L’avenir de la CEDEAO en question
Depuis 2002, les négociations sur les APE se poursuivent. Et les Etats de l’Afrique de l’Ouest restent toujours divisés sur leur contenu, bloquant ainsi leur mise en œuvre. Hier, une rencontre sous-régionale s’est tenue à Dakar pour échanger sur le contenu des APE et évaluer leurs impacts sur l’économie de la sous-région.
Voilà plus d’une dizaine d’années que l’Union européenne (UE) et l’Afrique de l’ouest négocient sans succès sur les accords de partenariat économique (APE). Certains pays, à l’instar du Nigeria, ont émis des réserves sur le contenu de ces accords. Après la mise en place d’un comité technique pour rapprocher les positions, les Chefs d’Etats de la CEDEAO ont officiellement approuvé l’accord paraphé le 10 juillet dernier à Accra et ont ouvert la voie vers la signature, la ratification et la mise en œuvre dudit accord. Une rencontre de dialogue régional multi-acteurs s’est tenue hier à Dakar pour échanger sur le contenu de ces accords commerciaux. Les acteurs ont discuté autour du thème : l’APE, les politiques sectorielles régionales et le développement en Afrique de l’ouest : menace ou opportunité ?
Cette rencontre sous-régionale vise à renforcer les interactions entre les différents acteurs pour ressortir les enjeux potentiels et les défis de la mise en œuvre des APE sur les politiques d’intégration et de développement en Afrique de l’Ouest. Pour le Directeur Enda CACID, Dr Cheikh Tidiane Dièye, c’est un débat qu’il ne faut pas avoir peur de poser. ‘’Il faut de l’expertise et avoir un système très ouvert pour pouvoir prendre de très bonnes décisions’’, a-t-il souligné. Après la mise en œuvre de l’APE en 2007 sur les Caraïbes, a expliqué le Dr, l’UE n’avait pas respecté beaucoup de ses engagements, notamment en matière d’appui financier et de facilitation de la circulation des personnes. ‘’Nous devons apprendre de tout ça et porter les informations aux acteurs, aux parlementaires pour analyser la situation avant de décider d’un quelconque engagement’’, a indiqué le membre du comité régional des négociations de l’APE.
Aux yeux du commissaire en charge de l’industrie et du secteur privé, Kalilou Traoré, les opportunités et les menaces sur les APE sont importantes. Elles ne peuvent cependant être maîtrisées, a-t-il estimé, que si l’on considère les APE non pas comme une fin en soi mais comme un élément d’une politique plus ambitieuse. Selon le responsable de la commission CEDEAO, cela pourra faire de l’espace communautaire une zone créatrice de forte valeur ajoutée capable de sortir du marasme économique.
Partenariat ‘’gagnant gagnant’’
L’agriculture est aussi un secteur clé qu’il ne faut pas négliger dans ces accords commerciaux. Aux dires du commissaire en charge de l’agriculture, CEDEAO, Marc Atouga, il est nécessaire de développer le secteur afin d’accroître la production. Toujours à l’en croire, les secteurs secondaire et tertiaire restent encore sous développés en Afrique de l’Ouest alors que l’espace compte plus de 300 millions de personnes. ‘’Il faut qu’on s’occupe du secteur primaire qui est le premier employeur dans la sous-région’’, a estimé M. Atouga tout en insistant sur la nécessité d’un partenariat ‘’gagnant gagnant’’.
MAMADOU DIALLO (Stagiaire)