‘’Le gouvernement... et la politique de connivence et de collaboration avec le régime de Jammeh’’
Avec un homme comme Yaya Jammeh, il faut surtout éviter une politique de ‘’connivence et de collaboration comme semble le faire aujourd’hui le Gouvernement du Sénégal’’. Des propos tenus par le président de la Ligue sénégalaise des droits de l’Homme, Assane Dioma Ndiaye, en prélude à la célébration demain du premier anniversaire de l’exécution de Tabara Samb, Saliou Niang et 7 autres prisonniers en Gambie.
Demain vendredi, l’ONG Article 19, en partenariat avec des Organisations de défense des droits humains comme la Ligue sénégalaise des droits de l’Homme, entend commémorer le premier anniversaire de la peine de mort appliquée par le régime de Jammeh sur 9 prisonniers dont 2 Sénégalais. Que retenez-vous de ce sombre épisode ?
Beaucoup d’amertume et d’exaspération. Qu’en ce troisième millénaire, avec le développement du droit humanitaire, un président de la République puisse procéder à une exécution collective de cette nature et qui s’apparente ni plus ni moins à des exécutions extra-judiciaires, au su et au vu de la Communauté Internationale, doit pousser à réfléchir. Ce, d’autant que les exécutions ont concerné des Sénégalais qui n’ont pas pu bénéficier d’un procès juste et équitable.
L’entêtement du président Jammeh à aller jusqu’au bout de sa logique, malgré l’intervention de l’opinion internationale, avait créé des brouilles entre la Gambie et le Sénégal. Il s’en est suivi un tir groupé sur le président Jammeh. Aujourd’hui, les gens semblent oublier…
Le gouvernement sénégalais ne pouvait ne pas réagir à un tel affront et à des violations graves aussi bien des droits de la défense que des règles de préséance diplomatique. Le Sénégal n’a pas été mis en situation de mettre en branle une protection diplomatique et consulaire en faveur de ses citoyens et pire, n’a même pas été informé des exécutions. Il s’y ajoute que les ONG et l’opinion publique sénégalaise ont réagi à la dimension de l’indignation suscitée par ces exécutions.
Selon vous, quelle méthode doit-on utiliser pour amener le président Jammeh à plus de souplesse ?
Méthode de fermeté et d’isolement. Il faut surtout éviter une politique de connivence et de collaboration comme semble le faire aujourd’hui le Gouvernement du Sénégal. Le dictateur est dans une psychologie de surdimensionnement. Il est important qu’il puisse se rendre compte de sa puissance surfaite basée essentiellement sur la répression et la terreur. Sous ce rapport, la justice pénale internationale a un important rôle à jouer.
Récemment, on a vu le président Jammeh gracier des prisonniers parmi lesquels 3 Sénégalais. Est-ce là un signe de décrispation de sa part ?
Il s’agit simplement d’une rationalité stratégique de la part d’un mégalomane qui sait tirer les ficelles à sa guise. Cela procède de la même logique que ses surenchères dans le dossier casamançais.