Boko Haram enlève à nouveau 60 femmes
Malgré l'accord d'un cessez-le-feu annoncé par les autorités le 17 octobre, les enlèvements de Boko Haram continuent au Nigeria. Selon plusieurs témoignages d'habitants, environ 60 femmes ont été enlevées samedi autour de Chibok, dans les villes de Wagga et de Gwarta.
A Wagga, des islamistes armés sont passés de maison en maison, et ont emmené 40 jeunes filles, ont rapporté des témoins. Les assaillants «ont laissé 1500 nairas (7 euros) et des noix de cola dans chacune des maisons où ils ont enlevé des femmes, comme dot», a déclaré Lazarus Baushe, un des anciens de Wagga.
Le pasteur Enoch Mark, père et oncle d'otages de Chibok, qui a longtemps travaillé à Wagga et y a conservé des contacts, a confirmé que 40 femmes avaient été enlevées dans cette ville. Des habitants de la ville de Gwarta, dans la même région, ont aussi fait état du kidnapping, ce week-end, de 20 femmes et jeunes filles, mais aucun détail supplémentaire n'a pu être obtenu pour le moment. La vérification des informations sur les violences dans le Nord-Est est extrêmement complexe, à cause des liaisons téléphoniques difficiles et des déplacements presque impossibles.
Cette information a suscité l'indignation de Valérie Trierweiler qui a fait de la cause des lycéennes enlevées par Boko Harm un combat personnel.
Cette inquiétude de la part de l'ex-première rejoint le point de vue des officiels nigérians. Le porte-parole des services de sécurité, Mike Omeri, a ainsi affirmé qu'aucun accord n'avait encore été conclu pour la libération des lycéennes.
Des villages détruits et désertés
L'armée et la présidence nigérianes avaient annoncé le 17 octobre avoir conclu un accord avec le groupe islamiste armé, prévoyant notamment la libération des 219 jeunes filles de Chibok toujours portées disparues. Mais un cafouillage s'en était suivi. Le cessez-le-feu n'a pas été confirmé par le chef du groupe, Abubakar Shekau, et sa réalité a été mise en doute au cours du week-end par les témoignages de nouvelles violences.
Tout autour de Chibok, «la plupart des villages ont été détruits et désertés», ces derniers mois, raconte Usman Peter, le père d'une des lycéennes. A Chibok, où plusieurs proches des victimes sont morts, depuis le drame, de crises cardiaques, notamment, causées par le stress et le chagrin, le lycée public pour jeunes filles d'où les adolescentes ont été extraites de leur dortoir par Boko Haram, le 14 avril au soir, est toujours en ruines.
Le gouvernement nigérian avait pourtant promis d'aider à reconstruire ce lycée. L'ancien Premier Ministre Gordon Brown, aujourd'hui émissaire des Nations unies pour l'éducation, s'était lui aussi engagé à apporter son soutien, via le plan de l'ONU pour la sécurité des écoles. Mais six mois plus tard, les habitants de Chibok n'ont reçu aucune aide et l'école est fermée.
(leparisien.fr)