L'Union Européenne dénonce les lenteurs dans sa mise en œuvre
C'est peut-être un petit miroir du Plan Sénégal Emergent (PSE) que la chef de la Délégation de l'Union européenne a brisé hier, en déplorant les lenteurs et l'inefficacité de la prise en charge du projet d'appui à la modernisation de l'état-civil qui peine à absorber les crédits mis à disposition depuis septembre 2012.
Le projet d'appui à la modernisation de l’état-civil du Sénégal (PAMEC) a été lancé hier. Il est conçu pour relever le défi majeur d'un «système d'enregistrement des faits d’état-civil déficient et peu fiable en terme de sécurisation». Son financement est à hauteur de 5 millions d'euros (soit 3,3 milliards F Cfa) par l'Union Européenne (UE), pour une durée de quatre ans.
Mais à la cérémonie d'hier, la chef de Délégation de l'UE au Sénégal, Dominique Dellicour, a dénoncé la lenteur par rapport à la mise en œuvre du projet alors que la signature de la convention de financement a eu lieu depuis septembre 2012.
«Le projet n'a démarré que 10 mois plus tard, en août 2013, suite à la signature du premier devis-programme établissant un programme opérationnel de travail de 18 mois. Nous restons préoccupée par le rythme d'exécution des activités prévues dans le projet et dans ce devis-programme», a déclaré Mme Dellicour.
A l'en croire, une grande partie des activités prévues pour la période allant d'août 2013 à janvier 2014 n'ont pu être réalisées. Cela concerne «les activités liées à la révision des textes, à la définition des mécanismes de collaboration entre les différents acteurs, à la réalisation de l'étude diagnostic (..).» Même si certaines tâches ont été entamées, a reconnu l'ambassadeur de l'Union européenne, «force est de constater que ce rythme d'exécution ne permettra pas d'atteindre les résultats escomptés d'ici la fin du devis-programme en janvier 2015», a-t-elle déploré.
«Seuls 3% du budget consommés sur un an et demi»
Pour expliquer son pessimisme, Mme Dellicour a noté que seulement 3% du budget total ont été consommés sur une période d'un an et demi et sur un montant de 3,3 milliards de F Cfa. «Je considère donc nécessaire une accélération du rythme. Les divers ministères et départements qui sont parties prenantes du projet devraient contribuer efficacement», a-t-elle dit.
Pour le directeur de cabinet du ministère de l’Aménagement du territoire et des Collectivités locales, dans un travail, il y a le temps de la réflexion, de l'organisation et celui de l'action. «Peut-être avons-nous été lents dans la préparation, parce qu'aussi c'est un projet complexe qui demande la participation de plusieurs acteurs qui, souvent, ne sont pas dans le même secteur, et ministères. Il faut faire aussi un arrangement... Nous allons accélérer la cadence», a promis Abdoulaye Faye. Qui a reconnu néanmoins que le système d’état-civil n'a pas encore produit les effets attendus pour notre pays.
Viviane DIATTA
État-civil, l'avertissement au PSE Les propos du chef de la Délégation de l'Union européenne sur les dysfonctionnements notables accumulés par le Projet d'appui à la modernisation de l'état-civil devraient être extrêmement pris au sérieux par les autorités sénégalaises. Alors que l'euphorie du Plan Sénégal Emergent validé par les partenaires techniques et financiers du Sénégal tombe à peine, les impairs listés par Dominique Dellicour sonnent comme un avertissement sans frais contre ce qui est à redouter : l'incapacité de certains services de l'Etat à exécuter un projet dans un laps de temps encadré, avec effet qualitatif comme valeur ajoutée. Il faudrait remercier l'ambassadeur de l'UE d'avoir attiré l'attention des autorités sur ce cas là, parce que, dans la dynamique des projets retenus dans le PSE, des scénarios à peu près identiques vont se présenter : exécuter des projets en temps et en heure, avec brillance, efficacité, et efficience, sous peine de devoir constater l'échec. Absorber seulement 3% des financements disponibles en dix-huit mois n'est pas le meilleur moyen de se préparer à soutenir des projets autrement plus compliqués et exigeants que la modernisation de l'état-civil... MOMAR DIENG |