Publié le 28 Apr 2013 - 16:31
PROJET DE 5000 LOGEMENTS SOCIAUX À BAMBILOR

Des habitants de la localité dénoncent une ''spoliation'' de leurs terres 

 

Le projet de construction de 5000 logements sociaux dans la communauté rurale de Bambilor, dont la première pierre a été posée il y a moins d'une semaine par le ministre de l'Urbanisme et de l'Habitat, serait une ''arnaque'', d'après des habitants de la localité.

 

Lors d'une conférence de presse, hier, en présence d'une forte assistance, maraîchers et agriculteurs qui s'activent dans la zone se disent prêts à faire face à "ceux qu'ils veulent leur tirer le pain de la bouche". "Nous ne seront jamais d'accord avec ce projet, ni aujourd'hui ni demain. Et s'il plaît à Dieu, personne n'habitera sur le site. Nous sommes prêts à tout. Nous n'avons que ces terres pour travailler et vivre", a renchéri le chef de village de Keur Ndiaye Lo, situé dans la communauté rurale de Sangalkam.

 

Même son de cloche chez l'imam du village, Amary Ndiaye Ngom: "les Lébous ne connaissent que la terre et la mer. Ce qui peut les révolter, c'est de leur ôter la terre ou la mer. Aujourd'hui, les pêcheurs sont en train de pleurer parce que toutes les ressources de la mer sont taries et les terres habitables sont spoliées. Ici, à Keur Ndiaye Lo, dans chaque maison, vous y trouverez 50 hommes qui n'ont pas un toit et ce qui reste de nos terres nous servent à cultiver et à nous abriter. Elles ne peuvent même pas accueillir nos enfants qui n'ont pas de toit. Donc, si les 300 hectares sont cédés à d'autres, que nous restera-t-il ? Ils veulent que nous allions mendier ; ce que nous ne ferons pas."

 

Par ailleurs, les plaignants indexent Abdourahmane Seck dit ''Homère'', président du groupe Seti, attributaire du chantier, de faire du "fokati" (''spoliation''). Le chef d'entreprise se trouve être beau-père du président de la République, Macky Sall. "Nous demandons à Abdourahmane Seck Homère de nous rendre nos terres. C'est la délégation spéciale qui lui a, dans un premier temps, affecté ce site avant de le désaffecter. Ainsi nous voulons qu'il laisse ces terres qui ne lui appartiennent pas. Nous sommes jeunes et nous ne connaissons que l'agriculture, qu'on nous laisse exercer notre métier", a pesté Serigne Mbacké Tine, président du groupement Niayes Export et porte-parole de la population de la Communauté rurale de Bambilor.

 

M. Tine demande ainsi à la délégation spéciale de prendre ses responsabilités en sommant l'entrepreneur d'arrêter le processus. Le protestataire croit savoir que Abdourahmane Seck, par ailleurs président du conseil d'administration de Petrosen, "se dit intouchable parce qu'étant le beau-père du président de la République, Macky, et il se dit qu'il peut tout faire impunément. Ces choses sont révolues. Macky Sall avait prôné la rupture afin que ce qui existait jusqu'alors ne puisse plus prospérer. S'il laisse son beau-père faire ce qu'il veut, il est en train de trahir sa parole".

 

M. Tine dénonce aussi la famille de Ama Khoudia Mbengue qui serait propriétaire du site en question. Il soutient que "cette famille ne possède aucune terre dans cette localité de Bambilor. Nous avons rencontré les anciens et les vieux, ils nous ont dit que cette famille ne possède aucune parcelle de terre dans cette localité". Revenant sur le sens de leur sortie d'hier, Pathé Watt, promoteur agricole et conseiller municipal à la mairie de Rufisque, signale que "tout cela est une nébuleuse, un subterfuge. Nous ne pouvons pas être dans le secteur sans savoir que quelqu'un détient ici 120 hectares. On ne sait même pas où commence le projet et où il s'arrête". À l'en croire, "on est en train de mettre 5000 maisons sur un marigot. Les parcelles qui doivent être attribuées pour des maisons sont des parcelles inondables. À partir de ce moment (...) on veut développer l'agriculture et on pose des problèmes au secteur agricole. Je me demande si les gens savent ce qu'ils font". 

 

PAPE MOUSSA GUEYE

 

 

 

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