994 et faciliter une réconciliation nationale. Coetzee avait été le premier policier blanc à avoir fait des révélations, en 1989, sur les atrocités de l'apartheid.
Dirk Coetzee, qui s'était décrit ironiquement lui-même comme le "grand traître de la race blanche", a reconnu avoir été impliqué dans d'autres meurtres. Il a plus tard indiqué à la police que les membres de son unité anti-terroriste tuaient des officiers qui hésitaient à commettre des atrocités.
Il a aussi décrit en détail comment lui-même et d'autres policiers festoyaient pendant qu'ils torturaient des personnes suspectes d'activités anti-apartheid, faisant par exemple un barbecue alors qu'ils brûlaient le corps d'une victime.
"Au début, ça sentait comme un braai (barbecue) normal, mais vers la fin, tout ce que vous sentiez, c'étaient les os en train de brûler", a-t-il déclaré à Jacques Pauw, le journaliste qui l'avait interrogé en 1989 et qui a depuis écrit plusieurs ouvrages sur les basses oeuvres de la police de l'apartheid.
D'un double meurtre de militants ANC, il avait dit que "c'était un boulot comme un autre".
Dirk Coetzee avait ensuite servi quelque temps dans les services de renseignement du gouvernement de Nelson Mandela, le premier président noir du pays élu en 1994.
"Il n'est jamais allé en prison, il a fui pour rejoindre l'ANC en 1990 (année de la libération de Nelson Mandela NDLR) et a travaillé pour le NIA (les services secrets sud-africains)", a dit de Coetzee jeudi Madeleine Fullard, qui enquête pour le Parquet sud-africain à la recherche de disparus de l'apartheid.