Publié le 8 Jul 2014 - 06:27
POLITIQUE

Macky Sall manœuvre au coeur du Pds

 

Il n’y a jamais de répit en politique. Moustapha Diakhaté, le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar, majoritaire, a discrètement rencontré l’ancien président, Abdoulaye Wade, il y a quelques jours, de sources béton. La rencontre, tenue secrète, a eu lieu à Fann-Résidence, précise notre source. Une politique de débauchage à grande échelle se prépare. Moustapha Diakhaté, contacté par nos soins, confirme la rencontre mais ajoute qu’il s’y est rendu de son ‘’propre gré’’ sans instruction présidentielle.

‘’Je n’ai été envoyé par personne’’, confie-t-il au téléphone. Mais ce n’est là qu’une hirondelle. Car, sitôt retombée la poussière née des locales et le nouveau gouvernement formé, le palais a compris qu’il fallait s’ouvrir, au regard de la situation au sein de l’Apr, surtout de ses performances électorales qui ont permis à Macky Sall de savoir que le temps n’est pas clément. Ainsi, une grande offensive de charme a été lancée en direction de hauts responsables du Pds et de partis de l’opposition, en particulier Rewmi et l’Union des centristes du Sénégal, du futur maire de Ziguinchor, Abdoulaye Baldé.

Fada, au cœur des tractations

Mais le premier acte de cette offensive de charme est sans conteste « l’opération Modou Diagne Fada ». Le président du groupe parlementaire libéral est courtisé. De manière indéniable, Macky Sall gagnerait à l’avoir à ses côtés. L’homme, un des poids lourds du Pds, contrôle le département de Kébémer qu’il a fait revenir dans le giron libéral.

Lors des dernières élections locales, sa liste a remporté le scrutin avec plus de 3500 voix d’avance, alors que lors des dernières législatives, la Coalition Sopi n’avait gagné que de mille voix. Mieux, Modou Diagne Fada, ancien ministre, est influent en pays mouride, là où Macky Sall n’est pas tranquille,  pour ne pas dire plus. Et dans le cadre de la course pour la succession de Me Wade à la tête du Pds, le dernier scrutin l’a mis en position de force face à Oumar Sarr, le coordonnateur national de la formation libérale, qui a perdu le département de Dagana, se contentant de la commune.

Mamadou Lamine Keïta

Les autres cibles du palais sont l’ancien ministre de La jeunesse, Mamadou Lamine Keïta, ancien patron des jeunes du Pds, victorieux à Bignona et contrôlant quasiment tout son département. Ce dernier a été reçu au Palais, il y a quelques mois, dans la plus grande discrétion avec quelques autres responsables du Pds. Mais le gros dossier de l’opération est le cas Abdoulaye Baldé, qui est devenu le patron incontesté de la région de Ziguinchor. Macky Sall tient à un rapprochement avec l’ancien ministre d’Etat, car les urnes ont parlé.

Abdoulaye Baldé ne peut être ignoré, puisqu’il a fini de démontrer qu’il constitue une sérieuse menace dans la perspective de la présidentielle de  2017. Le hic est l’affaire de la traque des biens mal acquis. Abdoulaye Baldé, ancien directeur exécutif de l’Anoci (Agence pour l’organisation de la Conférence islamique) fait partie des dignitaires de l’ancien régime interdits de sortie du territoire et il est dans le collimateur de la Cour de répression de l’enrichissement illicite.

Aïda Mbodj

Autre figure libérale courtisée, le député et ancien ministre, Mme Aïda Mbodj, « reine » dans le département de Bambey, avec, elle aussi, son influence dans certains cercles maraboutiques à Touba. Lors des dernières élections, elle a fait mordre la poussière à l’ancien ministre Mor Ngom (défénestré du gouvernement lors du dernier remaniement), à son frère, le député Pape Mbodj et à Pape Diouf, désormais ex-ministre, du fait de sa défaite. Aïda Mbodj contrôle désormais le département et la commune de Bambey.

Mais comment les alliés de Macky Sall au sein de « Benno » vont-ils prendre cette opération de séduction de l’Apr en direction de ces ténors de l’opposition ? « On a vu ce que pèse chacun et on est à trois ans des élections », souligne un haut responsable de l’ Apr, parlant des possibilités de friction avec les alliés regroupés au sein de « Benno ». Ça va bouger.

 

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