Le récent arraisonnement du bateau russe aura eu le mérite de pousser les autorités étatiques sénégalaises à vouloir réviser le cadre juridique régissant la pêche. Le président de la République Macky Sall a déclaré la guerre aux bateaux pirates étrangers.

Une nouvelle législation beaucoup plus stricte à l'encontre des bateaux pirates. C'est ce qu'a promis hier le président de la République, Macky Sall. En visite de travail, dans la localité de Cayar (région de Thiès), le Chef de l'État a fait part de sa volonté d'engager une nouvelle révision du cadre juridique de la pêche afin de l'adapter aux exigences actuelles du secteur.

''J'ai demandé au ministre Ali Haïdar de me présenter avant le mois d'avril, une nouvelle législation beaucoup plus stricte, dans le cadre du renforcement du dispositif de répression contre la pêche illicite dans nos côtes'', a déclaré le président de la République Macky Sall devant une foule composée pour la plupart de pêcheurs, mareyeurs et de simples citoyens venus l’accueillir.

En effet, c'est vers 15h que le président de la République Macky Sall est arrivé à Cayar, après avoir fait un saut à Ndiassane. Prétextant une visite de travail, Macky Sall a initié un dialogue direct entre lui et l'ensemble des acteurs de la pêche qui ont émis une kyrielle de doléances, pour la préservation des ressources halieutiques du pays et pour l'amélioration des conditions de travail des pêcheurs, mareyeurs et transformatrices des produits halieutiques.

''Nous préférons la sauvegarde de nos ressources halieutiques à tout l'or du monde réuni. Le poisson sénégalais doit profiter aux Sénégalais et non aux étrangers'', a souligné le représentant du Groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal (GAIPES), Adama Lam. ''Nous tenons à ce que des mesures courageuses soient prises pour stopper la pêche illégale qui se mène dans les eaux territoriales sénégalaises depuis trois ans'', a pour sa part indiqué Makhtar Thiam.

Tout en attirant l'attention des autorités étatiques sur le peu de ressources halieutiques qui restent et qui n'arrivent plus à satisfaire la demande des populations sénégalaises en poisson, le président du Collectif national des pêcheurs du Sénégal, Abdoulaye Diop, a exhorté l'État à un arrêt pur et simple de la délivrance des licences de pêche aux bateaux étrangers. Se voulant plus exigeant, son camarade Samba Guèye a invité le gouvernement à la réalisation d'aire maritime protégée et de récifs artificiels, en plus de l'élaboration d'un programme de repos biologique et d'un programme de renforcement de la gestion des ressources halieutiques.

Macky Sall gèle l'octroi de licences de pêche

Prenant la parole, le président de la République a promis d'agir. Devant l'assistance, il a promis d'observer non pas un arrêt total de la délivrance des licences aux bateaux de pêche étrangers, mais plutôt un gel de l'octroi de licences aux unités de pêche industrielle qui ciblent les ressources démersales côtières, en particulier le pélagique.

''C'est une politique que je veux faire observer'', a-t-il soutenu. En plus de cette mesure, le président de la République s'est également engagé à œuvrer pour le renforcement de la recherche halieutique, la construction et la modernisation des équipements des quais de débarquement des produits halieutiques, ainsi que des sites de transformation artisanale.

Mais également l'élaboration de plan d'aménagement qui renforce le système de gestion des pêcheries, la promotion de la cogestion locale des pêcheries à travers des cadres de concertation améliorés, l'amélioration de la gouvernance des pêches ainsi que l'instauration de repos biologique, l'introduction du permis de pêche artisanale, l'immatriculation informatisée des unités de pêche artisanale et l'élaboration de la stratégie nationale de lutte contre la pêche illicite non déclarée et non réglementée. Dans ce cadre, il souligne que ''des moyens importants sont en train d'être mobilisés pour renforcer l'équipement de la marine nationale, afin d’accroître la surveillance des pêches sur l'ensemble du littoral et des eaux territoriales sénégalaises''.

129 navires et 10 455 pirogues

Avec près de 12,5% des recettes d'exploitation du Sénégal en 2011, la pêche occupe la troisième place derrière les produits pétroliers et phosphoriques. Selon le président de la République, ''même si le segment de la production contribue assez faiblement, pour 1,3% du PIB et 17% de la population active, soit près de 600 000 personnes, 492 286 tonnes de poissons sont débarquées en 2011 par une flotte industrielle de 129 navires et une flotte artisanale de 10 455 pirogues''.

Au total, souligne le Chef de l'État, ''les exportations des produits de la pêche s'élèvent à 110 000 tonnes environ, pour une valeur commerciale de plus de 143 milliards F Cfa''. Ce qui lui fait dire que ''la pêche contribue largement à la sécurité alimentaire des populations, avec une consommation de 26 kg par an et par personne''.

Cependant, force est de reconnaître que la pêche traverse une crise sans précédent caractérisée à l'évidence par une surexploitation de la plupart des ressources halieutiques et la présence récurrente dans nos eaux de navires pirates s'adonnant à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. Face à cette situation, le président de la République a marqué toute sa volonté d'inverser la tendance et de tirer un profit optimal du patrimoine halieutique.

ASSANE MBAYE