Macky Sall, ou la magie de diviser
Après avoir réussi à semer la zizanie chez ses alliés du Parti socialiste et l’Alliance des forces de progrès, le chef de l’Etat est sur le point de diviser son opposition.
Le président de la République serait-il en train de réduire les autres formations politiques à leur plus simple expression ? Pourtant, Macky Sall a accédé au pouvoir avec 65% du suffrage grâce au soutien d’une large coalition. Mais au cours des années, le Président de l’Alliance pour la République (Apr) a fini par créer des dissensions aussi bien dans les rangs de ses alliées que dans ceux de l’opposition. A l’Alliance des forces du progrès (Afp), l’ex-numéro 2, Malick Gackou, a quitté le parti avec certains de ses camarades à cause de la décision de Moustapha Niasse de surseoir à la candidature du parti à la prochaine présidentielle et de soutenir celle de Macky Sall. Une séparation qui a affaibli cette formation politique au profit du chef de l’Etat.
Après l’Afp, c’est au tour du Parti socialiste (Ps) de connaître un début de rébellion à l’interne à cause du désir de ‘’jeunes loups’’ qui réclament une candidature de Khalifa Sall à la prochaine présidentielle. Pour preuve, pendant que Macky Sall appelait à des concertations nationales, certains responsables du parti socialiste à Dakar organisaient un meeting devant la mairie de Baobab-Mermoz-Sacrée Cœur. Barthélémy Dias avait profité de l’occasion pour faire savoir que ce dialogue ne pouvait aucunement les intéresser car le moment choisi n’était pas propice. Une assertion qui contraste avec la décision de son parti qui a été représenté à ces concertations par son Secrétaire général OTD.
Cette tentative de dissension des alliés par le parti au pouvoir se répercute aujourd’hui dans les rangs de l’opposition. Pour faire face au régime de Macky Sall, le Parti démocratique sénégalais et ses alliés avaient mis sur pied un cadre compact dénommé Front patriotique pour la défense de la République (Fpdr). Un Front qui évoluera plus tard et deviendra la coalition Gor Ca wax Ja pour le triomphe du NON au dernier référendum. Seulement, l’appel au dialogue n’a pas eu une réponse unanime dans cette coalition qui englobe le Rewmi de Idrissa Seck, l’Union des centristes du Sénégal (Ucs) de Abdoulaye Baldé, le Front pour le socialisme et la démocratie/Benno Jubël (FSD/BJ) de Cheikh Bamba Dièye, le Parti démocratique sénégalais (Pds) de Abdoulaye Wade, le Grand parti (Gp) de Malick Gackou, la coalition démocratique Bokk Gis-Gis de Pape Diop… Contre toute attente, le Pds a favorablement répondu à l’invitation. Une décision qui n’a pas été sans conséquence chez les Bleus car la dernière réunion du comité directeur de ce vendredi a révélé des récalcitrants. Ces derniers ont fustigé la position du parti par rapport à ce dialogue.
Samedi dernier, différents participants au dialogue national à l’instar de Me El hadji Diouf ont plaidé la libération de Karim Wade. Une raison de plus pour le Pds de prendre part à ces concertations. A côté des Libéraux, le parti de Abdoulaye Baldé et celui de Cheikh Bamba Dièye, ont tous été présents ce samedi au palais de la République. Mais certains leaders comme Idrissa Seck, Pape Diop et Malick Gackou n’ont accordé aucun crédit à cet appel. Tous, ils estiment que les ‘’conditions ne sont pas réunies pour un dialogue franc et inclusivement tourné vers la satisfaction des besoins fondamentaux du peuple sénégalais dans tous les domaines croisés’’.
Malgré certaines observations, des leaders de l’opposition ont tenu à honorer de leur présence la cérémonie d’ouverture du dialogue national. Reste à savoir si leurs préoccupations seront prises en compte ou si Macky Sall réussira à avoir sous son contrôle une partie de l’opposition comme ce fut déjà le cas avec ses alliées de Benno Bokk Yaakaar.
HABIBATOU TRAORE