La famille Mbengue conforte le beau-père du président, les maraîchers dénoncent une grosse arnaque
Le bras de fer entre la société Seti dont Homère Seck, le beau-père du président de la République, est le président et les maraîchers de la communauté rurale de Bambilor continue de plus belle. Par presse interposée, chaque partie y va de sa stratégie.
Les 119 hectares cédés à la société Seti du beau-père du président de la République, à Bambilor, continuent de faire des vagues. La famille Ama Khoudia Mbengue a organisé mardi une conférence de presse pour démontrer que le site devant abriter 5000 logements sociaux leur appartient. En présence du grand Jaraaf Mbor Guèye, les membres de la famille ont révélé leurs preuves. "Mon père est né en 1903, moi, en 1952. Donc, j'ai 61 ans. Mon père est le huitième petit-fils de mon arrière grand-père Ama Khoudia Mbengue à qui appartenaient ces terres''.
Selon Bagane Mbengue, leur "aïeul avait un petit frère du nom de Ibra Mbengue et une sœur Johana Mbengue qui s'occupaient de la procuration et des baux''. Donc, poursuit-il, ''ça nous étonne que quelqu'un d'autre se présente pour revendiquer ces terres. Car nous avons des preuves tangibles et palpables que ces terres nous appartiennent. Le site appartient à Ama Khoudia Mbengue, Bassamba Guèye son grand frère et Gobé Ndiaye dont nous sommes les descendants". Aussi, dira Oustaze Ibou Dieng, un autre membre de la famille, "Homère Seck, ne s'est pas levé un bon jour pour prendre cette superficie. C'est la famille qui lui a donné le site". La famille, dit-il, possède deux titres fonciers. Le TF 38 qui se trouve être le site en question et le TF 29 compris entre Deny Malick Guèye et Sangalkam. ''Nous disposons aussi du reçu du paiement de notre aïeul qui date de 1958".
Dans dans une déclaration, les membres de la famille de feu Ama Khoudia Mbengue renseignent que les terres en question sont composées par des sites connus sous les noms de "Nokhou", "Gouye Bada", "Gouya Diop", "Gouyam Khamb","Khabor" et "Ndiéga". "Ces terres sont comprises entre les villages de Keur Ndiaye Lo, Ndiakhirat et Mbeut. Mieux, poursuit la note, "en 1956, les héritiers ont reçu une indemnisation par l'intermédiaire de leur mandataire Ibra Mbengue, à la suite de la pose de la conduite d'eau Dakar-Sébikhotane. Une opération de constatation des droits coutumiers sur l'emprise de canalisation d'eau de Sébi à Dakar. Les références étaient: titre foncier numéro 38 et titre foncier foncier numéro 29". Ces documents ont été lus par un autre membre de la famille, Abdou Aziz Ndoye qui a proféré des menaces: "Lorsque l'on parle de "Gouye Khamb", ceux qui habitent Bargny savent que lorsque les Kadjor-Kadjor ont voulu envahir le Cap-Vert, c'est avec l'appui des essaims d'abeilles qui étaient logés dans les "khamb" qui les ont fait fuir. Nous avons toujours ces pouvoirs".
Les maraîchers dénoncent une arnaque
En réponse à la famille de feu Ama Khoudia Mbengue, les maraîchers ont, à leur tour, organisé une conférence de presse à Keur Ndiaye Lo. Ils ont dénoncé une nébuleuse. ''D'un côté, le ministre parle de délibération. De l'autre, on nous brandit des titres fonciers, alors qu'il s'agit du même site. Comment des gens peuvent-ils faire des délibérations sur un titre foncier"? s'est interrogé Mouhamadou Watt, leur porte-parole. Les exploitants maraîchers se disent sereins. ''Le ministre n'a pas à s'inquiéter, nous avons tous les papiers. On a des délibérations en bonne et due forme. On les brandira le moment venu", assure le porte-parole. Ces maraîchers sont d'autant plus fondés à croire qu'il s'agit d'une nébuleuse que la société Seti, renseignent-ils, n'a pas encore dit les limites exactes du projet de 5 000 logements. "Ils ne nous ont pas encore dit où ça va commencer et où ça va s'arrêter."
En outre, Mouhamadou Watt avance qu'il est absurde de vouloir ériger le site en zone d'habitation. "Cette zone est à usage agricole. La preuve, sur 60 km, des conduites d'eau nous ont été fournies à partir du forage de Beer Thialane. C'est de l'argent qui a été dépensé pour ça". Ce qui lui fait dire : "Il faut que le ministre sache que nous ne sommes pas des spéculateurs fonciers. Nous n'entrons pas dans le chantage. On a été visité par tous les ministres du gouvernement et par le président de la Banque mondiale". Il se demande en quoi "une politique de logement est-elle plus prépondérante qu'une politique agricole?'' ''Pourquoi, poursuit-il, venir encore mettre des gens dans des zones inondables ?"
Les exploitants agricoles de la zone sont d'avis que dans cette affaire, il y a une tentative manifeste d'expropriation de leurs terres.
PAPE MOUSSA GUÈYE
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