Publié le 20 Oct 2015 - 23:03
HENRY MARCELLIN DZOUMA-NGUELET SUR LE REFERENDUM AU CONGO BRAZZAVILLE

‘’Le changement de Constitution n’est pas un coup d’Etat mais une nécessité’’

 

A une semaine de la tenue du référendum constitutionnel au Congo Brazzaville, les partisans du président Denis Sassou-Nguesso favorables à l’adoption d’une nouvelle Constitution ont organisé hier une rencontre pour justifier l’opportunité d’un changement constitutionnel.

 

Les Congolais se prononcent, le 25 octobre prochain, sur l’adoption ou non d’une nouvelle Constitution. Des ressortissants du Congo Brazzaville favorables au changement constitutionnel ont organisé hier une conférence à l’Ucad II pour tenter de justifier l’opportunité de ce référendum. Cette rencontre a porté sur le thème : réflexion sur les changements constitutionnels en Afrique : le cas du Congo Brazzaville. Selon le professeur de Droit public à l’université Marien Ngouabi, Henry-Marcellin Dzouma-Nguelet, l’adoption d’une nouvelle constitution s’explique par une opportunité juridique. ‘’Le changement de Constitution au Congo n’est pas un coup d’Etat, mais plutôt une nécessité. Cette nécessité est admise par le droit, dans le contexte congolais. Il y a une possibilité juridique qui permet à un Etat de changer de Constitution’’, a soutenu l’enseignant chercheur.

A ses yeux, ce changement est une aspiration du peuple congolais pour adapter la loi fondamentale aux circonstances changeantes. ‘’C’est le pouvoir constituant originaire qui est chargé d’élaborer la Constitution. Ce pouvoir peut tout faire, parce que les constitutions ne sont pas des tentes dressées pour le sommet des individus. Les constitutions évoluent avec le temps’’, a-t-il ajouté. Rejetant toute idée de donner la possibilité à l’actuel président congolais Denis Sassou-Nguesso de briguer un nouveau mandat en 2016, le conférencier pense que l’adoption d’une nouvelle Constitution vise plutôt à renforcer l’Etat de droit.

 ‘’Ce n’est pas pour pérenniser un individu. L’élection présidentielle aura lieu en 2016. Le président ne s’est pas encore décidé à se représenter’’, a indiqué le juriste, avant de déplorer une politisation du référendum par l’opposition. Pour le professeur de Droit, la question de la limitation de mandat et de l’âge par la Constitution ne peut pas remettre en cause la légitimité politique et démocratique d’un dirigeant. Pour preuve, M. Enry-Nguelet cite l’exemple de l’Allemagne, de la Grande Bretagne et de l’Espagne où, selon lui, des Premiers ministres ont été reconduits plus de deux fois au pouvoir par le peuple. ‘’La limitation de mandat est très discutable’’, a-t-il soutenu.

A son avis, cette clause peut être ‘’illégitime’’ et ‘’antidémocratique’’, parce qu’elle prive le peuple de la possibilité de se prononcer. ‘’La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par l’intermédiaire de ses représentants ou par référendum’’, a déclaré le constitutionnaliste. 

MAMADOU DIALLO

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