ABUS DE CONFIANCE PORTANT SUR PRÈS DE 75 MILLIONS
Le médecin français, la maîtresse et la maman
Un médecin français a traîné à la barre son ex-copine et la mère de celle-ci. Elles sont poursuivies pour association de malfaiteurs, abus de confiance et escroquerie.
Pendant neuf ans, les amants J. M. Biau et Y. F. Sène, bien qu’étant tous les deux dans les liens du mariage, vivaient le parfait amour. Le médecin français ne cessait de couver de cadeaux le mannequin et hôtesse de l’air sénégalaise naturalisée française. Il offrait à sa maîtresse des vacances dorées aux USA et dans plusieurs pays d’Europe.
Toutefois, cet amour né en 2002, dans une boîte de nuit de Paris où le mannequin officiait comme strip-teaseuse s’est terminé en eau de boudin en 2013. Les deux ex-amants projetant de se marier en sont arrivés à solder leurs comptes devant le tribunal correctionnel de Dakar. Même la mère de la jeune fille, R. Niang, a subi les dommages collatéraux de ce dépit amoureux. Elle a passé près de huit mois en prison, avant de bénéficier d’une liberté provisoire.
La maison et le bébé mort-né
Hier, elle était seule à faire face au plaignant et au tribunal. Car, sa fille a fait défaut. La dame répondait des délits d’association de malfaiteurs, d’abus de confiance et de complicité d’escroquerie. Dans sa déposition, J. M. Biau a expliqué avoir versé la somme de 120 000 euros, 78 millions 714 mille 840 francs Cfa environ pour l’achat d’une maison.
Mais à sa grande surprise, son ex-maîtresse avait, avec la complicité de sa mère, muté la maison à son nom propre. La dame a contesté cette accusation, en affirmant que le plaignant avait acheté la maison pour le compte de sa fille. ‘’Quand ils sont repartis en France, après des vacances passées au Sénégal, ma fille m’a appelée pour me demander le numéro de mon compte bancaire, car J. M. voulait lui acheter une maison’’, a raconté la dame.
La suite dit-elle : ‘’Ma fille est revenue au Sénégal et a fini par acheter un terrain à la cité Gorgui, après avoir vainement cherché à acquérir une maison à Sacré-Cœur. Précisant que seuls 52 000 euros, soit 34 millions 109 mille 764 francs Cfa ont transité dans son compte, la dame a juré la main sur le cœur n’avoir détourné aucun centime du plaignant. ‘’Je ne lui ai jamais rien demandé et il ne m’a pas offert un centime’’, s’est défendue la dame.
J. M. Biau a persisté dans ses accusations, arguant qu’en plus de l’abus de confiance, Y. F. Sène l’a escroqué. ‘’En 2010, elle m’a dit qu’elle était enceinte, par la suite elle m’a réclamé 5 000 euros pour les besoins de la dépouille du supposé bébé qui serait mort’’, a accusé le plaignant. Pour étayer ses propos, M. Biau a laissé entendre que son ex-maîtresse s’est même engagée à lui rembourser, en signant une reconnaissance de dette. ‘’Je n’ai jamais été au courant d’une quelconque grossesse de ma fille, ni de cette supposée reconnaissance de lettre’’, a réfuté la mère.
Devant ces accusations, le président a lancé au plaignant : ‘’Est-ce que vous ne lui faisiez pas toutes ses largesses, parce que vous étiez amoureux ?’’ M. Biau de lui répondre : ‘’Amoureux, mais pas naïf.’’ Quoi qu’il en soit, son conseil Me Adnan Yakhya a réclamé à la mère et à la fille des dommages et intérêts d’un montant de 200 millions de francs Cfa. L’avocat a aussi demandé au tribunal de confirmer la mesure conservatoire prise par la justice concernant la maison litigieuse.
La défense réclame des dommages pour citation abusive
Le représentant du parquet a estimé pour sa part que ce dossier est truffé de zones d’ombre. Ainsi le substitut Moussa Thiam a demandé la relaxe des prévenues. La défense a demandé au tribunal de suivre le réquisitoire du parquet. ‘’C’est un amant cocu qui veut se venger’’, a asséné Me Ousmane Sèye, tout en reprochant au plaignant de manquer d’élégance.
Son confrère Me Assane Seck a abondé dans le même, en arguant que la partie civile a initié cette procédure, parce que Y. F. Sène l’a quitté pour se remarier avec son mari irlandais. C’est pourquoi Me Bruce Benoît a réclamé 100 millions de dommages et intérêts pour citation abusive. Délibéré le 8 mai prochain.
FATOU SY
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