Publié le 19 Jul 2014 - 13:34
EN PRIVE AVEC CHEIKH BOU DIOP

 ‘’Ce qui me lie aux jeunes…’’

 

Cheikh Bou Diop est l’un des chantres du Prophète les plus cotés actuellement sur le marché. Il fait le plein lors de ses soirées religieuses. Une vidéo de l’une de celles-ci lui a valu d’ailleurs de prendre part à la dernière édition du Marché des arts et du spectacle africain tenu en Côte d’Ivoire en mars 2014. Dans cet entretien accordé à EnQuête, il revient sur sa passion pour le chant religieux, son métier et ses rapports avec les jeunes qui constituent en majorité son public.
 
 
Qu’est-ce qui vous a mené aux chants religieux ?
 
C’est un héritage que je suis en train d’entretenir. Mon père s’illustrait dans ce domaine. Mais il faut dire que j’ai toujours nourri une grande passion pour les chants religieux. Ce qui est extraordinaire, mon homonyme est mon guide spirituel. Je n’ai pas eu la chance de le rencontrer, vu qu’il est décédé en 1914. Je suis béat d’admiration pour lui. Ce qui est normal, quand on voue un grand amour au Prophète Mouhamad (PSL) et aux érudits. 
 
Vous avez les atouts d’un bon mbalaxman, vous êtes jeune, vous avez la voix. Cela ne vous a jamais tenté de vous lancer dans la musique ?
 
Je me glorifie de ma profession : chantre du Prophète Mouhamad (PSL). Je ne trouve pas de métier plus noble que cela. On acquiert des secrets ésotériques et on dégage une certaine lumière divine. Il n’y a rien de  plus merveilleux que d’intégrer le cercle des âmes apaisées. J’ai la ferme conviction qu’on ne doit chanter que les louanges du Prophète (PSL) et des saints qui ont marché sur ses pas. Chacun est maintenant libre de choisir sa voie.
 
Je pense que ceux qui chantent le Prophète (PSL) ont été choisis par Dieu. D’ailleurs selon un hadith : ‘’quiconque dédie sincèrement une chanson au Prophète (PSL) sera comblé de bienfaits au Paradis’’. Je pense également que la conscience est une voix intérieure qui nous conduit vers la vérité. Elle nous oriente également dans nos choix. L’humain est libre de choisir entre les plaisirs éphémères de cette vie et la rétribution de l’Au-delà. Ma porte pour accéder au Prophète (PSL), c’est mon marabout Cheikh Bou Kounta.
 
Je lui suis redevable de mon succès. Si, aujourd’hui,  j’ai un public, c’est grâce à lui. Quand je chante, mon public, formé en majorité de jeunes, reprend tout ce que je dis et il assure souvent les chœurs. C’est réconfortant. Je rends grâce à Dieu d’avoir pu mettre des jeunes sur le sentier de la vertu. La plupart des jeunes qui assistent à mes soirées religieuses fréquentaient les boîtes de nuit. Ils ont tourné cette page.  
 
Comment avez-vous réussi à vous imposer, surtout chez les jeunes ?
 
Comme je vous l’ai dit, moi je n’y suis pour rien. Tout ce que je réussis, c’est grâce à mon marabout. L’adage dit : ‘’il faut que jeunesse se passe’’. J’exhorte, pour ma part, les jeunes à de la hauteur, à la vertu et à l'éthique. Dieu a dit : ‘’confiez-Moi votre jeunesse et Je M’occuperai de votre vieillesse’’. Aujourd’hui, mes jeunes admirateurs sont plus passionnés que moi. Je sens la main divine dans les actes que je pose au quotidien.
 
Je sens qu’Il me prête toujours main-forte et je ne peux que Lui rendre grâce. C’est pourquoi je suis convaincu que la religion peut servir, pour les jeunes, de viatique pour une réussite multiforme. Ils gagneraient aussi à s’abreuver aux sources des personnes âgées et autres savants bienfaisants, qui ont beaucoup à nous apporter.
 
Vous n’êtes pas sans savoir que toute société a besoin de ces deux composantes pour aller de l’avant. Ce que je vis là est réel en moi et Dieu le sait. Mon public répond toujours présent. Lors de la célébration, dimanche dernier, du centenaire du décès de Cheikh Bou Kounta, à Ndiassane, on a dénombré plus de 3000 personnes sur les lieux. C’était sous la bénédiction du Khalife général qui tient sur ses 90 ans. Il nous a accompagnés dans tout ce que l’on fait. 
 
Ce travail n’est-il pas trop lourd pour vous ?
 
Les gens pensent que ce travail est lourd pour un jeune comme moi. Mais cela ne l’est pas quand on bénéficie de soutien. Quand j’écris une chanson sur Cheikh Bou, je ne transpire pas. L’inspiration vient facilement. Chacun est libre de choisir sa voie. Moi, je crois en celle que j’ai choisie.
 
D’ailleurs, j’ai été choisi, cette année, par l’Organisation internationale de la Francophonie pour représenter l’islam au Marché africain des arts du spectacle (ndlr MASA tenu en Côte d’Ivoire en 2014). J’ai ouvert les festivités devant le secrétaire général de la Francophonie. Le public qui n’était pas uniquement composé de musulmans a gratifié d’une salve d’applaudissements. C’est divin, on est sous l’emprise d’une force intérieure qui nous fortifie. 
 
Le ramadan tire presque à sa fin, quel a été votre programme durant ce mois béni ?
 
Je ne me repose presque pas. Je ne marque de pause qu’une fois par semaine. Je me produis chaque soir avec des spectacles de 4 heures. C’est plus éprouvant que ce que font les musiciens, car je me produis partout dans le Sénégal.  Les médias n’accordent pas grand intérêt à notre genre, mais il faut souligner qu’on draine un grand public. Les populations allaient apprécier s’ils prenaient la peine de nous suivre. Le combat qui me tient à cœur, c’est d’attirer le maximum de personnes vers l’islam. Je fais partie de la tarikha khadriya.
 
C’est le Prophète Mouhamad (PSL) qui l’a léguée à son jeune frère Seydina Aliou. Aujourd’hui, nous en sommes les héritiers ; donc la khadriya, c’est l’islam. D’ailleurs, des disciples de Serigne Touba, de Cheikh Ibrahima Niass ou encore de Seydina Limamou m’invitent souvent. On ne fait que fortifier les liens déjà tissés par nos guides et marabouts. C’est avec plaisir que je m’inscris dans cette dynamique.
 
A part les chants religieux que faites-vous d’autre dans la vie ?
 
Je me réfère toujours aux enseignements de l’islam. Dieu a recommandé au Prophète (PSL) ‘’le sens de l’humilité pour éviter que des disciples ne lui tournent le dos’’. Si Dieu fait une telle invite au sceau des prophètes, nous autres simples musulmans devrions en tirer des enseignements. Ce qui n’épargne pas notre Prophète ne m’épargnera pas. Quand je vois des gens crier ou tomber en transe, j’ai peur. On gagne tout dans la modestie et dans l’humilité. 
 
 Je ne fais rien d’autre que chanter le Prophète (PSL). Pendant le mois de ramadan et après, si j’arrive à me reposer un seul jour au cours de la semaine, c’est de la chance. Je preste presque 7 jours sur 7. Je dors la journée et le soir je me consacre à mon travail. 
 
BIGUE BOB
 

 

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