Publié le 8 Nov 2013 - 16:19
DOS D’ÂNE, NIDS DE POULE, CREVASSE

Le casse-tête des routes à Dakar

 

Souffrance, douleurs abdominales, problèmes de reins, tourmente sont les mots et maux qui reviennent comme une ritournelle dans la bouche des automobilistes de la capitale. Contraints d’emprunter quotidiennement des routes cahoteuses, ils ne savent plus à quel saint se

 

Un Vendredi du mois de novembre à Dakar. Il est midi, l’heure où les rayons du soleil font leurs effets en cette période de forte chaleur. Une randonnée à travers quelques artères de Dakar finit par se révéler pénible et éprouvante. La chaleur est  étouffante. L’air est chaud. Les routes, dans leur majorité, sont dans un état de délabrement très avancé. Circuler dans Dakar relève d’un véritable parcours du combattant. La qualité des infrastructures routières laisse à désirer.

Le même décor s’offre dans plusieurs quartiers de la capitale sénégalaise, des plus modestes aux plus huppés, en passant par les quartiers populaires. Le point commun de ces routes est leur faculté à transformer le corps des automobilistes en une masse percluse de douleur. «Ces routes nous font perdre toute notre jeunesse. On est toujours aux prises avec des douleurs abdominales, des maux de ventre, de problèmes de reins. On serait aussi très exposés aux hémorroïdes, alors que nous ne disposons pas de prise en charge médicale et n’avons pas toujours les moyens d’un suivi médical'', déplore Lamine Wilane, un chauffeur de taxi rencontré dans un garage au Point E. L’homme est un ancien militaire. Son point de vue est largement partagé.

SDE, SENELEC, SONATEL, au banc des accusés

La réalité des faits lui donne d’ailleurs raison. Il faut s’attendre à Dakar, après chaque virage, à être secoué par des nids de poule, ou autre dos d’âne. Les fréquentes installations de câbles électriques ont fini par changer la morphologie des routes. D’autres sont rocailleuses, car recouvertes de pierre. ''La faute est également à imputer à la Société des eaux, la Société nationale de l’électricité, la Sonatel et les autres sociétés sous-traitantes qui coupent les routes sans prendre le soin de les réfectionner après leurs travaux'', fulmine Lamine Wilane, soutenu dans cette assertion par d’autres chauffeurs de taxi tels Mouhamed Ndiaye rencontrés sur les mêmes lieux.

Des allées Ababacar Sy de Dakar, en passant par les quartiers populeux de Dakar tels que Grand-Dakar, Fass, Médina, ou encore les quartiers dits résidentiels tels Point E, Sacré-Cœur, ou même les nouveaux quartiers de riches à Yoff, les chauffeurs sont tenus d’éviter toute maladresse. Ils sont conscients de circuler sur de véritables tombeaux ouverts. C'est la cas à Colobane de la route qui passe devant la Caisse de sécurité sociale pour rallier les Allées du Centenaire. Les automobilistes y vivent un «traumatisme» vu qu'elle repose sur des crevasses. Elle est complètement craquelée. Dans certains quartiers, comme à la rue 29 de la Médina, les populations sont épargnées de vrombissement des moteurs de voiture. Les chauffeurs refusent d’arpenter cette voie sinueuse qui fait virevolter les automobiles. «Ce qui est étonnant est que notre maire a décidé de réfectionner les routes contiguës, mais il nous a fait comprendre que la rue 29 ne figure pas dans son agenda», se désole Idrissa Fall chef d’un garage de mécanicien sur la rue précitée.

Les accidents n’ont lieu que sur les ''bonnes'' routes

Même complainte dans d’autres quartiers de Dakar dont les routes présentent des allures de montagne. A Ouakam, non loin du grand marché ou encore dans les nouvelles cités (cité Avion, cité Comico), la randonnée est cauchemardesque. Entre pentes, routes sablonneuses, creux et nids de poule… la souffrance est multiforme. ''C’est aberrant de constater l’état des routes à Dakar. Elles sont toutes impraticables. La situation est encore plus catastrophique dans les nouveaux quartiers. A Ouest-Foire, par exemple, des routes se sont complètement fissurées. Au rond-point du quartier Nord-Foire, les voitures sont fréquemment victimes de crevaison'', se désole Khadija Sy, une journaliste de la 2 Stv rencontrée à la rue 29 de la Médina. Amère, elle en appelle à une urgente intervention des autorités compétentes surtout que, dit-elle : ''l’éclairage public fait défaut. Les barrières protectrices sises sur l’autoroute n’existent que de nom''.

Le mauvais état des routes serait-il à l’origine de la recrudescence des accidents de la circulation ? «L’indiscipline des chauffeurs peut être mise en cause, mais les routes nous rendent la tâche difficile», confie Lamine Hanne, un ancien militaire reconverti en chauffeur de taxi, rencontré au garage des taximen au Point E.  Pour autant, l’homme souligne qu’il faut savoir raison garder. Selon lui, «les accidents de la circulation ne se produisent que sur les routes en bon état.  Les chauffeurs font preuve d’habileté et de prudence sur les mauvaises routes».

Mauvaises routes : ''Négligence et inertie des autorités étatiques''

Cette affirmation, partagée par tous les automobilistes interpellés, semble être en adéquation avec les dernières études du Ministère de l’Équipement et des Transports terrestres. Les routes ne sont à l’origine que de 10% des accidents de la route. ''A cause des nids de poule, on est toujours obligé de faire des déviations, ce qui est source de dégâts sur tous les plans'', rajoutent à l’unanimité les chauffeurs interpellés. Ils ne supportent pas, par ailleurs, qu’on les taxe de «chauffards», eux qui se sentent victimes de la négligence, voire de l’inertie des autorités étatiques. Ils disent risquer leur vie chaque jour. Leur santé est aussi mise en péril. «Nous sommes malades», fulminent ils.

A Dakar, il n’est possible de circuler normalement que sur la corniche, le centre ville, les Almadies, Fann et sur les ''routes principales'', même si la banlieue dakaroise peut se vanter de ses nouvelles routes assez «confortables». C’est le cas à Guédiawaye, non loin de l’hôpital «Dalal Jamm». En revanche, les routes secondaires continuent d'exiger beaucoup d’ingéniosité de la part de leurs usagers.

Pour le chauffeur cameraman de la 2 Stv, rencontré dans la circulation, seule la route Thiès-Saint-Louis, qui date de Mathusalem, respire la bonne santé dans notre pays. Pour le reste, c’est toujours un parcours du combattant. Les routes des Parcelles Assainies sont des plus cahoteuses. La banlieue de Dakar se lamente du mauvais état de ses routes.

 

Section: 
RETRAIT DES BASES MILITAIRES : La vérité sur les discussions entre Paris et Dakar 
DEUX COMITÉS MIS EN PLACE POUR LUTTER CONTRE LA MIGRATION IRRÉGULIÈRE : Kolda, une région pourvoyeuse de candidats
SAINT-LOUIS : DÉSACCORD À L’HÔPITAL RÉGIONAL : La direction et un collectif d’usagers à couteaux tirés
Faible nombre de donneurs de sang
OUVERTURE D'UNE INFORMATION JUDICIAIRE : Le Parquet financier à la traque de 125 milliards
Emedia invest
ZIGUINCHOR - MISE EN ŒUVRE DU PLAN DIOMAYE POUR LA CASAMANCE : L’État lance le projet d’accompagnement des déplacés de retour au bercail
Saisie de chanvre indien à Karang
NOUVEAU PACTE SOCIAL AVEC LES CENTRALES SYNDICALES… : L’USDS salue la décision de Diomaye Faye
TOUBACOUTA - LUTTE CONTRE L’ÉMIGRATION IRRÉGULIÈRE : Un recruteur et l’équipage d’une pirogue déférés  
SANTÉ SEXUELLE ET REPRODUCTIVE : La tutelle fixe ses objectifs stratégiques
DPG DU PM : L’analyse exhaustive d’AM-FIT
ITW - BAKARY NDIAYE, CHEF DE LA DIVISION DE LA CONSOMMATION ET DE LA SÉCURITÉ DES CONSOMMATEURS : “En 2024, nous avons incinéré 18 000 t de produits impropres à la consommation”
Maison de la presse
Affaire Farès-Omaïs
Opération de sécurisation
AG CONSTITUTIVE DE LA SOCIÉTÉ COOPÉRATIVE MULTISECTORIELLE SÉNÉGAL ÇA KANAM : Top départ d'un projet ambitieux
MISE EN DANGER DE LA VIE D'AUTRUI : Quatre personnes interpellées par la gendarmerie de Keur Massar
24E ÉDITION DU FORUM DE L’EMPLOI DES JEUNES : L’atelier Training a refusé du monde
POUR NE  PAS S’ÊTRE ACQUITTÉ DE SA DETTE : S. Tine se fait séquestrer et humilier par Daouda Kharma et Cie