''Dans 10 ans, le kg de pain sera à 1 000 francs''
Anticipant sur une hausse importante et difficilement tenable du prix du pain, d’ici 10 à 20 ans, des acteurs engagent la promotion du consommer local à travers un projet. Celui-ci repose sur un financement de 2,2 milliards F Cfa sur une période de 3 ans.
Depuis 2007, le prix du blé ne cesse d’augmenter. Et cela risque d'empirer dans les prochaines années, à en croire le président de la Fédération nationale des boulangers du Sénégal (FNBS), Amadou Gaye. D'après lui, à ce rythme, le prix du pain risque de monter à 1 000 francs Cfa le kg, d'ici 10 à 20 ans. Pour s'y préparer, une chaîne de valeur s’est formée autour de l’Association sénégalaise pour la promotion du développement à la base (Asprodeb), qui regroupe producteurs, transformateurs et boulangers du Sénégal, pour promouvoir la consommation de produits locaux. L'Asprodeb est associée à la Fédération nationale des boulangers du Sénégal (FNBS), à l'Institut de technologies alimentaires (ITA) et au Fonds national de recherches agricoles et agroalimentaires (FNRAA), dans un projet de panification en céréale (mil, maïs et niébé). D'un financement de 2,2 milliards F Cfa, l'initiative a démarré l’année dernière à Dakar dans 50 boulangeries.
''Cette crise du pain est récurrente. C’est pourquoi nous sommes aujourd’hui à une nouvelle phase pour faire bénéficier ce type de projet à beaucoup de boulangers et ceci permettra de résoudre définitivement et pendant plusieurs années un problème crucial sur le marché du pain'', a expliqué M. Gaye au terme de sa visite, hier, à la communauté tidianiya à Thiès.
En fait, les promoteurs du projet ont entrepris de sensibiliser les guides religieux à cette cause du mois de ramadan. ''Le mois de ramadan est une opportunité pour faire mieux connaître et apprécier les valeurs organoleptiques et nutritives du pain composé. En effet, aussi bien au moment de la rupture du jeûne qu’à celui de son commencement, les musulmans recherchent des produits alimentaires leur permettant de compenser l’abstinence pendant plusieurs heures'', indique un communiqué de l'Asprodeb. Ce faisant, la FNBS, l’ASPRODEB et l’ITA offrent aux trois grandes confréries religieuses (mouride, tidiane et layène) un lot de pains variés à base de céréales locales pour la rupture du jeûne. ''L’appréciation positive des leaders religieux serait un atout important pour encourager la consommation de ces pains'', souligne la même source.
Vendredi dernier, ils ont rendu visite, à son domicile à Yoff, au Khalife général des Layènes pour lui présenter le pain composé de céréales locales. Et à en croire le conseiller en communication de l'Asprodeb, Amadou Kanar Diop, ''le khalife a bien apprécié l'initiative et les produits qui ont été présentés''. Et de l'avis de M. Diop, le guide religieux à souhaiter que l'expérience se développement dans sa localité et au bénéfice la communauté layène.
En fait, les promoteurs font valoir les ''bienfaits économiques et sanitaires'' de ce pain composé. ''Nous fabriquons des pains à base de mil, de maïs et de niébé. Le cake est aussi fait à base de ces céréales locales. Pour dire simplement aux Sénégalais que nous devons consommer nos produits locaux. Nous allons commencer par 15% d’incorporation et inciter la population de se faire à l’idée que consommer ces types de pain, c’est d’abord préserver sa santé mais aussi appuyer les producteurs à travers le Sénégal. Il permettra également de préserver l’économie nationale'', a dit Amadou Gaye.
Le docteur Pape Sall, directeur général du Fonds national de recherche agricole et agroalimentaire, a fait savoir que le projet, d'une durée de 3 ans, s'étendra aux autres régions. ''Nous avons dégagé une enveloppe de 2,2 milliards pour pouvoir appuyer ces initiatives afin que les Sénégalais puissent bénéficier de ce pain et par voie de conséquence valoriser les céréales locales'', a-t-il appuyé.