« La CPI doit améliorer sa crédibilité pour être universelle »

En visite au Sénégal, le procureur adjoint à la Cour pénale internationale (CPI) a rencontré la presse hier, dans les locaux du ministère de la Justice. M. James Kirkpatrick Stewart a étalé les nouveaux chantiers de cette juridiction internationale qui, selon lui, doit améliorer sa crédibilité.
« La Cour pénale internationale a été instituée pour juger les dirigeants africains uniquement. Elle n’est pas universelle ». Ce sont les principaux reproches faits à cette juridiction internationale chargée de juger les crimes de guerre, de génocide, lorsque les Etats sont défaillants. Le procureur adjoint à la CPI qui rencontrait la presse hier, à l’issue d’une audience avec le ministre de la Justice Me Sidiki Kaba, s’est inscrit en faux contre ce jugement porté à l’endroit de la juridiction pénale internationale.
James Kirkpatrick Stewart a laissé entendre que «c’est une impression erronée que de penser que la CPI et l’Afrique seraient en position d’adversaires au lieu de leur position naturelle de partenaires ». Par rapport à la critique sur la non-universalité de la CPI, le procureur adjoint a rétorqué que c’est aux Etats parties de faire le travail. Le procureur Stewart pense que les Etats devraient commencer à améliorer la crédibilité de la juridiction. « La CPI est à ses débuts, donc il faut commencer quelque chose », a-t-il soutenu.
Le pari de « l’efficacité » et de « l’efficience »
Au-delà de sa crédibilité, la CPI reste préoccupée par « l’efficacité » et « l’efficience ». C’est pourquoi, selon le procureur, leur Bureau s’évertue à mettre en œuvre des mesures en vue d’améliorer la qualité des enquêtes et des poursuites. Parmi ces mesures, il y a la diversification des sources, la nature des éléments de preuves. Selon le procureur Stewart, la CPI veut aussi recourir à des procédés d’enquête plus sophistiqués. «Nous pensons que cette stratégie nouvelle nous permettra de renforcer le cycle de confiance avec les Etats parties », a ajouté l’adjoint de Fatou Bensouda. Il a souligné que ces mesures permettront aussi d’améliorer la qualité des résultats afin de mettre fin à l’impunité.
Sur un autre volet, le procureur a déploré l’absence de coopération dans certains cas. « Les Etats parties sont obligés de coopérer, mais c’est difficile parfois, car l’espace politique devient étroit », a-t-il fustigé. Toutefois, il a loué « la coopération exemplaire » entre le Sénégal et la CPI. Parce que, dit-il : « Cette coopération est essentielle pour la réussite des activités du Bureau du Procureur et de la Cour toute entière ».
Le Procureur adjoint d’ajouter que « ce partenariat avec l’Afrique et avec tous les Etats parties est d’autant plus essentiel que les demandes d’intervention de la Cour dans de nombreuses situations ne cessent d’affluer et que nos activités d’enquête et de poursuites se multiplient ». Comme preuve de ces avancées, il a donné l’exemple de la condamnation de Germain Katanga, un ex-chef de milice en RDC, condamné à 12 ans pour sa complicité dans la destruction, en février 2003, d'un village du nord-est de son pays. Les deux nouvelles enquêtes concernant le conflit interreligieux en république Centrafricaine, mais aussi les nouvelles analyses préliminaires concernant l’Irak et l’Ukraine. Le procureur Stewart se réjouit également que la CPI est en train de préparer cinq procès pour l’année prochaine.
FATOU SY