Publié le 1 Feb 2014 - 19:32
COMMERCIALISATION ARACHIDIÈRE À LOUGA

Un semblant de campagne sur fond de risque de soudure

 

Comme à pareille période de l’année, la devanture de l’usine Suneor de Louga ne grouille pas de monde. La pluviométrie assez déficitaire du dernier hivernage est passée par là. L’arachide ne fait ni travailler ni vivre cette année. En amont des difficultés de commercialisation, une baisse notoire des productions, entraînant des risques de soudure. 

 

«Le département de Linguère a enregistré une bonne production, il y a eu quelques poches dans le Kébémer, et un déficit notoire de pluviométrie pour ce qui concerne Louga», a relevé Oumar Mbengue, le Directeur régional du développement rural (DRDR). Mais il ne peut se faire plus précis, les données chiffrées relatives aux productions 2013 n’étant pas encore disponibles.

Elles ont déjà fait l’objet de collecte sur la base de prévisions, et envoyées à Dakar. Les données officielles sont attendues de la Direction de l’analyse, de la prévision et des statistiques agricoles. N’empêche, le coup d’envoi des opérations pour la commercialisation des arachides est lancé. 

Une vraie-fausse campagne

Si la réception des graines devait commencer vers la fin de la première quinzaine de décembre, elle n’a été effective que depuis le 17 janvier dernier. Et selon Ibrahima Diop, responsable de la réception au niveau de l’usine de Louga, seules 100 tonnes ont été réceptionnées à la date du mercredi 29 janvier. On est alors bien loin du temps où 200 à 250 tonnes de graines étaient réceptionnées par jour.

Expliquant les raisons de ce grand recul, Malick Sow, sous sa double casquette de secrétaire général de la Fédération des associations paysannes de Louga (Fapal) et du Cadre régional de concertation des ruraux (Crcr), ne croit même pas à une campagne de commercialisation. «La région de Louga a un déficit énorme en termes de productions, toutes spéculations confondues (arachide, niébé et mil).

On ne peut pas parler de campagne arachidière pour la région de Louga. Et s’il y en a, ça ne dépasse pas quelques petites poches. Je connais un point au niveau de Darou Mousty où le gars est en train d’acheter des arachides. En dehors de ce point, je n’en vois pas d’autres dans la région. Je peux dire et affirmer qu’ici il n y a pas de campagne de commercialisation».

Des alertes lancées

Ce qui revient à dire que celle-ci ne doit pas occulter les difficultés liées à la faiblesse des productions. Il s’agit aussi de penser aux zones qui sont déficitaires en termes de soudure, de voir comment anticiper ces problèmes pour l’année 2014. «Au plan local, les autorités sont alertées.

La Fapal et le Crcr ont lancé un appel pour que les décideurs à l’échelon national puissent prendre conscience des difficultés de la région de Louga et réagir à temps», indique Malick Sow. «Si rien n’est fait avant le mois de mars, on va vers des difficultés énormes en termes de soudure, de famine ou d’aliments de bétail.»

En tant qu’acteurs, les responsables des organisations paysannes interpellent les autorités, mais parlent aussi aux «partenaires du Nord et à d’autres ONG du Sénégal» afin de pousser le gouvernement à réagir vite, en premier. Déjà, sont attendus das la région des représentants du Programme alimentaire mondial (Pam) et de la Fao, informe le Directeur régional du développement rural, Oumar Mbengue. «Des alertes ont été déjà lancées.»

La Suneor dans l’expectative

En attendant la suite, on se tourne les pouces au niveau de l’usine de la Suneor à Louga. «On est obligé de taper un peu partout comme à Thiès ou Touba pour avoir des graines», reconnaît Ibrahima Diop, même s’il avoue n’avoir pas encore pris connaissance du nombre d'opérateurs agréés et concernés, ni de l’objectif fixé par la société relativement au tonnage global à réceptionner.

La campagne arachidière doit prendre fin au plus tard en fin mars. Et malgré un niveau de réception encore négligeable, il entretient encore un espoir. «Nous avons déjà enregistré beaucoup de retards. D’habitude, à pareille période, on était à huit ou dix mille tonnes. Nous avons des opérateurs fidèles qui se sont manifestés en disant qu’ils vont amener leurs graines. On ne peut que les croire dans l’espoir qu’ils vont tenir parole», se console notre interlocuteur.

Une des particularités de la campagne de cette année tient au fait que les opérateurs ont été aussi agréés pour le volet semences. «Ils achètent les graines qu’ils réceptionnent en attendant de pouvoir vendre à l’Etat. Et là, ils ne considèrent que leurs propres intérêts. Ils peuvent t’envoyer un ou deux camions pour montrer qu’ils sont là, alors qu’ils gardent d’importants quotas qui pourraient nous permettre de bien tourner», s'insurge Moustapha Diouf, assurant l’intérim du Directeur de l’usine en voyage. D'où le fait que l’usine tourne aujourd’hui au ralenti.

Des femmes désemparées

Une situation qui risque aussi, à ses yeux, de bien déteindre sur la qualité des graines à semer. Leur bon traitement est remis en cause. «Ils achètent pour stocker et n’ont pas souvent les moyens que nous avons. Avec nous, c’est au moment de la réception que commence le saupoudrage en bas sur la surface où sont déposées les graines. Une fois le dépôt effectué, on remet ça au-dessus. Ces coques ainsi préservées feront ensuite l’objet d’une fumigation. Celle-ci se fait sur la base de comprimés, c’est différent de la poudre», explique t-il.

Pour être distribuées ensuite comme «semences de qualité certifiées et prêtes à l’emploi», les graines sont décortiquées et sélectionnées. Cette dernière étape est prise en charge d’habitude par un nombre impressionnant de femmes pour qui la campagne arachidière était une véritable opportunité. Aujourd’hui, c’est tout ce monde qui attend que la situation se décante pour tirer profit du bon fonctionnement de l’usine.

«C’est du social que nous faisons. Chaque fin de mois, nous injectons beaucoup d’argent. On a environ dix à onze centres dans les villages environnants comme Dagathie, Keur Mbarrick, Kébé Ndeukteu. Quand on fonctionne, les femmes y gagnent leur pain. C’est dire qu’aujourd’hui nous vivons tous dans des difficultés», renseigne M.Diouf.

MOUSTAPHA SECK (CORRESPONDANCE PARTICULIÈRE)

 

 

 

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