Le SASF menace de mettre fin à la mission
Quand le carburant fait défaut, impossible de faire l'évacuation aérienne des malades de (et à) l'intérieur du pays. Le Sasf accuse ainsi l'Etat et certains de ses démembrements d'incompétence dans un secteur où il ne lui est pourtant demandé que le minimum.
La prise en charge des malades demeure un éternel problème de santé au Sénégal. Les patients n'arrêtent pas de crier leur peine face aux ratés notés dans ce domaine. C'est ainsi que l'association Secours aériens sans frontières (SASF) dit être confrontée à de grosses difficultés pour l'évacuation aérienne des malades à l’intérieur du pays. Elle a menacé hier de mettre fin le 30 décembre prochain à sa mission si rien n'est entrepris pour inverser la tendance. D'ailleurs, a révélé son secrétaire exécutif, les évacuations viennent d'être arrêtées par manque de carburant. Selon Xavier Diatta, un avion “entièrement médicalisé” dédié à l'évacuation sanitaire de malades, de blessés, de parturientes et à la mise en place de vaccins sur le territoire national, a été mis à la disposition de son association par un mécène pour un euro symbolique. ''Une convention a été signée en 2007 avec le ministère de la Santé pour faire figurer l'avion dans le dispositif d'urgence au
Sénégal. Une dotation en carburant pour une valeur de 60 millions devait nous être allouée. A ce jour, nous n'avons reçu que l'équivalent de 3 millions...”, s'est indigné M. Diatta.
2 avions en voie d'être perdus
A l'en croire, ce sont des formalités administratives internes au ministère de la Santé qui bloquent le reliquat attendu. ''Pendant ce temps, des citoyens dans l'urgence sont laissés en rade. Le budget annuel de fonctionnement de l'avion est à 180 millions de francs de carburant par année. Et chaque année, ce sont des sponsors qui financent les évacuations. On n'a plus de carburant”, signale Xavier Diatta qui constate “leur échec” après dix ans d'efforts pour doter le Sénégal d'un outil d'évacuation optimal.
“Le Sénégal ne dispose que de ce seul avion pour l'évacuation des urgences à l’intérieur du pays, à part celui des militaires qui n'est pas médicalisé. C'est dur, au moment où des milliards de francs Cfa sont investis pour l’achat d'ambulances médicalisées”, dit-il avec regret. Cette affaire n'est malheureusement pas la seule dans le domaine, rappelle Xavier Diatta. Selon le Secrétaire exécutif de SASF, “en 1994, la Coopération française avait offert au Sénégal un ULM de type Petrel qui, après 7 ans d'entreposage, avait été mis à la réforme sans jamais servir. En 1998, c'est la Coopération israélienne qui avait offert un avion de type CESSNA au ministère de l'Environnement. Il est actuellement en attente de réforme sans avoir servi jusqu'ici”. Conclusion de Xavier Diatta : “au niveau institutionnel, il y a un gros problème de compétence de mise en oeuvre aéronautique”.